LAST ACTION HERO
Au-delà de ses dérives scientologues et de participations à des films largement oubliables (Oblivion, La Momie, Barry Seal), il faut reconnaître à Tom Cruise une certaine constance pour l’excellence et la prise de risque.
Qui peut se targuer à plus de 50 ans s’impliquer autant dans un long-métrage, mouiller la chemise pour réaliser des cascades qui donneraient des sueurs froides à n’importe quel assureur ?
Une démarche qui n’est pas sans rappeler celle de notre Jean-Paul Belmondo national. Mais l’acteur pousse toujours plus loin les limites, tout en veillant à maitriser la production dans ses moindres détails.
Disons-le tout net : cette recherche d’excellence n’a pas d’équivalent en terme de cinéma d’action actuel.
La saga a offert quelques unes des scènes d’action les plus grandioses du cinéma hollywoodien de ces dernières décennies. Et la folie du comédien semble pousser le curseur encore plus loin.
A l’heure de l’utilisation abusive des fonds verts et des gros muscles, Tom Cruise met à terre tous ses concurrents, non pas en jouant la carte de la surenchère mais d’un réalisme et d’une implication sans faille, qui apporte une véritable plus-value indéniable à l’ensemble. Exit les trucages numériques, l’acteur semble prêt à sacrifier sa propre vie pour partager son adrénaline avec le public. Seul petit bémol : la scène finale avec l’hélicoptère, tirée quelque peu par les cheveux. Des invraisemblances contrebalancées par la présence de personnages féminins plutôt nuancés. Un fait rare au regard pour ce type de production.
Loin d’être une simple succession de morceaux de bravoure, Mission Impossible : Fallout a surtout le bon goût de s’appuyer un script sombre, quelque part entre la noirceur des long-métrages de Christopher Nolan (« The Dark Knight« ) et le James Bond Skyfall.
Deux références sous-jacentes, qui font de ce sixième épisode de la saga assurément le plus raffiné et abouti, parfait cocktail entre enjeux dramatiques et scènes à couper le souffle, trouvant un point d’équilibre spectaculaire, provoquant des montées d’adrénaline. Le plaisir demeure évident.
Episode à part, Mission Impossible : Fallout ressemble à une course désespérée contre la mort et la fin.
A mi-parcours l’intrigue se révèle un peu maladroite au jeu des révélations. Mais très vite le cinéaste rebat les cartes pour une dernière partie solide, où le personnage d’Ethan gagne une dimension inattendue, plus douloureuse.
Exaltant dans son programme de blockbuster, impressionnant voire hallucinant dans ses meilleurs moments, ce sixième épisode s’impose, dans son genre, comme un spectacle d’action total. Une saga exécutée avec tellement d’intelligence que même si elle est ultra calibrée, elle demeure toujours aussi efficace.
Hervé Troccaz
