CAP d’ESPERANCE

Edmond d'Alexis Michalik
Edmond d’Alexis Michalik

Rarement dans l’histoire de la littérature un auteur aura été une source d’intérêt, tout autant que son personnage. On a tous en mémoire le Cyrano incarné avec délectation par Gérard Depardieu, tout en verve et au sommet de son art.

Bien que s’intéressant cette fois à l’auteur Edmond Rostand, le long-métrage d’Alexis Michalik possède avec une filiation incontestable avec le long-métrage de Jean-Paul Rappeneau. Même ravissement, même sens du verbe.

Juste retour aux sources donc pour ce projet, qui rappelons-le était initialement bel et bien destiné directement au grand écran. Mais devant le manque de financement, Alexis Michalik décida de l’adapter pour la scène. Le succès critique et public d’Edmond, entériné par cinq Molières, fut à l’origine de la transposition du matériau au grand écran… à l’initiative de producteurs de cinéma souhaitant désormais récupérer les fruits de la réussite d’un spectacle vivant dont ils avaient boudé le projet !

Le résultat demeure en tous points délectable, truffé de subtilités dans la mise en abyme mettant en avant le parallèle entre l’inspiration de Rostand et celle de son personnage. Mais aussi de dialogues d’une rare finesse et seconds rôles truculents (Dominique Pinon en régisseur survolté à Jean-Michel Martial en tenancier de café victime de discrimination raciale).

Le spectateur se réjouira également devant les nombreusesréférences culturelles sur un certain Paris mythique, dans la veine de celui de Martin Scorsese dans Hugo Cabret ou Michel Ocelot dans Dilili à Paris.

Pour autant, le passage à la réalisation d’Alexis Michalik révèle quelques limites, à commencer d’amples et inutiles mouvements de caméra. En voulant rendre un hommage appuyé à l’atmosphère des Enfants du paradis de Marcel Carné, Edmond ne fait que montrer les limites d’une œuvre qui peine à trouver sa juste place entre le théâtre filmé et l’art cinématographique.

Grande fresque romantique, hommage vibrant aux acteurs, Edmond demeure un divertissement d’excellente facture qui ravira les inconditionnels de spectacles consensuels, sans panache et très sage.

Hervé Troccaz