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Après À nos amours et En forêt avec Vincent Munier, je poursuis ma visite au Musée des confluences par la nouvelle exposition intitulée Épidémies : “Prendre soin du vivant”. Une lecture des sociétés qui nous questionne sur l’avenir de la médecine. Voici le compte rendu de ma visite.
J’avais récemment visité une exposition au Musée des Beaux-Arts sur un autre sujet pointu, les Formes de la ruine. Avec cette même exigence, le Musée des confluences nous invite à découvrir l’exposition Épidémies : “Prendre soin du vivant” du 12 avril 2024 au 16 février 2025.
Quelle mémoire, conservons-nous des épidémies du passé et comment nous préparer à celles à venir ?
En faisant irruption dans nos vies, voilà maintenant quatre ans, la pandémie de la COVID a rappelé que nos sociétés vivent avec les épidémies depuis des millénaires. Choléra, grippe de 1918, sida ou encore, peste et variole : suivre le fil historique de ses grandes épidémies, permet de saisir combien les maladies infectieuses ont impacté les vies humaines, sur tous les continents, et dans toutes les cultures, s’imposant comme des déterminants majeurs des sociétés.
Cependant, bien au-delà des humains, les épidémies touchent l’ensemble du monde vivant. C’est donc en analysant aussi les relations inter espèces que nous pouvons comprendre ces phénomènes complexes, à la fois biologique et sociaux.
La Covid et son impact
L’exposition débute par une citation du journal intime d’une jeune lyonnaise nommée Anna. Alors qu’elle avait 9 ans cette jeune habitante de la Duchère déclara : “je voulais voir maman. Je voulais être à côté d’elle, et lui prendre la main, mais il ne fallait pas entrer dans sa chambre pour ne pas attraper la maladie. Avec ma sœur, on n’allait pas l’école, ni aux jeux. Toute la maison était triste. Toute la rue était triste“. Je prends ainsi conscience de l’impact sociétal des épidémies. La citation est accompagnée d’une vitrine où des microbes sont reproduits en verre et éclairés de l’intérieur.
La domestication au temps du Néolithique
Puis je rentre dans le vif du sujet, avec une chronologie approximative de la domestication entre 15 000 et 1000 ans avant notre ère. Je prends conscience qu’au Néolithique les premières épidémies faisaient déjà leur apparition. En effet, jusqu’à la fin du Paléolithique, les communauté humaines nomades ont été épargnées par les pathogènes virulents. Au Néolithique, le bouleversement des modes de vie et du rapport à l’environnement va rendre possible la contamination.
Les premières épidémies
Les humains inventent l’agriculture et se sédentarisent, ce qui provoque l’apparition des premières maladies. Pour satisfaire des besoins comme se nourrir, se vêtir ou se déplacer, ils domestiquent ainsi des espaces animales. Ce rapprochement au quotidien d’humains et d’animaux multiplie les échanges viraux et bactéries bactériologique. L’urbanisation est aussi un facteur décisif du surgissement d’épidémies.
Les grandes pestilences
L’exposition Épidémies : Prendre soin du vivant est construite de manière chronologique. Je découvre ainsi le temps des grandes pestilences. Durant l’Antiquité, les Empires Romains et Byzantins, conquièrent de nouveaux territoires et multipliebt les échanges commerciaux bien au-delà de leurs frontières. Un tel développement offre des conditions propices aux épidémies : plusieurs d’entre elles s’étendent pour la première fois sur trois continents : Asie, Europe et Afrique, Afrique du Nord. Les citoyens des Empires perçoivent la dimension collective de ces épidémies, alors regroupées sous la dénomination de peste ou de grande pestilence et intègrent leur système de croyance et de savoirs. À partir du XIVe siècle en Europe, la peste noire illustre la mise en place de mesures sanitaire spécifique qui vont s’intensifier au cours des siècles suivant. L’exposition et ses explications sont accompagnées d’une cartographie.
Par la suite, je découvre une scène de halage qui illustre l’importance du commerce, par voie fluviale et maritime à l’époque romaine. D’une rive à l’autre de la Méditerranée, les épidémies se propagent au gré des traversées. Par le biais du commerce fluvial, elles gagnent aussi l’intérieur des terres.
