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Vincent doit mourir de Stephan Castang avec  Karim Leklou, Maroussia Frolin, François Chattot

Vincent doit mourir – Synopsis

Du jour au lendemain, Vincent est agressé à plusieurs reprises et sans raison par des gens qui tentent de le tuer. Son existence d’homme sans histoires en est bouleversée et, quand le phénomène s’amplifie, il n’a d’autre choix que de fuir et de changer son mode de vie.

Vincent doit mourir – Critique du film

Certains regards tuent !  Telle pourrait être la morale de cette fable sociétale.

Pour son premier long métrage le comédien-auteur réalisateur Stephan Castang nous propose une comédie noire qui navigue entre thriller et catastrophe apocalyptique .

Ce film de genre percutant suit ce  héros ordinaire, employé modeste qui travaille dans les bureaux d’une entreprise dirigée par son ex. Sans aucune raison apparente il se fait agresser pour la première fois par un nouveau stagiaire . Ce geste brutal qui le marque physiquement  le conduit à la plus grande prudence.

À peine remis du choc, Vincent est à nouveau victime d’une violente attaque de la part d’un autre de ses collègues qui lui plante dans la main un crayon utilisé comme un poignard. Pure coïncidence ? Coup de folie passagère de la part du collègue ? autant d’hypothèses qui l’atteignent aussi psychologiquement. Ces agressions à répétition le poussent à fuir Lyon et à aller se réfugier dans la maison de campagne de son père.

Embarqué malgré lui dans une fuite en avant pour sa propre survie, Vincent se croyant à l’abri d’un mauvais sort qui lui est réservé,  finit par se barricader dans la maison familiale, après une nouvelle agression d’un voisin qui tente de l’étrangler et l’ensevelir dans la merde nauséabonde de sa fosse septique qui déborde en plein air.

Dès lors, entre le film paranoïaque, le survival, la comédie burlesque et le film de zombie, Vincent doit mourir jongle avec les genres pour tenir le spectateur en haleine.

Au-delà de ces choix scénaristiques originaux ce film interroge surtout la violence du monde dans laquelle nous vivons où pas un jour ne se passe sans que l’actualité fasse état d’agressions gratuites sur de personnes innocentes dans les villes ou dans nos campagnes.

Pour ce rassurer, si l’on prend  ce film pour une farce à l’humour débridé force est de constater néanmoins que ce premier film ne réussit pas complètement à trouver le juste équilibre entre ses différents genres ou  tonalités.

Dommage que le propos du film, portant sur  la violence sociétale et le repli sur soi, se retrouve noyé dans cette épopée sauvage qui s’offre une touche de tendresse et un supplément burlesque lorsque Vincent se rapproche de Margaux, une serveuse atypique avec qui il va tenter de vivre les prémices d’une histoire d’amour.

Si Margaux se menotte volontairement pour contenir sa propre violence intérieurs face à son amoureux ou si à son tour Vincent se bande les yeux pour échapper à la vue des  violences qui surgissent  de toutes parts, que ce soit avec des guerres qui éclatent à travers le monde, des agressions permanentes des individus au sein de notre société ou même dans les  familles avec des femmes et des enfants battus, c’est pour surmonter ses propres peurs et rêver d’une existence meilleure dans une société solidaire et apaisée.

Un des aspects intéressants est la manière dont cette violence se manifeste dans leur relation : passionnée, tumultueuse et incroyablement toxique., notamment celle de Vincent avec cette jeune femme mystérieuse  dont leur liaison est aussi instable que le bateau  sur lequel elle vit.

Une profonde réflexion sur la nature humaine

Il y aussi cette scène mémorable où Vincent, dans un acte désespéré de victimisation, tue un homme en lui lançant un « regarde c’est à cause de toi !». Ce genre de moment nous fait réaliser en tant que spectateur que le film n’est pas qu’un simple drame ou une comédie, mais plutôt une profonde réflexion sur la nature humaine.

Si la réalisation de Stéphan Castang, sanschercher dans son propos à tout intellectualiser, parvient à mettre en lumière la complexité des émotions et des relations humaines, elle a aussi  ses faiblesses car plutôt que de nous donner une signification claire sur la morale de son  film, elle  se perd trop dans ses propres méandres, refusant de donner une « explication cohérente  » à ce monde chaotique.

Un film sans émotions communicatives réelles

Du coté casting, Castang a pu compter sur la remarquable  prestation de ses acteurs avec un Vincent (Karim Leklou), capable d’être à la fois tendre et brutal, touchant et inquiétant, une  Margaux (Vilmala Pons) mystérieuse et intrigante, belle et toxique, un Jean-Pierre (François Chattot) inquiétant et brutal, affectueux et criminel père de Vincent et une kyrielle de seconds rôles intéressants   

Si le film s’achève sur une note positive et optimiste avec une Margaux et un Vincent qui larguent les amarres pour voguer vers des horizons lointains, ce film sans émotions communicatives réelles restera déroutant et hermétique pour bon nombre de spectateurs .

Gérard SERIE

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