THEÂTRE DES CELESTINS

LES FOURBERIES DE SCAPIN

De Molière, mise en scène de Denis Podalydès

Théâtre des Célestins : Les Fourberies de Scapin
Théâtre des Célestins : Les Fourberies de Scapin

Pour expliquer le succès de cette farce, il faut bien sûr se replonger dans l’oeuvre de Molière qui n’avait pas fait je crois l’objet de représentations depuis quelques décennies. Les Fourberies de Scapin est un classique. Nombreux sont ceux qui l’ont étudié à l’école. Au-delà du fond il y a la richesse des mots de l’auteur. la modernité du texte qui évoque hier comme aujourd’hui, la malice qui se cache derrière les répliques.

La pièce est mise en scène magistralement par Denis Podalydès qui tire profit de tout avec originalité, intelligence, avec une multitude de trouvailles astucieuses qui donnent de l’épaisseur au texte et aux acteurs.

Et puis il faut aussi se tourner vers la distribution. il y a cet acteur éblouissant, c’est une révélation. C’est depuis cinq ans le pensionnaire de la Comédie-Française, Benjamin Lavernhe, qui n’avait pas jusqu’ici trouvé un rôle qui lui permette de donner toute la mesure de son talent. Il est gai, drôle, spirituel, malin. Il joue Scapin un valet virevoltant, inépuisable, irrésistible, qui nous fait exploser de rire, notamment lors de cette fameuse scène du sac où il a enfermé Géronte, l’un de ses maîtres, pour mieux le frapper. Ça marche très bien, la salle rit mais elle ne rit jamais bêtement. Elle rit du texte de Molière parce qu’il est admirablement dit. N’ignorons pas pour autant les autres comédiens à qui Lavernhe vole la vedette : Géronte, père de Léandre (Didier Sandre extraordinaire comédien ) qui comme l’avare ne veut pas donner son argent pour sauver son fils, Argente, père d’octave (Gilles David) qui lui aussi se fait voler par Scapin, les amoureux Octave (Birane Ba ) qui craint les réactions de son père mais aime Hyacinthe, Léandre (Jean Chevalier) qui dupe son père par amour pour Zerbinette …;

Le décor impressionnant d’Eric Ruf, des Fourberies de Scapin est sensé représenter le fond d’une cale dans le port à Naples avec un grand échafaudage que d’ailleurs les comédiens ont parfois du mal à descendre ou à monter.

Les costumes somptueux de Christian Lacroix et les lumières très étudiées de Stéphanie Daniel participent aussi à la réussite d’un tel spectacle .

C’est le meilleur Scapin que j’ai vu jusqu’à présent, même si j’en ai déjà vu un certain nombre et des bons.

Juste un tout petit bémol : faire apparaitre Scapin nu sur scène, je me demande ce que cela apporte au spectacle ? Provocation ou justification pour donner plus de sens à la misère morale et physique du personnage ? C’est vraiment un grand spectacle populaire ; je crois que le succès de ces fourberies ne vient pas de rien. La Comédie Française fait vraiment là son travail magnifiquement.

Gérard SERIE