LES FLEURS DU MAL

La Mule de Clint Eastwood
La Mule de Clint Eastwood

La continuité de le changement. Clint Eastwood propose un énième film testament, dont les subtilités font plaisir à voir, dans un contexte hollywoodien parasité par les films de super héros et la médiocrité des scénarios.

Le géant d’Hollywood prouve qu’il sait se renouveler tout en restant fidèle à son style. Il campe un personnage tout en nuances, comme une métaphore sans doute de sa vie dévouée au septième art.

Et si cette dernière n’est pas nécessairement voulue, le scénario demeure suffisamment solide pour que l’on y croit.

Comme dans Gran Torino, la notion de famille demeure primordiale, les traits d’humour bien présents.

À 88 ans, le grand Clint n’a rien perdu de sa superbe, une présence qui force l’admiration par son énergie et son talent.

Ne cédant en aucun cas à la facilité, il assume jusqu’au bout son personnage au gré d’une conclusion pleine de panache.

Malgré tous ces  défauts, on s’attache à ce mauvais père et ce mauvais mari.

Le vieux sage semble nous dire que la femme est l’avenir de l’homme, tant les petites filles et les épouses tiennent une place primordiale.

Haletant, prenant, La Mule étonne par son histoire singulière, où lecheval des grandes plaines et des westerns de Sergio Léone a été remplacé par des 4*4 confortables.

Il y a quelque chose de très savoureux à voir ce retraité échapper aux catégories, brouiller les pistes, semer la zizanie. Il fait comme bon lui semble, ne respecte aucune consigne de prudence, prend des chemins de traverse.

L’air de ne pas y toucher, Clint Eastwood dit beaucoup de la société américaine actuelle, en mêlant ce retraité a des couches sociales qu’il n’aurait certainement jamais rencontré dans d’autres circonstances. Les moments où on le voit s’amuser avec les jeunes trafiquants chicanos, leur demander conseil sur la manière d’envoyer les textos, ne manquent pas de piquant. Même constat lorsque « Tata », c’est son surnom, est invité à la fête pharaonique organisée par le chef du cartel.

Plus que jamais, le cinéaste n’a pas finit de nous étonner. Une nouvelle pierre au testament artistique d’un cinéaste au sommet de son art.

Hervé Troccaz

La Mule de Clint Eastwood – Bande-annonce