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Bâtiment 5 de Ladj Ly avec Anta Diaw, Alexis Manenti, Aristote Luyindula

Bâtiment 5 – Synopsis

Haby, jeune femme très impliquée dans la vie de sa commune, découvre le nouveau plan de réaménagement du quartier dans lequel elle a grandi. Mené en catimini par Pierre Forges, un jeune pédiatre propulsé maire, il prévoit la démolition de l’immeuble où Haby a grandi. Avec les siens, elle se lance dans un bras de fer contre la municipalité et ses grandes ambitions pour empêcher la destruction du bâtiment 5.

Bâtiment 5 – Critique du film

Après une série de films plus ou moins réussis  sur les banlieues, ce film coup de poing nous plonge sans manichéisme dans le quotidien d’ immigrés venus pour la plus part d’Afrique pour fuir la misère dans leurs pays d’origine.

Parqués comme des animaux dans des immeubles qui ne font pas rêver  ils essaient de subsister soit à la débrouille, soit en survivant pour la grande majorité avec les sociales versées par l’état.

Comme Ladj Ly a grandi à Montfermeil et a été témoin de l’un des plus importants plans de rénovation urbaine en France, il sait au moins de quoi il parle sans esprit de vengeance.

Pour ceux qui ne s’en souviennent plus, l’exode ou  la migration ou l’immigration ou encore le  rapatriement ( selon les vocables) en 1962 des “pieds noirs”, ces français de souche  venus d’Algérie s’est déroulé de la même façon avec la construction en toute hâte  de barres d’immeubles HLM en banlieues lyonnaises dans les quartiers  de La Duchère, de Rillieux, de Vénissieux.

Si le titre initial de Ladj Jy était Les Indésirables, il a préféré gommer le coté provocation pour se recentrer sur des thèmes plus actuels tels que la et les politiques, le logement social, l’intégration des jeunes, la police.

Bâtiment 5 est un drame social puissant qui évite tous les poncifs sur le sujet du mal logement

Bâtiment 5 est un drame social puissant qui évite tous les poncifs sur le sujet du mal logement et de la discrimination. La force de cette histoire vient de son réalisme brut et sans concession face à la brutalité municipale qui au lieu de tenter de résoudre les problème jette de l’huile sur le feu en envoyant pour seule réponse  l’application aveugle de la loi et l’intervention de la police. Pas étonnant qu’en retour la colère des habitants s’exprime par la violence de leurs actes.

Tout est bien dosé dans ce docu-fiction, des politiques crapuleuses des  élus (même si le nouveau maire n’a pas été élu après la mort du prédécesseur),  aux rapport de force qui s’établit entre classe dominante et la population sous pression que l’on jette un soir de Noël dans la rue.

D’un  scénario qui s’appuie sur des réalités qui rebat les cartes d’une vision erronée de la vie dans les banlieues à une mise en scène sobre, grave, marquante, alerte et efficace, le film confirme la place à part du réalisateur dans le cinéma français.

Ce qui domine dans le film est le sentiment profond d’humiliation au sein de la population et de la colère qui s’exprime par des actes incontrôlés qui  expliquent  les violences qui en découlent

Du coté casting pros et amateurs saluons d’entrée de jeu la performance remarquable d’Anta Diaw ( Haby Keita) qui impressionne le plus, une personnalité lumineuse dans un univers aux teintes bien plus sombres.

Alixis Manenti (Pierre Forges) est parfait en maire intraitable mais capable de maltraiter ses administrés en faisant intervenir la police.

Steve Tieutcheu (Roger) et premier adjoint municipal ,est impeccable en faux-cul qui agit contre sa communauté et sert ses propres intérêts.

Même si Bâtiment 5 est sans doute moins intense que Les Misérables, il n’en demeure pas moins intéressant avec les messages sociétaux et politiques qu’il véhicule.

Gérard SERIE

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