Les figures protectrices
Sans surprise, je découvre l’importance durant l’empire Romain du système de croyances qui régit la vie des citoyens, dont les actions sont motivées par le désir de satisfaire ou d’apaiser les dieux. Lors de l’épidémie de peste, ils adressent leur offrande à Apollon, le Dieu purificateur et guérisseur, à son fils Asclepius et à la descendance de ce dernier. Autant de divinités importantes du temps des grec. Sous le règne de Justinien, le christianisme installé dans l’empire byzantin développe une dimension apocalyptique en lien avec la peste. Pendant l’épidémie de 542, les habitants de Constantin vouent un culte à l’archange Gabriel et à la vierge Marie, figure protectrice. Punition divine, la peste est aussi interprétée par certains membres de l’église comme une occasion de renoncer au péché.
Médecine et médecins dans l’empire Romain
Le médecin Romain Gallien, qui est né en 129 et décéda en 201 fut témoin de la peste. Il affirme que les épidémies se transmettent par un air chargés de miasme. Il combine cette théorie avec celle des humeurs déjà formulées par Hippocrate pour expliquer l’ensemble des maladies : le malade serait celui qui présente un déséquilibre, des fluides qui parcourt le corps – la bile noire. À cette époque, les médecins et les femmes médecins sont jugés sur leur capacité prédire l’issue de la maladie, plutôt qu’à la guérir. Je trouve ça plutôt surprenant. Quel changement de paradigme par rapport à la médecine actuelle ! Des préparations médicamenteuse et petite chirurgie sont courantes chez les praticiens.
De Gallien à Avicenne la circulation des savoirs
Au IIe siècle Gallien rédige des centaines de traités qui circulent dans l’empire romain avant d’être oublié. C’est traités sont redécouverts entre le huitième et le 11e siècle par des médecins, à l’initiative de califes qui engagent une vaste entreprise de traduction des textes Romain. Le médecin persan Al-Razi écrit ainsi à Bagdad, la première monographie sur la variole, enrichissant de savoir pratique les descriptions de Gallien relatives à la peste. Par la suite, Ibn Sina dit Avicenne propose un canon qui dominera l’enseignement de la médecine pendant plusieurs siècles. C’est la traduction de cet ouvrage de l’arabe vers les langues latines, qui a permit de remettre en lumière les enseignements de Gallien en Europe.
Instruments pour des préparations
Parmi les instruments des médecins romains, les plus emblématiques sont la ventouse en verre ou en bronze, employés pour attirer à la surface de la peau, les humeurs en excès, ainsi que le scalpel indispensable à la réalisation de saignées. D’autres instruments permettent de peser, d’écraser, de tamiser et de mélanger divers ingrédients pour obtenir des préparations médicamenteuses. Ces derniers, solides, sont réalisés à partir d’éléments, végétaux, animaux et minéraux. Seul le contexte archéologique permet de trancher la question de l’usage des instruments retrouvés : confection de médicaments ou élaboration de produits de beauté ?
La deuxième pandémie de peste : prendre les mesures
Entre 1347 et 1352, le continent européen perd entre 30 et 60 pour cent de sa population. Ce choc démographie correspond à la production en Europe de nouvelles souches de Basile de la peste en provenance d’Asie mineure. La peste noire marqua le début de la deuxième pandémie de peste, dont les vagues épidémiques récurrentes donnent suite à des mesures spécifiques prises par les autorités, parmi lesquels l’isolement des corps et la désinfection de l’environnement. En parallèle, les populations observent des pratiques de dévotion, tandis que des innocents sont accusés de répondre intentionnellement la maladie. La peste fût marquée par les premières institutions de santé publique et la persécution organisée des juifs et des sorcières.
Bureau de santé et quarantaine
Je découvre par la suite que l’isolement est une mesure qui était prise bien avant la COVID, la quarantaine. Entre le 14e et le XVIIIe siècle siècle d’une vague à l’autre, et mesure se précise : déclarer isoler les pestiférés, interdire, enlever les cadavres. Les autorités politiques, rédigent des ordonnances et créent des bureaux de santé, véritables comités d’experts, mobiliser à la moindre alerte. La ville de Lyon, frappée six fois par la peste entre le 14e et la grande épidémie de 1628, met en place, le site de Saint Laurent. Des vignes accueillent, un hôpital pour pestiféré, dont la localisation au bord de Saône, fermer le chemin des malades par bateau. Un ensemble appelé l’hôpital de la quarantaine organise par la suite des lieux d’isolement supplémentaires pour séparer les sujets suspectés d’avoir la peste de ceux en voie de guérison. Un tel système témoigne d’une nouvelle de l’espace et du temps en cas de peste. Un arrière-plan historique passionnant.
