FORD EN EMOTION
De tout temps la rivalité entre deux sportifs a constitué un matériau idéal pour le septième art. On pense notamment au match Borg/McEnroe, condensant une tension palpable à l’écran, dépassant le simple cadre sportif.
Le Mans 66 ne fait pas exception. C’est une histoire d’hommes, autant qu’un défi industriel. Le long-métrage rappelle que derrière les appétits des grands patrons s’érigele travail forcé d’êtres inspirés.
Il demeure à ce titre marquant que le défi lancé par l‘héritier Ford ne soit pas sans évoquer la conquête spatiale, contemporaine de cette rivalité sur l’asphalte.
Les 2h30 s’écoulent avec fluidité grâce à un travail soigné sur l’esthétisme, l’ambiance d’une époque et des comédiens totalement investis dans leur rôle. James Mangold préfère l’élégance d’un certain classicisme à la frime des Fast and Furious.
Le Mans 66 est porté par une tension permanente
Le réalisateur n’a pas son pareil pour décrire avec subtilité les divers modes de fonctionnement des écuries, entre la famille Ferrari et l’amoncellement de responsables et autres sous-fifre dans la firme américaine.
Même les personnes non passionnées par les quatre roues trouveront ici une oeuvre à la fois captivante et émouvante. D’autant que Le Mans 66 offre une image nostalgique de la masculinité et du monde de l’entreprise.
Surtout, le film demeure le témoignage d’une époque où la voiture était reine, dans un pays où l’on tourne la clé dans le volant au moindre prétexte.
Le film est porté par une tension permanente entre les financiers assoiffés de pouvoir et les hommes de terrain ingénieurs, la rivalité entre les pilotes, l’opposition entre deux visions de l’automobile.
Le cinéaste a le bon goût de mettre en valeur les hommes derrière la mécanique. Subtil alliage entre sport et industrie, ambition et finance.
Hervé Troccaz
Le Mans 66 – Bande-annonce