CINEMA  SEPTEMBRE 2019

COUPS DE COEUR : A VOIR OU A REVOIR

ONCE UPON A TIME IN HOLLYWOOD

De Quentin Tarantino avec  Brad Pitt, Al Pacino, Leonardo DiCaprio, Dakota Fanning, Margot Robbie

LE PROPOS

En 1969, la star de télévision Rick Dalton et le cascadeur Cliff Booth, sa doublure de longue date, poursuivent leurs carrières au sein d’une industrie qu’ils ne reconnaissent plus.

MON AVIS Arrêtons de crier au génie à chaque fois que Tarantino réalise un film même si je dois reconnaître qu’un certain nombre de ses premiers films sont tous excellents.

Pour en revenir à celui-ci, disons globalement que ce n’est pas un chef d’oeuvre du genre.

En consacrant  son nouveau film à l’univers de Hollywood,  nous étions en droit d’attendre un résultat prometteur où les anecdotes croustillantes pulluleraient et où  la brochette  acteurs de premier plan contribuerait à la réussite d’une histoire originale qui ferait rêver les spectateurs.

Quelques touches d’humour ou de scènes gentillette de violence   et surtout une bandeoriginale enjouée, ne suffisent pas à masquer le caractère désenchanté qui transparaît dans  l’écriture de ce scénario. Les scènes se succèdent jusqu’à la fin , sans forcément faire avancer l’intrigue.

Peut-être que la mélancolie de ses personnages vient uniquement de lui même  parce que  tout n’était pas aussi rose dans le Hollywood de ses rêves. Il est  dommage au final de n’en partager qu’un terrible désenchantement.

JEANNE de Bruno Dumont  avec Lise Leplat Prudhomme, Fabrice Luchini, Annick Lavieville

LE PROPOS

Année 1429. La Guerre de Cent Ans fait rage. Jeanne, investie d’une mission guerrière et spirituelle, délivre Orléans et remet le Dauphin sur le trône de France. Elle part ensuite livrer bataille à Paris où elle subit sa première défaite. Emprisonnée à Compiègne, elle est livrée aux Anglais…

MON AVIS

A trop vouloir jouer sur les contrastes physiques, d’âge des personnages, du scénario….

Brunot Dumond finit par perdre la réalité historique et préfère s’attacher à la légende en traitant en grande partie l’aspect spirituel de l’histoire loin de Jeanne d’Arc . Passée la stupéfaction de voir la pucelle jouée par une gamine de 10 ans c’est ignorer déjà l’Histoire. Nombre de  personnages confinent parfois à la caricature et au grotesque dans leurs expressions ou leurs chants… Seule la bande originale planante et aérienne réalisée par le chanteur Christophe permet d’y trouver un peu de plaisir.

 » N’en jetons plus la cour est pleine » comme l’on dit. Dommage que l’émotion ne soit  pas au rendez-vous.

DEUX MOIde Cédric Klapischavec François Civil, Ana Girardot, Eye Haïdara

 

LE PROPOS

Rémy et Mélanie ont trente ans et vivent dans le même quartier à Paris. Elle multiplie les rendez-vous ratés sur les réseaux sociaux pendant qu’il peine à faire une rencontre. Tous les deux victimes de cette solitude des grandes villes, à l’époque hyper connectée où l’on pense pourtant que se rencontrer devrait être plus simple…

MON AVIS

Voilà une belle chronique douce-amère tournée comme un conte urbain moderne  pétillant . Dans le Paris d’aujourd’hui Klapish s’intéresse davantage à l’avant-rencontre plutôt qu’au couple et dépeint un portrait tendre et drôle d’une jeunesse connectée mais peu douée en matière de rapports humains.

Après un prologue un peu  long à la détente, on se laisse cueillir par l’humanité de tous les personnages de cette histoire, dont le centre névralgique est une épicerie de quartier, qui ressemble à la caverne Ali Baba et qui est tenue par un personnage excentrique et un peu roublard sur les bord. Le film est plus fin que son propos, moins stupide que son contenu, mieux fait que son discours.

La réalisation est totalement maîtrisée et agréable. Le duo d’acteurs est crédible de bout en bout et joue avec brio. Les émotions croissent au rythme des rencontres jusqu’aux retrouvailles finales. Résolument optimiste, « Deux moi » est une comédie sentimentale réussie.

PORTRAIT DE LA JEUNE FILLE EN FEUde Céline Sciamma avec Noémie Merlant, Adèle Haenel, Luàna Bajrami

LE PROPOS

  1. Marianne est peintre et doit réaliser le portrait de mariage d’Héloïse, une jeune femme qui vient de quitter le couvent. Héloïse résiste à son destin d’épouse en refusant de poser. Marianne va devoir la peindre en secret. Introduite auprès d’elle en tant que dame de compagnie, elle la regarde.

MON AVIS

C’est un film sur le regard, la découverte du désir naissant  qui évolue entre les deux femme par petites touches comme celles composant la création du tableau. Film aussi contemplatif sur  l’océan et le  large infini qui révèle les caractères mais aussi  les émotions au gré des promenades des deux protagonistes et dans l’intimité des alcôves. L’élément de l’eau reste omniprésent, dans un paysage sauvage et en rappel du symbole de la féminité. C’est autour de ce thème que gravite PORTRAIT DE LA JEUNE FILLE EN FEU, et des conditions de la femme à un siècle où le couvent constitue l’une des ambitions du sexe faible .

Les images de Claire Mathon sont splendides et se suffisent à elles mêmes sans rajouts de dialogues trop fournis pour expliquer les relations de départ entre Marianne la peintre et Héloïse son modèle. Les héroïnes parlent peu, choisissent leurs mots, jouent avec eux pour parfaire leur jeu de séduction.

La sobriété de la mise en scène  participe  pour beaucoup à l’intensité du feu érotique, qui bout sous la surface des faux-semblants. La splendeur des décors confère à l’ensemble un vrai charme pictural. Si l’homosexualité féminine est un sujet récurrent dans la filmographie de Sciamma, c’est la première fois qu’elle l’aborde par le prisme historique.Notons aussi au passage que l’Art estomniprésent  du début à la fin  à travers le travail de lapeintre . Il apporte un intérêt particulier à la construction de l’histoire de la femme peintre.

Le trio d’actrices où aucune présence masculine ne vient troubler leur intimité, est formidable.On n’avait jamais vu à l’écran Adèle Haenel sous des airs si fragiles, elle qui d’habitude est si combative dans d’autres rôles . Noémie Merlant fait preuve d’une justesse parfaite et l’alchimie qui naît entre les deux est palpable dès leurs premières scènes.

 Gérard SERIE