MAFIA BLUES
Film ambitieux de par son financement mais aussi sa longueur (près de 3h30) The Irishman n’est assurément pas à long-métrage comme les autres. D’abord parce qu’il a été financé par Netflix. À ce titre c’est une œuvre qui mériterait d’être revue en salle de par son ampleur et la qualité de l’ensemble.
Présenté au Festival Lumière, le film brasse de nombreuses thématiques chères au cinéaste, le tout servi par une distribution au cordeau.
C’est surtout un film crépusculaire qui n’est pas sans évoquer La mule de Clint Eastwood. Un véritable condensé de la carrière de Martin Scorsese, d’autant qu’Irish Man couvre une large partie de l’histoire américaine du siècle dernier. À l’instar du dernier Tarantino Once upon a time in Hollywood, le film demeure extrêmement bavard, mais ces dialogues demeurent au service d’une atmosphère sombre, portée par des quiproquos, des luttes de pouvoir et d’influence. Ce qui rend aussi mais situation complexe, avec un Robert de Niro qui monte en puissance et demeure tiraillé entre sa fidélité à un homme et des contres-pouvoirs.
The Irishman, un requiem poignant
Le tout aboutissant à une impasse et un épilogue impossible. Si le comédien demeure souvent juste et sobre, il n’en reste pas moins caricatural notamment avec ses mimiques. Car c’est véritablement Al Pacino qui finit par emporter notre adhésion par son jeu, sa justesse, son ambivalence et son charisme.
Il demeure paradoxal à plus d’un titre que ce long-métrage en forme d’adieu définitif à un genre, soit financé par une plateforme en ligne. Ample, il n’apparait pas moi comme le testament d’une certaine idée du septième art, d’une époque.
Martin Scorsese n’hésite pas à regarder la mort dans les yeux. À ce titre The Irishman demeure un film important à plus d’un titre.
Le metteur en scène porte un regard nostalgique sur son cinéma, pur, dialogué et d’une certaine longueur. Il se pose comme l’un des derniers représentants de son époque, à un pan de notre cinéphilie.
Un requiem poignant.
Hervé Troccaz
The Irishman – Bande-annonce