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C’est devant une salle archicomble de l’espace Ansolia à Anse (Rhône) qu’a été présentée la pièce  Môman, pourquoi les méchants sont méchants? de Jean-Claude Grumberg, avec Clothilde Mollet et Hervé Pierre, dans une mise en scène de Noémie Pierre. Rencontre.

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En tant que spectateur, et devant ce cube de toile posé au beau milieu de la scène comme un îlot, dans un espace aussi vaste que celui de la salle, cela ne vous handicapait-il pas trop pour jouer ?

Hervé Pierre : Nous avons tellement l’habitude de jouer dans des lieux aux configurations très différentes que notre faculté d’adaptation est grande. Que ce soit à Paris, en province ou au festival off d’Avignon, nous adorons venir jouer en province, comme à Anse, parce que nous sommes aussi et avant tout des provinciaux.

Clothilde Mollet : Il est vrai qu’un lieu plus intimiste se prête mieux au texte de Grumberg.

Comment a commencé « l’aventure » de Môman ?Après nous l’avoir proposé quatre fois, puis en raison de problèmes de production, nous avons fini par accepter de faire une première lecture. C’est là que la pièce a commencé à germer dans nos esprits, et dans celui de notre fille Noémie, qui en a assuré la mise en scène.

C’est un texte qui évoque, comme dans ses pièces — de La plus précieuse des marchandises à Zone libre en passant par L’Atelier — les blessures intérieures de Grumberg : la guerre, la déportation, la peur, le judaïsme… toujours sans communautarisme et avec une grande humanité

Hervé Pierre : même si ses traumatismes n’apparaissent pas de manière flagrante, ils se glissent souvent au détour d’une réplique ou d’une intention de jeu.

Comment s’est construit ce décor en tissu, d’une simplicité et d’une beauté aérienne incroyables ?

Hervé Pierre : lors de notre lecture, notre fille s’est saisie de nappes en papier pour délimiter, en les suspendant, notre espace de jeu, comme un appartement à l’architecture cubique. C’est ensuite un ami décorateur de Noémie qui a admirablement finalisé le projet.

La mise en scène, très originale, créative, chorégraphiée comme un ballet à deux — tantôt à l’extérieur, tantôt à l’intérieur du « cube » en ombres chinoises — nous donne à voir d’abord une mère ultra-protectrice élevant seule son enfant, puis, par inversion des rôles, un fils adulte prenant soin d’une mère vieillissante ?

Clothilde Mollet : c’est l’esprit même de la pièce : ce partage affectif, mais aussi sentimental, qui existe entre eux et qui les unit.

Le langage est particulier dans cette pièce, et les mots absurdes ou inventés que vous prononcez sortent de l’ordinaire, tout comme certaines expressions désuètes, tel « si tu as faim, mange ta main ».

Hervé Pierre : c’est un langage populaire, souvent fabriqué, que nous employons tout au long de la pièce. Il traduit bien la complicité touchante qui unit la mère et son fils dans leurs échanges verbaux, parfois presque incompréhensibles pour le public.

Dans ce propos qui magnifie les plaisirs, les angoisses, les maux — et les mots — de l’enfance, le texte de Môman n’est pas triste ? Avec tendresse et poésie, il évoque en filigrane l’absence du père.

Clothilde Mollet : je partage entièrement votre point de vue, même si la pièce évoque aussi, en toile de fond, la déportation des juifs dans les camps de la mort, où sa famille a péri.

D’après vous, la panne d’électricité qui clôt Môman rappelle-t-elle, pour ceux qui l’ont vécue, les nombreuses coupures provoquées par les bombardements alliés ?

Hervé Pierre : sans aucun doute. Pour Jean-Claude Grumberg, cela évoque aussi le rationnement alimentaire et les manques de toute nature qui touchaient la population dans une période trouble et difficile pour tous.

✍️ Gérard Sérié

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