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LA CLEF DES SONGES

Le Musée des Confluences à Lyon nous invite une fois de plus à un voyage fascinant, cette fois-ci dans l’univers du rêve avec l’exposition « Le Temps d’un Rêve », qui se tient du 18 octobre 2024 au 24 août 2025. Après avoir exploré des thématiques aussi variées que les épidémies et l’amour, l’institution nous propose une immersion dans l’un des aspects les plus mystérieux et universels de l’expérience humaine : le rêve. Un sujet souvent insaisissable, tant il échappe à la logique rationnelle, mais ici décortiqué sous un prisme historique, cognitif et artistique, pour en révéler toutes les facettes.

Entre neurosciences et psychanalyse

L’être humain passe un tiers de sa vie à dormir et une grande partie à rêver. Pourtant les rêves sont souvent peu ou mal compris et peu présents dans nos sociétés occidentales modernes. « On passe des années à rêver et pourtant on n’en conserve pas grand-chose. C’est un phénomène qui n’a pas d’usage dans nos sociétés contemporaines, qui est un peu absent, qui se dérobe, car on bute sur son caractère insaisissable« , explique Yoann Cormier, chef de projet de l’exposition.

Ce sujet vaste et encore méconnu est abordé au cours de 9 étapes. Le début de l’exposition est consacré aux avancées scientifiques et aux théories modernes sur le rêve. Elle aborde le sujet du rêve d’un point de vue cognitif, avec des explications sur le fonctionnement du cerveau pendant le sommeil paradoxal, et s’appuie sur des recherches en neurosciences pour expliquer les mécanismes qui sous-tendent nos rêves. Le visiteur peut ainsi découvrir des objets tels que l’amplificateur 12 voies utilisé dans les laboratoires pour analyser l’activité cérébrale durant le sommeil.

Sigmund Freud et la psychanalyse ne sont pas oubliés, avec une reconstitution du cabinet du célèbre psychologue, dans lequel les rêves étaient interprétés non plus comme des messages divins, mais comme des révélations de l’inconscient. Cette section montre l’évolution de notre compréhension du rêve, des croyances mystiques aux recherches plus modernes, tout en gardant un pied dans l’univers du mystère.

Qui sont les « rêveurs lucides » ?

Un rêve est dit lucide quand la personne endormie prend conscience qu’elle est en train de rêver. Environ 50 % des personnes interrogées disent avoir déjà fait un rêve lucide. Mais les personnes qui font des rêves lucides fréquemment sont rares. D’après les études expérimentales sur le sujet, un rêve lucide est associé à un état cérébral mixte et transitoire entre sommeil et éveil, c’est une sorte de réveil raté, ce n’est pas un état qui est censé arriver.

Les méthodes dédiées à l’augmentation des rêves lucides diminuent et fragmentent le sommeil. Un bon sommeil étant essentiel pour maintenir une bonne santé, quoi que ce soit qui le détériore n’est pas à recommander.

Des pathologies éclairantes

Certaines pathologies du sommeil permettent de mieux comprendre la nature des rêves. Les personnes souffrant de somniloquie (le fait de parler en dormant) nous démontrent la capacité du cerveau à créer des dialogues oniriques élaborés. Le somnambulisme révèle le potentiel du corps à agir de manière complexe et organisée dans un demi-sommeil. Par ailleurs, il invalide l’hypothèse selon laquelle le temps du rêve serait nécessairement différent du temps « réel ».

Une scénographie immersive et originale

L’exposition se distingue d’abord par une scénographie soignée, qui nous plonge dans un parcours labyrinthique évoquant les méandres du cerveau humain. Inspirée du théâtre, cette mise en scène joue avec les perceptions, à la frontière entre réalité et imaginaire, entre éveil et sommeil. Les visiteurs pourront s’allonger dans des fauteuils confortables pour écouter des récits de rêves, tout en admirant des projections fantasmagoriques qui apparaissent sur les murs. La musique immersive et les témoignages enregistrés viennent compléter cette expérience sensorielle unique, permettant à chacun de vivre l’exposition comme une véritable plongée dans le monde onirique.

Le rêve à travers les cultures et les époques

L’exposition explore le rêve à travers les âges, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, en passant par diverses cultures. On découvre par exemple les temples d’incubation grecs, où les pèlerins se rendaient pour recevoir des visions oniriques aux vertus curatives. En Mésopotamie et en Égypte, des rites similaires existaient, reliant l’homme à ses divinités à travers le sommeil. On y observe aussi des artefacts singuliers, tels que des appuie-nuques utilisés par les Égyptiens pour favoriser de « bons rêves », ou encore des objets symboliques africains et océaniens qui servaient de supports aux rêves divinatoires.