Pratiques religieuses et désignation des boucs émissaires
J’avais découvert lors de la première partie de l’exposition Épidémies : Prendre soin du vivant, la dévotion des habitants envers les divinités. Face à la maladie et au développement des épidémies, et pour tenter de donner du sens aux catastrophes collectives, des vagues successives de peste, des pratiques magiques et religieuses se superpose aux mesures sanitaires dans l’histoire de l’humanité. Afin d’ éloigner la maladie, des talismans sont portés contre le corps tandis que le culte des dessin et des pèlerinage entretiennent l’espoir de guérison miraculeuse. Mais, puisque la peste est considérée comme un châtiment divin, des actes de dévotion ne suffisent pas : un processus de désignation, des boucs, émissaire, juge coupable des péchés de la collectivité,. Dans toute l’Europe des juifs et des femmes sont accusés de semer la peste et subissent les pires supplices.
Débat sur la transmission de la peste
Tandis que les autorités publiques et religieuses partagent l’administration de la peste, un vaste débat s’engage entre savant à partir du XVIe siècle : la peste se propage-t-elle par un air chargé de miasme ou par contagion direct d’un corps à l’autre ? À Marseille, un médecin propose l’hypothèse nouvelle d’un véhicule insecte. Mais elle est refusée par les autres médecins, pour qui la propagation est due à particule en suspension dans l’air. Au-delà de ces théories, les médecins deviennent des figures importantes dont la gestion des épidémies de peste. Certains se spécialisent dans la veille sanitaire, d’autres recommandent les antidotes et indiquent aux chirurgiens les incisions et pansements à réaliser. Je découvre ainsi une autre facette de l’humanité et la considération des épidémies de manière plus pragmatique et scientifique.
Mémento Mori
Dans cette pièce, je découvre notamment une magnifique apothicairerie et une anaphore prêtée par le centre Pompidou de Paris, de l’artiste contemporain allemand, Stéphane Belkenhol. Cette dernière donne à avoir alternativement la vie à la mort, facettes indissociable de la condition humaine. En me déplaçant autour l’œuvre, je suis amené à ressentir avec acuité, la proximité de la mort et aussi le caractère précieux de l’existence.
Nouvelles échelles épidémiques
Si les grandes pestilences du passé se sont étendues à l’échelle de trois continents, Asie, Europe et Afrique du Nord, la variole et la grippe dite espagnole sont deux exemples d’épidémie devenues pandémies : elles ont touché la totalité du globe. La variole, ancienne, aux épisodes épidémiques récurrents, a notamment profit” de la colonisation européenne à partir du XVe siècle pour se diffuser largement. Je découvre que la grippe espagnole fut la première à se propager avec une telle rapidité en pleine guerre mondiale. Comment réagissent alors les sociétés impactées sur les différents continents et en fonction de leur culture respectives ? C’est à ces questions que tentent de répondre la suite de l’exposition.
La variole, une pandémie au long cours
Maladie à l’échelle planétaire, la variole a notamment profité de la colonisation européenne pour se diffuser, n’épargnant aucune société. Probablement en situation de plusieurs millénaires, elle est devenue plus virulente après le XVIe siècle, prenant sa forme connue. Les malades, fiévreux sont saisis de nausées et de vomissements, puis de boutons pustuleux laissant des cicatrices. Ces symptômes spectaculaires, éprouvés sur les cinq continents, ne rendent cependant pas compte des relations multiples entre les humains et cette maladie. J’apprends que la variole a joué un rôle dans le déclin de communautés entières, a influencé les croyances et c’est avec elle que les premières vaccinations ont été expérimentées.
