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UNE AFFAIRE DE FAMILLE

Rares sont les palmes d’or aussi attractives que ludiques.

Parasite demeure un excellent film, qui ne se complait pas  pour autant dans esprit de sérieux. Passionnant de bout en bout, il repose sur un scénario solide scindé en trois parties distinctes, qui fait passer le spectateur par une palette d’émotions très larges et rend par conséquent son plaisir coupable.

Parasite de Bong Joon Ho - affiche
Parasite de Bong Joon Ho – affiche

Le réalisateur Bong Joon-Ho (qui proposera une carte blanche au Festival Lumière 2019) a effectué un travail absolument remarquable tant point de vue de la construction de son script, que la subtilité des personnages mais aussi du décor, puisque la maison devient un personnage à part entière du film.

Parasite est tellement riche qu’il mériterait plusieurs visionnages, tant les grilles de lecture sont nombreuses.

On suit leur parcours non sans une certaine délectation le plan quasi machiavélique de cette famille unie pour s’élever socialement. Tout est ici question ensuite de jeux de pouvoirs et de maintien de la main mise sur son nouveau statut social, avant que le long-métrage ne bascule dans l’horreur.

Rarement on a vu une œuvre aussi brillante, portée par une histoire où les situations s’imbriquent telle une poupée russe.

Un an après Une affaire de famille, cette nouvelle famille d’arnaqueurs fait écho à la palme d’or de 2018.

Une démonstration virtuose des limites de la prospérité sud-coréenne

On reste pantois devant le brio du cinéaste pour évoquer de multiples thématiques comme la fracture sociale, la notion d’entraide et de solidarité. Tout en nuances d’ailleurs, puisque les riches ne sont pas dépeints comme des méchants et les pauvres comme des gentils.

Petit à petit le spectateur bascule dans un registre de plus en plus sombre et cruel. Une démonstration virtuose des limites de la prospérité sud-coréenne, porté par des rebondissements qui viennent de contrebalancer des trésors d’ingéniosité qui caractériser la première partie.

En formidable observateur social, le metteur en scène déploie une précision quasi clinique pour évoquer le choc entre deux mondes.

Film d’une belle complicité, Parasite nous oblige à faire le distinguo de ce qui relève du pur divertissement et de la dénonciation d’un système appelé à s’effondrer. Absolument fabuleux et fascinant, quasiment parfait.

Hervé Troccaz

Parasite de Bong Joon-ho avec Song Kang-ho, Cho Yeor-jeong… 2 h 12.

Parasite de Bong Joon-ho, bande-annonce