SORTIE DE ROUTE

Taxi 6
Taxi 5

Si on ne remettra pas en doute la sincérité de la démarche de Franck Gastambide, Taxi 5 n’en reste pas moins qu’un objectif cinématographique hybride, faisant le grand écart entre l’hommage à ses prédécesseurs, sans pour autant arriver à convaincre.

Pourtant, sur le papier, l’idée était bonne. Le réalisateur des Kaira et Pattaya possèdait la légitimité et un ton personnel pour apporter un nouveau souffle à la saga.

Sauf que de nombreux points freinent notre totale adhésion au projet.

Pas vraiment sur les courses-poursuites (quoique, les cascades s’enchaînent avec un fil rouge évident mais sans véritable synergie et parfois se manière gratuite) que le tandem censé remplacer Frédéric Diefenthal / Samy Naceri.

Clairement, le nouveau duo pâtit de la comparaison.

Si à la limite le réalisateur/acteur jouit d’un véritable charisme, on ne peut pas en dire autant de Malik Bentalah.

Si les fans de la saga regrettent l’absence de Samy Naceri dans ce nouvel opus, on ne peut pas leur donner tort, tant sa gouille, son énergie, son côté bad boy apportait une véritable plus-value à l’ensemble, faisait tout le sel de la franchise.

Taxi 5 affiche film
Taxi 5 affiche film

Avec le temps, la saga Taxi s’est parée d’une nostalgie, devenant par la même occasion le reflet d’une époque, un instantané où Samy triomphait au cinéma en même temps que Zidane permettait à l’équipe de France de devenir Champion du monde.

Pour le coup, on peut devenir vraiment nostalgique devant ce nouvel opus, qui manque vraiment du charme, de l’innocence,  de la roublardise du héros, cette sorte d’irrévérence délectable face aux forces de l’ordre.

Les homos, les gros, les minorités ethniques, les nains, tout le monde en prend pour son grade dans Taxi 5. Si on veut bien être indulgent, pour le coup, cela devient dérangeant. Sous couvert de faire rire, le réalisateur épuise le peu d’intérêt qu’il nous restait pour son oeuvre.

Sans pour autant être déplaisant, Taxi 5 manque forcièrement de subtilité et de personnages attachants.

Si les scénarios des précédents « Taxi » n’ont jamais frisé la perfection, celui de Taxi 5 frise la sortie de route. Les méchants (italiens cette fois) semblent totalement désincarnés et ne provoquent jamais un semblant de crainte.

Taxi 5 manque du sentiment d’improvisation, une chaleur humaine et un peu anarchique qui émanait du premier volet, une certaine idée de Marseille, goguenarde, rebelle et insoumise. Deux decennies plus tard, et comble de l’ironie, ce reboot donne davantage envie de se replonger dans le visionnage du premier Taxi, dont l’innocence et l’évidence qui se dégage du trio Samy Naceri / Frédéric Diefenthal / Marion Cotillard demeure un petit trésor.

Hervé Troccaz

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