Aux Amériques : colonisation européenne et choc microbien
En 1519, le conquistador Hernan Cortes introduit la variole depuis les côtes du Mexique, en colonisant les terres et la population au nom de l’empereur Charles Quint. Par vagues, elle réduira considérablement la population Aztèque. Cette réalité n’est aucune composante de l’unification microbienne du monde, phénomène indissociable de la colonisation des Amériques par les puissances européennes. En 1492, l’arrivée des navires de la couronne espagnole dans les Caraïbes marque en fait le début des Echanges biologique asymétrique contre les populations de l’ancien et du Nouveau Monde, séparés depuis 20 000 ans. Des pathogènes virulent comme la variole, la rougeole et la thyroïde, établis de longue date, sa batte sur des populations indigènes. Un siècle et demi, après l’arrivée des colonisateurs, la population amérindienne comptait 55 millions d’individus et elle tombe à 6 millions. Quelle tristesse !
Étudier, voir, cultiver l’infiniment petit
Le XIXe siècle est marqué par une intense recherche en matière d’épidémies. Au fil de ce siècle, ponctué par des épisodes de choléra, je découvre ainsi que les hygiénistes organisent la lutte : médecins, responsables politique, architectes, cartographient et tentent ainsi d’assainir ville set hôpitaux, tandis que les premières enquêtes épidémiologiques sont menées. Par la suite, les microbiologistes parviennent à rendre visible les bactéries, puis l’établissement qu’un microbe correspond à une maladie. Partout dans le monde, ils vont à leur domestiquer les agents infectieux en laboratoire pour mettre au point vaccin et sérum au profit des humains et des animaux.
La grippe de 1918 : une épidémie en temps de guerre mondiale
Je poursuis mon exploration chronologique avec l’évocation de la Première Guerre mondiale. En an et trois vagues successives, la grippe dite espagnole a été la première épidémie à se propager avec une telle rapidité sur les cinq continents. Elle fera entre 50 et 100 millions de morts, affectant un tiers des humains. Ces chiffres sont vertigineux. Ce bilan humain ne reflète l’expérience vécue par ses contemporains. Revenir au paysage médiatique de l’époque me permet donc de décortiquer la construction de l’évènement pandémie, alors que la première guerre mondiale focalise l’attention dans les médias, quelles informations circulent, commence la controverse scientifique et sociale, combien de temps les populations mettent à ce qui leur arrive. Autant de questions abordées dans cette passionnante parties de l’exposition Épidémies : Prendre soin du vivant.
Au Japon, Hozogami démon de la variole
Le Japon a connu de nombreux épidémies de variole, les plus anciens témoignages, remontant au sixième siècle. À la suite de l’introduction de technique de variolisation depuis la Chine au XVIe siècle, cette épidémie qui avait jusque-là une diffusion nationale va être plus localisées. En conséquence à l’époque, le gouvernement se désengage et délègue leur gestion aux villages touchés. La variole, très présente, a été personnifiée au fil du temps sous le train d’un démon Hozogami. En parallèle, la divinité, Jizo, protectrice des enfants était particulièrement vénérée lors des épisodes de variole, en raison de la forte mortalité infantile. Des pensées, des poèmes contre la maladie, rythme aussi la société nippone, tandis que la couleur rouge est utilisée comme repoussoir.
La microbiologie à une échelle mondiale
En 1883, le microbiologie allemand, Robert Koch identifie sous son microscope la bactérie responsable des épidémies de choléra grâce à ses travaux effectués en Égypte durant la cinquième pandémie. L’année suivante, en Inde, il réussi à obtenir la première culture pure de cette bactérie. Pour chaque maladie, on cherche désormais le pathogène responsable. Par leurs observations sur le terrain et leurs expériences sur laboratoire, les microbiologistes montrent aussi le rôle d’animaux et d’insectes dans la transmission de certaines épidémies comme la peste. Au XIXe siècle, la nouvelle séance des microbes fournit une assise pour l’étude des maladies et permet de soigner plus efficacement les humains et les animaux.
Rendre visible bactéries et virus
C’est sans doute la partie la plus ludique y compris pour les enfants. En effet, au XIXe siècle sous le microscope, on découvre la cartographie des bactéries pathogènes associant chacune d’entre elles à une maladie. Pour réussir avoir beaucoup plus que les bactéries, il faudra attendre l’imagerie électronique vers 1930. Après des siècles de débat, sur la présence de miasmes dans l’air ou dans l’eau, produire des images fixes ou animées de micro permet de prouver l’existence de ces petits êtres jusque-là totalement visible aux yeux des humains et de les imposer comme des acteurs au sein des sociétés. J’observe alors des bactéries et des virus dans des microscopes. Le sujet de l’exposition me paraît moins abstrait.
