Le vallon de Choulans et le chemin, du même nom, qui le parcours sont assez méconnus des Lyonnais des deux dernières générations. Tout a changé lorsque le tunnel de Fourvière et son autoroute sont venus se substituer, en 1971, à la nationale 7 qui était le statut routier du chemin de Choulans, plus connu aujourd’hui sous l’appellation de montée.
Choulans, en tant que chemin ou montée, montée du grand Choulan ou montée du petit Choulans, semble être la voie lyonnaise dont l’histoire a été la plus complexe et la plus originale à bien des égards. C’est à ce titre qu’il mérite que lui soit consacrée une étude spécifique qui retracera une riche histoire et dévoilera un patrimoine inattendu.
L’étude de cette voie, très riche, sera donc proposée sur Wikipédia, cette encyclopédie libre qui n’impose pas de limites.
L’histoire de cette voie remonte à l’époque romaine car il existait un premier tracé, souhaité par Agrippa en – 37 av. J.C., qui préfigurait la voie que l’on qualifiera de “Choulans” lorsque l’on n’aura pas à préciser la graphie d’usage de telle ou telle époque.
La voie de Narbonnaise plus simplement nommée la Narbonnaise, voie romaine dite aussi du Languedoc et du Vivarais, pénétrait dans l’enceinte de Lugdunum au sud de l’acropole et par la porte de Narbonnaise à laquelle correspondra beaucoup plus tard, à une centaine de mètres près, la porte du Cloitre de Saint-Just. Ce cloitre avait une véritable notoriété par rapport à la ville de Lyon à laquelle il ne fut rattaché qu’en 1585.
Le patrimoine du Chemin de Choulans
On découvrira le patrimoine construit ou naturel, d’aujourd’hui ou disparu, tout en parcourant pas à pas le Choulans d’aujourd’hui, l’impasse et la place de Choulans d’hier :
La basilique de Choulans, le plus souvent désignée ainsi depuis sa redécouverte lors des travaux d’aménagement d’accès au tunnel de Fourvière, daterait de 599.
La chapelle Saint-Laurent-des-Vignes apparaît beaucoup plus tard au Xe siècle. Plus qu’un avatar se substituant à la basilique de Choulans, elle fut démolie à la Révolution.
L’hôpital Saint-Laurent, située à l’extrémité méridionale des quartiers du Vieux Lyon sur la rive droite de la Saône et à la base du territoire de Choulans, connu aussi, plus tard et après extension, sous le vocable hôpital de la Quarantaine, fut initialement un établissement conçu pour permettre l’isolement des malades contagieux, de la ville ou en transit, atteints de la peste. Cet hôpital fut fondé en 1434 et construit à côté de la chapelle éponyme.
La maison de la Quarantaine qui constitua un asile d’isolement, fut construite au XVIe siècle par les autorités de la ville, pour les voyageurs et les marchandises arrivant de lieux suspects, en période de peste, et qui étaient tenus d’y demeurer 40 jours avant d’être admis à pénétrer dans la ville.
L’hôpital Saint-Thomas fut édifié tout près des précédents bâtiments hospitaliers, plus au sud en bord de Saône, en 1524 par Thomas de Gadagne. De fait, il fut connu sous le vocable d’hôpital de Gadagne.
La Chapelle Saint-Roch, fut construite après la pose de la première pierre le 31 mars 1581, sur une décision du Consulat, suite au vœu de 1577 de Mgr de Mandelot, gouverneur de Lyon.
La fabrique de la Brasserie Georges ne fut pas implantée sur le début du parcours de Choulans dès l’origine de la brasserie. En effet, en 1836, l’alsacien Georges Hoffherr fonde la brasserie sur les anciennes lônes de Perrache et la fabrication de la bière est alors faite sur place au sein de la brasserie usine.
La fontaine de Cholan, apparaissant sur le plan scénographique de 1548-1560, puis nommée Chiolan sur le plan de Simon Maupin de 1635 puis Choulan sur celui de 1659, portait le nom de Siolan en 1470.
La villa Albert Weitz : L’Institut Cervantès. Au 58 chemin de Choulans on trouve une parcelle de terrain en grande partie boisée qui abrite la villa d’Albert Weitz, de style art déco, construite de 1920 à 1922 et habitée en 1923, actuellement siège de l’Instituto Cervantes de Lyon.
