Les Misérables de Ladj Ly
de Ladj Ly avec Damien Bonnard, Alexis Manenti, Djebril Didier Zonga
Le sujet : Les Misérables de Ladj Ly
Stéphane intègre la Brigade Anti-Criminalité de Montfermeil, dans le 93. Il fait la rencontre de ses nouveaux coéquipiers et découvre les tensions entre les différents groupes du quartier. Alors qu’ils se trouvent débordés lors d’une interpellation, un drone filme leurs moindres faits et gestes…
Mon avis sur Les Misérables de Ladj Ly
Les Misérables de Ladj Ly : nombreux sont déjà les films qui traitaient de la banlieue et surtout des cités : du plus réaliste ” Etat des Lieux” de J-François Richet en 1994 à ” La Haine” de Kassovitz en 1995 en passant par “La Squale” en 2000, ” L’Esquive” d’Abdelatif Kechiche en 2003 et “La cité de Dieu” de Fernandos Meirelles en 2009, jamais aucun n’a analysé, disséqué avec autant d’acuité le phénomène de la vie dans les cités. .
Entre deux cow-boys borderline de la BAC, Stéphane, le petit nouveau, pivot du trio pétri de contradictions, représente l’image d’une Police intègre, respectueuse des citoyens dans ce film coup de poing. Il reflète la complexité d’une situation réelle que nos dirigeants d’hier et d ‘ aujourd’hui n’ont pas réussi à prendre en charge
Sans concession, le réalisateur avec un aplomb et surtout une maîtrise totale, ne cède pas à la spectacularisation de la révolte après une bavure policière, pour mieux la dénoncer comme l’ultime constat d’échec de notre système d’intégration.
Avec un scénario extrêmement brillant qui évite tous les écueils, une mise en scène hyper-efficace, un casting hors normes, une attention au détail comme on en voit peu, des idées à la pelle, des mouvements de caméra inventifs qui diffusent des scènes d’action percutantes avec une tension constante de l’image, ce film d’action réunit à lui seul, tous les ingrédients qui impose Ladj Ly comme un des metteurs en scène les plus prometteurs de son époque.
La manière dont l’histoire se construit et se durcit progressivement est assez exceptionnelle.
Le silence lourd qui s’abat à fin de la projection en dit long sur l’avenir de notre société. A travers cette fiction-réalité, le spectateur passe par toutes les émotions : des images d’ouverture du film qui réunit avec une même ferveur toutes les communautés lors de la victoire de l’équipe de foot de la France au championne du monde jusqu’au final apocalyptique de guerre entre jeunes et policiers dans la cité, nous nous paralysons littéralement sur nos sièges.
Voilà un film d’exception où la fiction côtoie en permanence la réalité. A ne rater sous aucun prétexte !
Gérard SERIE
MA 6-T VA CRACK-ER
25 ans après La Haine de Mathieu Kassovitz et Ma 6-T va cracker de Jean-François Richet, Les Misérables demeure un film coup de poing qui se veut autant un état des lieux qu’un reflet de la réalité. Le long-métrage est parcouru par une tension permanente sans pour autant verser dans le manichéisme. Avec une rare acuité Lady Li dépeint la fameuse fracture sociale chère à Jacques Chirac.
Les Misérables demeure un film également important, car il témoigne de l’inaction aux politiques, des tensions internes au sein des forces de l’ordre, la stagnation des élites pour tenter de résoudre une situation qui perdure depuis les émeutes de 2005.
Le cinéaste ne s’embarrasse pas de précautions et nous plonge dans un univers où la violence demeure aussi impressionnante que marquante pour la rétine.
Les Misérables s’inscrit dans son temps, avec la mention d’Instagram et l’utilisation des drones, scénario tout à fait probable pour dévoiler les excès des ans et des autres.
En reprenant les personnages et le script de son court-métrage éponyme, le réalisateur parvient à approfondir son intrigue, montrer la cité dans sa complexité, au gré d’une histoire nuancée. C’est l’occasion dans une approche quasi documentaire de dépendre les rapports de force qui se jouent.
Les Misérables, un film indispensable
Le cinéaste film surtout des êtres humains confrontés à des situations qu’ils subissent, fruit d’un héritage et qui constituent leur quotidien, résultat explosif de plusieurs dizaines d’années de politique inexistante. Cette absence de dualisme, ce désir de faire œuvre de pédagogie plutôt que de se poser en tant que juge, fait des Misérables un film indispensable.
Une cristallisation irréversible de la violence, sans issue possible.
Une œuvre aussi bouillonnante animée d’une certaine urgence en forme de coup de poing. Imparable et choc, un état des lieux alarmant.
Hervé Troccaz
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