J’observe notamment des insectes vecteurs de maladie. Un grand nombre de maladies transmissibles sont des maladies à transmission aux vectorielles. Le vecteur est un arthropode, un insecte ou d’une tique. La plupart du temps il assure la transmission de l’agent pathogène d’un autre vertébrés à un autre par piqûre, en prenant son repas de sang. J’ai déjà ainsi entendu parler des poux et autres puces.
J’ai également observé un micro champignon, le Penicill camemberti. Bien que les produits laitiers ne soient pas des substrats naturels pour les champignons, les humains ont domestiqué certaines espèces pour la production de fromage, notamment le camembert.
Instituts et laboratoires
Si voir les agents affectueux permet d’admettre leur existence, il s’agit aussi de les cultiver au laboratoire et d’expérimenter leurs effets sur les animaux. Le tournant du XIXe siècle est un moment d’effervescence technique : toute une verrerie spécialisée des instruments de désinfection, font l’objet de brevet d’invention. Ce développement matériel va de pair avec le développement institutionnel de la microbiologie, qui organise les infrastructures scientifique et médicales dont nous avons hérité. Louis Pasteur, en France ou Robert Koch en Allemagne, travaillent en équipe et bien que les noms de femmes apparaissent peu. Elles sont aussi actrice de la microbiologie. J’espère que l’histoire leur rendra un jour hommage.
Maladie émergentes et nouveaux acteurs : Ebola et le Sida
Je découvre alors la dernière partie de l’exposition Épidémies : Prendre soin du vivant qui s’intéresse aux maladies émergentes et aux nouveaux acteurs. La révolution bactériologique, les antibiotiques et les indications de la variole ont donné l’espoir de vaincre les maladies infectieuses. Hélas, l’apparition du virus et Ebola, puis l’explosion des cas de sida dans les années 80/ 90 marquent la fin de l’utopie d’un monde sans épidémie. La longue série de maladies émergentes obligent les acteurs institutionnels au défi d’appréhender ensemble la santé humaine, celle des animaux et celle des écosystème. Rn parallèle, d’autres acteurs, comme des associations, des soignants, des artistes et activistes jouent un rôle social et s’attellent en temps d’épidémie à défendre et accompagner ceux qui souffrent.
Le retour de la menace infectieuse s’opère en juin 1981, 11 articles du centre de contrôle et de prévention des maladies d’Atlanta, décrit l’apparition de la pneumonie rare chez cinq jeunes hommes, dont le point commun et d’avoir eu des relations sexuelles avec des hommes. Dans les mois qui suivent, aux États-Unis, en Europe, on constate que d’autres membres de la communauté gay, mais aussi des drogués et des personnes transfusées d’affections diverses, résultant toutes d’une défiance de leur système immunitaire. Dans les années suivantes la maladie qui touche aussi les hétérosexuels s’étend au monde entier. Pour la médecine qui pense tenir à distance les grandes épidémies, la pandémie de sida avec ses 40 millions de morts est un brutal rappel à la réalité.
Je découvre alors de nombreux documents témoignant d’une époque et de l’apparition du VIH, avec une grande bannière, “Agir pour ne pas mourir“, mais aussi des affiches et des documents. C’est poignant de découvrir que la pandémie de sida fut une épreuve pour le monde médical, désemparé face à l’absence de médication puis et donc mieux les patients qui subissent de long traitement. Dès les années 1980/1990, une nouvelle génération de soignant s’essaie à traiter différemment les maladies et leur souffrance. Une relation précieuse.
Associations, soignants, artistes : mobilisation générale
Comme je l’avais découvert dans l’excellent film 120 battements par minute, face à la stigmatisation des personnes séropositives, des associations et des soignants et des artistes se mobilisent. En France, le décès du philosophe Michel Foucault en 1984 constitue ainsi un tournant. Suite à sa disparition, son compagnon Daniel Defert créé AIDES. Cette association de lutte contre le sida fédère des anonymes qui affluent pour accompagner celui qui souffre. Par l’attention portée au vécu individuel, un savoir collectif et produit et opposer aux gouvernants et à l’industrie pharmaceutique. Je prends conscience que pour la première fois dans l’histoire des épidémies, les malades deviennent experts de leur maladie et des acteurs de la santé publique. Cette lutte militante devient dès lors un modèle d’action, transposable à d’autres épidémies.