Le château de Choulans ou château des Tourelles, nommé « maison des Tournelles » en 1529, est une des premières constructions laïques édifiées sur ces terres ecclésiastiques. Il abrite aujourd’hui le restaurant « La Cour des Grands ».
L’ancien bâtiment du Cours Veritas, sis aux 53, 55 chemin de Choulans, fut remplacé par une résidence Le Parc des cèdres, Le terrain a reçu, depuis 2005, de nouveaux immeubles remplaçant le très somptueux bâtiment qui abrita l’institution des Dominicaines du Sacré-Cœur, installée au début des années 1930, dont la dernière appellation employée fut le Cours Veritas.
La maison de Maître aux trois tourelles. Ce véritable manoir fut construit sur l’ancien vignoble du Châtelard appartenant à la maîtrise de chœur du chapitre de Saint-Just. Tènement vendu comme bien national en 1791, comme l’a été celui de la prévôté voisine plus au sud.
Les ateliers du maître verrier Lucien Bégule construits pour ce génie du vitrail, constitueront la base matérielle d’où naîtra véritablement l’école lyonnaise du renouveau du vitrail de la fin du XIXe siècle avec l’art nouveau du vitrail civil à partir de 1880. Les ateliers ouvrirent en 1881 et cessèrent leur production en 1911, victime de la loi sur la séparation de l’Eglise et de l’État en 1905.
La Maison Marie-Dominique, sise au 103 chemin de Choulans, fut achetée en 1944 par la congrégation des Sœurs Salésiennes qu’elles baptiseront du nom de leur fondatrice Marie-Dominique Mazzarelot. Les sœurs y installeront leur noviciat qui perdurera jusqu’en 1956. De 1980 à 2006 elle servit de maison de retraite pour les sœurs âgées.
La maison congréganiste des sœurs Salésiennes, fut construite antérieurement à 1876, puisque c’est le 3 juin 1876 qu’Anthelme Chenel, qui la fit construire, la vendit à Antoine Gourd. Cette maison remplissait, encore récemment, la fonction de maison de retraite pour les sœurs de cette congrégation qui enseignaient à Don Bosco.
L’immeuble de la Résistante Francine Chollet au 118 chemin de Choulans, hébergea des résistants accueillis par cette dernière. Francine paya de sa vie cet acte de résistance et fut arrêtée en janvier 1941. Livrée aux nazis et déportée en mars 1944, elle décède à Ravensbrück en mars 1945 à l’âge de 65 ans.
La maison du lierre, sise au 130 du chemin de Choulans présente à l’entrée de la propriété un pilier isolé dont le chapiteau est constitué d’un couronnement d’inspiration ionique et d’un corps sur lequel figure la sculpture d’un lierre titré au-dessous par l’inscription parfaitement lisible : ADERÆ.
Le dépôt de glaces et de bières de conserve
La brasserie Stier-Friedrich et Cie installe ses caves glacières au 5 rue des Trois artichauts vers 1866 qui devint le 66 chemin de Choulans avant de passer aux 124 – 126 de la nouvelle numérotation.
Les bâtiments de la blanchisserie du Refuge Saint-Michel débutèrent leur activité en avril 1914, à l’achèvement de la construction. Cette blanchisserie a probablement accompli sa fonction jusqu’au départ de l’institution en 1984.
La propriété Bégule, constitua le fondement où furent construits les ateliers de Choulans par l’architecte Auguste Monvenoux. Lucien obtint l’autorisation de son père, toujours propriétaire, pour faire réaliser ces ateliers, au niveau du 142, qui permirent le démarrage de son activité de maître verrier dès 1881.
Le jardin du Bon Pasteur constituait la partie agraire dépendante directement du Cloître de Saint-Just. Une des parcelles comportait une vigne qui appartenait aux Chanoines de Saint-Irénée. Sur celle-ci, des fouilles exécutées au tout début des années 1980 révélèrent de nombreux tombeaux et une chambre funéraire qui abritait le squelette d’un géant. Au total, 170 squelettes furent trouvés en ce lieu, dont ceux d’un certain nombre de femmes et le fœtus de leur enfant. Cette nécropole couvre la période gallo-romaine et paléochrétienne jusqu’au Ve siècle.