Les temples d’incubation

Les temples d’incubation ont vu le jour dans plusieurs cultures anciennes. L’incubation prophétique, définie comme l’attente d’une révélation divine au cours d’un rêve, est présente dans l’Ancien Testament, à travers certaines figures comme celle de Jacob. Les plus anciens témoignages remontent à l’époque sumérienne (entre 4100 et 1750 avant notre ère). Ainsi, en Mésopotamie, des adeptes participaient à des rituels d’incubation dans les temples dédiés à Nanshe, déesse associée à la guérison et à la divination. En Égypte antique, le culte de Bès emprunta la même voie. On rêvait dans les temples de Bès pour obtenir protection et guérison. De manière générale, les temples, considérés comme des portails entre les mondes terrestre et spirituel, étaient des lieux propices à de telles expériences sacrées.

Les temples à rêver

Pendant l’Antiquité, le rituel d’incubation (du latin incubare, « coucher ») émerge aux quatre coins du monde, tel un pont entre le profane et le sacré, reliant l’humanité au divin à travers le fil ténu des songes. L’incubation trouve son expression la plus éloquente dans la Grèce antique, sous le portique du sanctuaire d’Asclépios, divinité de la médecine, à Épidaure. Pendant des siècles, les pèlerins malades affluent dans l’espoir d’une guérison, par l’intermédiaire d’une vision divine offerte en rêve.

Et les animaux ?

Il est difficile de présumer de l’existence du rêve chez les différentes espèces animales. Néanmoins, les comportements observés pendant leur sommeil – proches de ceux présentés à l’état d’éveil dans leur milieu naturel (attitudes de prédation, de peur ou d’exploration) – sont un argument en faveur du rêve. Par ailleurs, on observe du sommeil paradoxal chez les oiseaux et les mammifères. Chez les humains, cette phase est souvent suivie d’un souvenir de rêve.

Des citations littéraires

Une autre dimension de l’exposition réside dans la richesse littéraire et artistique qu’elle propose. Les visiteurs peuvent lire des citations d’auteurs comme Guy de Maupassant, Proust, ou encore Homère, qui ont chacun abordé le rêve sous des angles différents. Cette juxtaposition de textes anciens et modernes apporte une profondeur intellectuelle à l’exposition, en offrant une réflexion sur l’évolution de notre rapport au rêve. Du rêve prémonitoire dans la littérature antique aux explorations plus introspectives des temps modernes, les textes viennent nourrir la pensée et éveiller l’imaginaire des visiteurs.

Citation de Guy de Maupassant, Le Horla, 1886

« Moi, je me débats, lié par cette impuissance atroce, qui nous paralyse dans les songes ; je veux crier – je ne peux pas ; je veux remuer ; – je ne peux pas ; j’essaie, avec des efforts affreux en haletant, de me tourner, de rejeter cet être qui m’écrase et qui m’étouffe – je ne peux pas ! Et soudain, je m’éveille, affolé, couvert de sueur. J’allume une bougie, je suis seul.« 

Un sujet abordé sous tous ses angles

L’exposition « Le Temps d’un Rêve » réussit brillamment à couvrir un large spectre : d’un point de vue historique, culturel, scientifique, mais aussi artistique (Dali, Paul McCartney) et même en temps de guerre, avec l’évocation des rêves sous un régime totalitaire.

Elle ne se contente pas de présenter les rêves comme des phénomènes abstraits, mais les illustre avec des objets concrets et des œuvres d’art qui permettent d’appréhender toutes les dimensions du sujet. Que ce soit par des masques cérémoniels, utilisés pour interagir avec les esprits à travers le rêve, ou par des œuvres d’artistes contemporains, l’exposition tisse des liens captivants entre passé, présent, science et art.

En fin de parcours, vous pourrez confier discrètement vos propres rêves dans des micros. Des songes qui apparaitront sur un écran géant grâce à l’intelligence artificielle. On a pas fini de rêver.

Hervé Troccaz

Notre avis

« Le Temps d’un Rêve » est une exposition riche et immersive, qui saura captiver les amateurs de culture, d’histoire, de sciences, et de littérature. Le Musée des Confluences parvient une fois de plus à nous offrir une exposition de qualité, à la fois ludique et érudite, sur un thème peu exploré mais universel. La scénographie particulièrement travaillée, combinée à la variété des approches, permet une exploration globale et complète du sujet. Un voyage onirique, invitant chaque visiteur à réfléchir sur la place du rêve dans sa propre existence.

Exposition « Le Temps d’un Rêve » au Musée des ConfluencesInformations Pratiques

Dates

📅 Du 18 octobre 2024 au 24 août 2025

Adresse

Musée des Confluences

📍 86 quai Perrache

Salles 11 et 15

69002 Lyon

Horaires

⏰ Mardi à dimanche, de 10h30 à 18h30. Nocturne le premier jeudi du mois jusqu’à 22h.

Tarifs

🎟️ 12€ plein tarif, gratuit pour les moins de 18 ans et les étudiants de moins de 26 ans. Pass annuel à 23€ (au lieu de 30€).

Accès

🚇 Tram T1 (arrêt Musée des Confluences)

Durée estimée de la visite

Environ 1h30 à 2h

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