Rencontre avec Aline Sam-Giao, directrice générale de l’ Auditorium – Orchestre National de Lyon. À la tête de l’ONL depuis deux ans, la jeune femme affiche sa satisfaction. Précédemment administratrice de l’Orchestre des pays de Savoie, cette ancienne joueuse de hautbois prend très à cœur sa mission de piloter l’une des deux plus prestigieuses formations musicales de l’agglomération. L’occasion de dresser un premier bilan et d’évoquer la saison 2019 /2020.

 

Propos recueillis par Hervé Troccaz

 

Quel bilan tirez-vous de ces deux ans en tant que directrice ?

Le résultat est assez exceptionnel avec des spectacles très variés et de qualité. L’ensemble me rassure pas sa richesse. Nous sommes véritablement une salle du XXIe siècle, qui touche tous les publics, même si l’orchestre symphonique demeure le pivot central. Nous constatons que nous touchons tous les publics, qui viennent de divers horizons. Il n’y a pas un seul chemin pour arriver à la musique. Nous bénéficions également de 40 ans de fidélisation d’un public qui nous fait confiance, au sein d’une structure qui est un véritable marqueur dans la ville. Le taux de remplissage est excellent, tout comme le taux de réponse. C’est-à-dire que le public répond  présent et nous fait confiance lorsque nous ne créons des rendez-vous inédits qui ne figurent pas dans notre brochure annuelle.

Cette saison 2019 2020 semble marquer une certaine transition…

Jusqu’à présent nous ne connaissions pas notre horizon. Désormais avec la nomination de Nikolaj Szeps-Znaideren tant que directeur de l’Orchestre National de Lyon, nous pouvons nous préparer activement jusqu’à son arrivée en septembre 2020. Sans oublier l’arrivée de chef invité associé : il s’agit du Britannique Ben Glassberg.  Dans les cinq ou dix ans à venir, ce jeune talent de 24 ans va peaufiner son métier de chef. Pour progresser, il aura besoin d’un orchestre bienveillant, qui le connait et avec lequel il pourra construire des choses sur le long terme. L’Orchestre National de Lyon est heureux de participer à la carrière d’un artiste si talentueux. Cela permet de créer une complicité étroite avec le jeune chef que nous allons accompagner et soutenir. C’est une formidable promotion au regard de son jeune âge.

Nous avons désormais notre « colonne vertébrale ». Directeur musical de l’Orchestre national de Lyon (ONL) de septembre 2011 à juin 2017, Leonard Slatkin en est à présent le directeur musical honoraire. Il assurera le temps de transition ce qui demeure important. Il figure deux fois au programme lors de cette saison. Nous savons désormais exactement quel est notre cap. Nous allons profiter de cette année de transition pour  rassembler notre énergie et nos multiples talents. Nous allons également pouvoir mettre en ordre de marche et proposer des formats très différents. Ainsi, si Beethoven demeure à l’honneur, le public pourra le découvrir sous diverses formes comme le récital ou avec l’orchestre de Cologne.

La variété de formes demeure d’ailleurs un sérieux atout de l’Auditorium…

Quand j’ai rédigé mon projet de direction je souhaitais que l’Auditorium soit une salle du 21e siècle, ancrée dans son temps. Il était primordial à mes yeux de proposer une variété d’esthétiques, de la musique baroque à la musique de film, en passant par la musique contemporaine. En ce sens; j’ai recruté une personne dédiée aux musiques actuelles pour une programmation spécifique, afin d’assurer une certaine cohérence. Cette saison marque également le retour des musiques du monde avec Anoushka Shankar. Nous avons à cœur de proposer une diversité de contenus, à l’image du récent anniversaire d’Arty Farty, l’association des Nuits sonores avec qui nous allons continuer à collaborer.

Cette variété de formats constitue un sérieux atout, car tout le monde n’a pas envie nécessairement de s’enfermer dans une salle pendant 1h30 à 2h pour écouter de la musique classique, même si cela constitue notre cœur de métier. Il existe chez nous divers moyens de découvrir la musique, comme l’Expresso, une heure de musique présentée le vendredi à 12h30 ou à 15 heures pour se familiariser avec l’univers musical.

Ou encore l’afterwork pendant une durée de 40 minutes. Nous avons été également précurseurs en terme de concert jeune public, avec un mini festival dédié aux plus jeunes. Le grand public peut également explorer la musique classique via la lecture, des expositions et d’autres formes artistiques. Nous essayons d’être inventifs. Par exemple; nous avons proposé des ateliers pratiques. Il ne s’agit pas de se substituer au Conservatoire, mais d’être complémentaires.

Comment s’articule votre budget ? Pensez-vous que le mécénat est nécessaire ?

Tout projet ambitieux nécessite de l’argent. Nous ne pourrions pas proposer une telle offre sans le soutien précieux de la ville qui nous finance à hauteur de 9 millions d’euros et 2 millions pour le ministère de la culture. C’est un soutien précieux à maintenir, qui nous permet de proposer une programmation de très grande qualité. Il ne faut pas se leurrer. Sans ce soutien, nous pourrions proposer moins de choses et moins de spectacles de qualité. À ce titre, le mécénat est important, y compris pour nous et des relations avec les collaborateurs, dont la moitié ne connaissent pas l’Auditorium. C’est une autre manière de mener à bien notre mission car à mon sens la musique n’est pas seulement un loisir mais contribue à notre enrichissement culturel, notre éducation. Nous défendons l’art, ce n’est pas seulement pour l’art mais pour le transmettre. Et l’art pour moi sert à révéler notre part d’humanité. Soit parce qu’il fait débat, soit parce qu’il vient toucher quelque chose très intime. Il ouvre un espace de liberté, parce qu’avec l’art tout est possible, il n’y a pas de limite.

Le bâtiment va-t-il être rénové ?

Nous devons  trouver des moyens de rénover nos bâtiments qui ont désormais plus de 40 ans d’existence. La façade de l’Auditorium témoigne des signes de fatigue, tout comme tous les bâtiments des années 70. Nous n’avons pas attendu cette rénovation pour faire évoluer le lieu avec de nouveaux espaces de travail ainsi que les aménagements pour faire face aux besoins qui ont évolué. En ce sens, nous avons créé un espace découverte. L’espace restauration sera ouvert également prochainement entre midi et 14 heures, ce qui nous permettra d’accueillir un nouveau public. Le tout s’inscrit dans un contexte précis, puisque l’auditorium est situé dans un quartier en pleine mutation. Tout cela est très positif et excitant, favorise la mixité. Nous avons un grand rôle à jouer au sein de la Part-Dieu !

Quand je suis arrivée, un budget venait d’être débloqué par la Ville de Lyon pour une petite rénovation, et j’ai travaillé ardemment avec la municipalité pour compléter cette somme avec une aide du ministère de la Culture que nous avons obtenue. Soit 2 millions d’euros qui ont été ou vont être investis entre 2017 et 2020 pour une rénovation qui touche la remise au propre des circulations et des bureaux et la création d’une nouvelle salle pédagogique.

Le site officiel de l’Auditorium – Orchestre National de Lyon

Crédit photos :  ©Manuel Braun

> La culture sous tous ses formes, notre passion ! 7alyon.com vous propose également de découvrir la saison 2019/2020 de l’Opéra de Lyon, ainsi que les autres manifestions culturelles comme  Les Nuits de Fourvière 2019La Fête des Lumières 2019 ainsi que le Festival Lumière 2019. Bonne lecture !