Les mausolées gallo-romains, réimplantés sur l’ancienne place de Choulans après leur découverte en 1885 sur le futur tracé du chemin de fer de Vaugneray, datent de l’époque Julio-claudienne. Au nombre de cinq, l’un d’entre eux retiendra particulièrement l’attention.
L’immeuble de Louis-Léopold Bécoulet, implanté sur l’ancienne place de Choulans, présente sur sa façade et au-dessus de la porte d’entrée, la statue du Bon Pasteur. Jouxtant le Chemin de Choulans, encore nommé chemin de la Quarantaine à la Demi-Lune, il fut construit dès 1867 quelques années après l’achèvement de cette nouvelle voie lorsque la ville procéda à la revente de terrains qu’elle détenait le long du tracé.
La nécropole antique, sur les anciennes terres du chapitre des chanoines de Saint-Just au bas du cloître, a fait l’objet, en 2015 et 2016, de nouvelles fouilles à l’emplacement du projet de la Résidence Lugdunum. Elles devraient permettre de mettre à jour de nouvelles sépultures qui pourraient se situer entre le Ve et le VIIe siècle.
La maison de l’Obéance pourvue d’une terrasse dite du bœuf couronné a abrité le principal dignitaire du chapitre de Saint-Just. Cette maison est, pour partie, desservie par une tour dénommée Bellièvre qui date de 1488.
Le Château de Saint-Just et son cloître éponyme étaient protégés par une enceinte construite dès le XIesiècle. A l’origine de l’établissement des remparts constituant cette enceinte se trouvait l’église paroissiale de Saint-Irénée mais aussi l’abbaye Saint-Just.
La maison à la statue de Notre Dame de la Sainte Colline. Louis-Léopold Bécoulet fit construire et habita cette noble maison, à tourelle latérale, qui jouxte le chemin de Choulans et offre sa façade à la place Saint-Alexandre. Il y tenait une librairie-papeterie, en association semble-t-il, avec Jules Périsse, par ailleurs imprimeur et libraire catholique.
L’école primaire de filles et l’asile des paroisses de Saint-Irénée et Saint-Just que l’on doit à l’architecte diocésain Paul Desjardins, hébergeait aussi un théâtre destiné au groupe théâtral du Cercle de Saint-Irénée. Ce cercle trouve son origine en 1873.
La fontaine de Claude se situe à la toute extrémité du chemin de Choulans et trône sur la place Trion. Elle est effectivement dédicacée à l’empereur Claude Auguste. Elle fut découverte en 1983 sur le site du Verbe incarné, près de l’aqueduc du Gier et faisait partie de l’ancienne acropole romaine.
Le col de Trion qui représente la ligne d’inflexion des collines de Fourvière et de Sainte Foy-lès-Lyon constituait un point de passage primordial pour les voies romaines qui ont succédé aux voies celtiques. Sur ce lieu, les romains et plus tard les chrétiens de l’époque gallo-romaine y établir leurs sépultures. Le tracé moderne de Choulans commence donc sur les traces d’une nécropole, celle de Saint-Laurent, pour aboutir sur l’emplacement d’une autre nécropole plus du tout visible à ce jour.
Graphie et statut du chemin de Choulans au fil des siècles
On précisera, ici, la graphie d’usage et son évolution à telle ou telle époque :
Siloë – Siloe – Siloé (av. J.C.) – Siloa – Siloan – Silanus (Ier siècle av. J.C.) – Silans (VIIIème siècle) –Siolans (1150) – Siulans (1195) – Syolans (1269 et 1388) – Syolan (1388) – Siolan (1470) – Cholan (1540, 1550, 1635 et 1696) – Chaulan (1625 et 1659) – Choulan (1729, 1805, 1812, 1831, 1818 et 1848) –Choulans (1711, 1770 …).
On résumera, ici, la chronologie des modifications de statut et d’appellation du Choulans d’aujourd’hui par l’énumération suivante :
- Chemin de la Quarantaine à la Demi-lune (1857 – étape projet)
- Chemin vicinal n° 5 (1860 – mise en circulation)
- Section de route nationale RN7 (classement le 16 avril 1930)
- Section de route départementale RD 407 (1972)
– Section de route départementale RD 307 (1/01/2006)
Enfin on indiquera que la riche iconographie de cette voie pourra être découverte sur Wikipédia.
Gérard Nioulou