Rencontre avec Amélie Casasole, directrice du Théâtre de Villefranche. Cette dernière nous présente la saison 2018/2019 de l’institution.
Propos recueillis par Hervé Troccaz
Comment avez-vous abordé cette nouvelle saison ?
J’ai souhaité conserver un caractère pluridisciplinaire, que le théâtre soit aussi bien représenté que la musique et la danse. Au total, nous allons présenter une quarantaine de spectacles différents, tout en gardant les fondamentaux, dont notamment le Festival Nouvelles Voix en Beaujolais. J’ai souhaité également étoffer la programmation en matière d’art du mouvement et en magie nouvelle. Il était important pour moi de trouver un équilibre et de ne pas mettre en avant spécifiquement un art. Chacun doit pouvoir s’y retrouver, des grands classiques de Molière à la danse en passant par le classique et les têtes d’affiche. De par son histoire, le Théâtre de Villefranche-sur-Saône doit être ouvert à tous les publics, toucher un maximum de personnes, croiser les regards et ne pas être déconnecté de l’actualité. Il est important pour moi que les spectacles présentés soient connectés avec le monde. Nous ne vivons pas dans une bulle.
Vous avez pris vos fonctions en janvier, succédant ainsi à Alain Moreau. Comment avez-vous réussi à imposer votre vision et votre personnalité sur ce nouveau programme ?
Alain Moreau avait déjà bloqué huit dates, posé ses jalons. Il me restait à trouver une trentaine de spectacles rapidement. La tâche était difficile et intense, car en général une programmation se construit entre octobre et février. J’ai donc dufournir un travail intense !
Certains spectacles seront-ils délocalisés ?
En effet, nous avons prévu plusieurs échappées dans l’ouest lyonnais et,notamment,du côté de Roanne. Il est important de sortir hors les murs pour présenter des spectacles.
Autre caractéristique de cette saison 2018/2019 : le partage…
En effet, plusieurs spectacles comme « Ces filles-là« et « Happy Manif » permettent aux spectateurs d’être parties prenantes. J’aime beaucoup les spectacles participatifs. Il ne faut pas que ce soit systématique, mais qu’ils soient clairement conçus en ce sens. Cela correspond également à une tendance de fond. Avec Internet, les spectateurs ne sont plus passifs, ils interagissent pour être au plus proche des artistes.
Comment avez-vous conçu le visuel de cette saison 2018/2019 ? Quel est son sens ?
Ce visuel permet de mettre en avant le logo. Nous sommes dans une année de transition. J’avais,par conséquent,envie de mettre en exerguele logo, qui est comme une marque. Un peu comme le « Swatch » (virgule – NDLR)de Nike, il suffit de le voir pour comprendre de quoi il retourne. A tel point que nous avons élaboré une plaquette de présentation où le logo figure simplement sur la couverture, sans aucun texte ni aucune mention qu’il s’agit du théâtre de Villefranche. Notre objectif est de provoquer le dialogue et la curiosité.
De nombreux artistes de la région seront également présents lors de cette saison…
En effet, cela fait sens et permet une certaine forme de cohérence. Nous avons beaucoup de chanteurs et musiciens de grand talent. Ce serait dommage de s’en priver. D’autant que cela contribue, par la même occasion, à l’économie locale.
Où voyez-vous les spectacles que vous sélectionnez ?
Je me déplace de partout, dans les grands festivals ou dans les théâtres de la région. Nous avons la chance d’être à proximité d’une grande métropole avec de grandes institutions comme le Théâtre des Célestins, le Radiant-Bellevue ou encore le Théâtre de la Croix-Rousse, où je peux voir,en avant-première,des spectacles. Cette démarche est très importante, car il arrive parfois d’écouter des albums très bien réalisés, mais je suis déçue par l’artiste sur scène, qui manque de charisme ou n’a aucune connivence avec le public. Tout dépend également du calendrier des artistes, de leurs disponibilités. Nous n’avons pas pléthore de dates à leur proposer au regard de leur calendrier. Mais cela, c’est de la cuisine interne !
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