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Jouer avec le feu de Delphine et Muriel Coulin

Avec Vincent Lindon, Benjamin Voisin, Stefan Crépon

Jouer avec le feu – Synopsis

Pierre Ă©lève seul ses deux fils, Louis et Fus, dans un foyer marquĂ© par des valeurs de tolĂ©rance et d’ouverture. Si Louis, le cadet, suit un parcours acadĂ©mique exemplaire et semble s’épanouir dans la vie, Fus, lui, s’éloigne peu Ă  peu du chemin tracĂ© par son père. En quĂŞte d’identitĂ© et de repères, il se laisse sĂ©duire par des idĂ©ologies radicales et rejoint un groupe d’extrĂŞme droite. Une fracture s’opère alors au sein de la famille : Pierre, impuissant, voit son fils s’éloigner de lui, incapable de comprendre ce qui l’a poussĂ© Ă  basculer dans cette dĂ©rive. Jusqu’oĂą peut aller l’amour paternel face Ă  des choix qui heurtent profondĂ©ment ses convictions ? Jouer avec le feu explore avec une intensitĂ© rare la complexitĂ© des liens familiaux et les dilemmes moraux qu’implique l’embrigadement idĂ©ologique.

Jouer avec le feu – Critique du film

UNE AFFAIRE DE FAMILLE

AdaptĂ© du roman Ce qu’il faut de la nuit de Laurent Petitmangin, Jouer avec le feu est un drame familial puissant qui interroge la nature de l’amour parental et ses limites face Ă  l’inacceptable. Plus qu’une simple dĂ©nonciation de la radicalisation, le film dissèque avec finesse les mĂ©canismes psychologiques qui conduisent Ă  l’extrĂ©misme et les rĂ©percussions qu’ils entraĂ®nent sur les proches.

Dès les premières scènes, le film pose une question fondamentale : peut-on continuer à aimer un enfant dont les choix politiques et idéologiques sont en totale opposition avec ses propres valeurs ? À travers le regard d’un père dépassé par la situation, Delphine et Muriel Coulin offrent un récit poignant sur la désillusion et la douleur de voir un être cher s’enfermer dans une vision du monde radicalisée.

L’une des forces du film réside dans sa mise en scène soignée, qui joue sur des contrastes visuels forts.L’intérieur de la maison, plongé dans une pénombre pesante, symbolise un cocon familial en crise, tandis que l’extérieur, baigné d’une lumière crue et implacable, reflète une réalité brutale qui façonne les trajectoires des personnages. Cette dualité entre ombre et lumière accentue la tension dramatique et renforce l’atmosphère oppressante du récit.

Autre choix marquant : les figures d’autorité sont principalement incarnées par des femmes, qu’il s’agisse de l’avocate ou de la doyenne de l’université. Une manière subtile de montrer que, contrairement aux stéréotypes souvent véhiculés, le pouvoir et la transmission des valeurs ne sont pas l’apanage des figures paternelles, mais peuvent aussi être exercés par des figures féminines fortes.

Un scénario solide, une mise en scène précise et une direction d’acteurs remarquable.

Jouer avec le feu est un film d’une intensité rare, à la fois intime et profondément politique. Il met en garde contre les dangers de l’embrigadement et les conséquences qu’il peut avoir sur une jeunesse en quête d’identité. Mais il rappelle aussi, et surtout, à quel point cette radicalisation peut briser les liens affectifs et laisser des cicatrices irréparables.

Le film repose sur un scénario solide, une mise en scène précise et une direction d’acteurs remarquable. Vincent Lindon, une fois de plus magistral, incarne avec justesse ce père désarmé, tiraillé entre l’amour qu’il porte à son fils et son incompréhension face à sa dérive. Benjamin Voisin, quant à lui, livre une performance saisissante, donnant à son personnage une intensité troublante, oscillant entre rage, détresse et aveuglement. Stefan Crepon apporte une subtilité admirable au rôle du frère cadet, tiraillé entre l’inquiétude et l’impuissance.

Jouer avec le feu est une œuvre nécessaire, qui frappe par sa justesse et sa résonance avec les préoccupations contemporaines. Un drame social puissant, à la fois bouleversant et glaçant, qui ne laissera personne indifférent.

✍️ Gérard SERIE

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