Humains, animaux, micro-organismes : tous acteurs
Sida, COVID-19, variole du singe, depuis le début de la pandémie de sida on a pu observer l’émergence de nouveaux pathogènes dont 60 % son origine animale. Dans le même temps, la résistance des bactéries aux antibiotiques a conduit à des impasses thérapeutiques. Il y a des décès en nombre constituant à elle seul un nouveau type de pandémie. Face à ses émergences, désigner coupable les espèces sauvages demeure cependant simpliste. C’est au contraire, la perte de la biodiversité et la concertation d’animaux domestiqués dans des élevages qui accélère les transferts de pathogènes entre espèces. Ainsi, l’exposition Épidémies : Prendre soin du vivant fait écho à celle En forêt de Vincent Munier, qui lui aussi préconise le maintien de la foi et de la flore. Le XXIe siècle marque ainsi une nouvelle étape dans l’histoire de la santé publique : alors que l’éradication des pathogènes a cessé d’être un modèle, il s’agit désormais d’analyser les pratiques qui nous lient à l’ensemble du vivant.
Épidémies d’origine animale ces dernières décennies
Le rôle des animaux dans l’émergence de nouvelles maladies a été mise en avant. Mais les animaux sauvages ou domestiques ne transmettent des pathogènes que dans certaines conditions. À l’heure de l’effondrement de la biodiversité et de la standardisation du vivant, ce sont des changements propres à l’anthropogène qu’il faut interroger. L’impact des activités humaines sur les écosystème est indéniable : c’est parce qu’elles détruisent des espèces de pathogènes entre en contact fréquent avec des humains ou avec des animaux de plastique qui peuvent alors devenir relais des maladies. L’élevage intensif en concertant des animaux immunodéprimés favorise aussi la propagation d’épidémie. J’espère que nos contemporains en prendront conscience et changeront leurs habitudes alimentaires et protégeront davantage notre planète.
Cette réalité est brillamment illustrée avec un cliché signé Phil Clark Hill en 2014, qui témoigne de la destruction de la forêt amazonienne pour la construction d’un barrage hydroélectrique. Cela fait froid dans le dos.
Hervé Troccaz
Notre avis
En portant un regard historique sur les épidémies sur un temps long, permet de saisir à quel point le bouleverse tous les aspects de la vie en société, invitant chacun d’entre nous à se mobiliser sur le plan scientifique comme politique. Mais l’histoire des épidémies n’est pas seulement celle des humains. Il s’agit d’une histoire partagée, dans laquelle animaux et micro-organismes sont partis prenante. À l’heure où les maladies émergentes attirent notre attention sur l’exploitation intensive des écosystèmes, notre rôle est désormais de prendre soin de l’ensemble du vivant. Bien que le thème de l’exposition épidémie me semblait ardu, j’ai été enchanté par la scénographie très riche qui mêle le document historiques, tableaux et objet concrets comme des microscopes. Une fois de plus, avec l’exposition “Épidémies : Prendre soin du vivant” le Musée des confluences a réussi à rendre un sujet complexe abordable et passionnant.
L’exposition “Épidémies : Prendre soin du vivant” au musée des Confluences de Lyon – Informations pratiques
L’exposition En forêt avec Vincent Munier au Musée des Confluences à Lyon – Informations pratiques
Musée des Confluences
📍 86 quai Perrache
69002 Lyon
Horaires
⏰ Du mardi au dimanche de 10h30 à 18h30
Nocturne jusqu’à 22h le 1er jeudi du mois
Tarifs
💰 Gratuité : jeunes, solidarité, handicap, professionnels et Lyon City Card
Tarif plein : 12 €
Tarif réduit : 7 €
En raison de la jauge limitée de la salle, un temps d’attente est à prévoir pour la visite de l’exposition. Privilégiez une visite le matin pour un meilleur confort.
Accès
Étage 1, salle 14
🚇 Arrêt Musée des Confluences
Parking Tony Garnier
http://www.museedesconfluences.fr
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