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Depuis le 20 octobre 2023 et jusqu’au 25 août 2024, le Musée des Confluences à Lyon présente l’exposition évènement “À nos amours“. L’occasion d’explorer ce thème sur toutes ces formes. Un sujet qui touche chacun d’entre nous mais reste encore insaisissable, fragile et passionnel. Voici le compte rendu de ma visite.

L’HYMNE A L’AMOUR

Dans un décor orangé le mot “Je t’aime” est décliné  en divers langues : japonais, chinois, anglais, et naturellement français. Puis je pénètre à travers des arches en forme de cœur.

Etymologie du mot amour

L’exposition débute par des précisions étymologiques. Logique pour un mot qui désigne quatre sentiments. En effet, si la langue française ne dispose que d’un terme pour désigner l’amour envers une ou un ami ou pour le chocolat, la langue grecque permet des nuances. Eros fait référence au désirs, à la passion charnelle, Storgé l’amour familial, Agapé, l’amour désintéressé et enfin Philia, l’amitié et le lien social. En écho à ces différents sens cachés derrière le terme amour, les recherches scientifiques pluridisciplinaires récentes montrent que l’amour et l’attachement ne se résument ni au sexe ni au couple.

Parlez-moi d’amour

Après cette introduction, je découvre un film de près de 25 minutes intitulé Parlez-moi d’amour, où des personnalités sont interviewées : un professeur, un philosophe, un sociologue, un professeur de sociologie, un anthropologue, ou encore un psychiatre. Chacun donne son point de vue sur ce sujet sensible. Un éclairage très intéressant.

Le point de vue scientifique

L’amour est parfois source de grande tristesse, occupe une place importante dans notre vie quotidienne, alors que les arts le décrivent magistralement. Il faut reconnaître que j’ai du mal à le définir dans toutes ces dimensions. Heureusement, je découvre que depuis quelques années un certain nombre de chercheuses et de chercheurs placent l’amour au centre de ces questionnements. L’exposition me permet de découvrir le point de vue de huit scientifiques.

L’estime de soi

Autre sujet abordé dans l’exposition À nos amours  : l’estime de soi qui manifestation de l’intérêt que l’on se porte. Être soutenu par l’attention de notre entourage est l’une des conditions de notre épanouissement et de notre bien-être. À tous les âges de la vie, le fait de se sentir aimé, participe à la construction de son amour, propre l’altruisme, aide à prendre vie en main. L’empathie est l’aptitude à comprendre et à partager l’émotion de l’autre. En cas d’évènements graves, l’affection et le soutien sympathique des autres m’aident à me ressaisir à rebondir. C’est ce que l’on nomme la résilience.

Miroir mon beau miroir

Par la suite, je me déplace à travers des miroirs qui me renvoie mon reflet. Ils m’invitent à l’introspection grâce à de nombreuses citations gravées comme “Tu as de beaux yeux” ou encore “Qu’est-ce que tu vois ?”

Personnalités altruistes

Juste à côté, je découvre de nombreuses personnalités qui ont fait preuve de générosité à l’instar de l’Abbé Pierre ou encore de Coluche. Une frise chronologique relate leur investissement auprès des êtres humains. De véritables exemples qui font preuve d’empathie. Je prends conscience que cette notion joue un rôle capital dans les relations humaines, car il s’agit de cette capacité à ressentir et comprendre l’expérience vécue par autrui, ainsi que son état d’esprit en se mettant à sa place, mais tout en maintenant la distinction avec soi. Cette préoccupation pour l’autre suscite des comportements d’entraide. L’état d’empathie peut varier au cours de la vie et même au cours de la journée. Tout comme l’altruisme, il peut être cultivé.

L’attachement


L’exposition À nos amours aborde également la notion d’attachement, un lien qui protège et libère à la fois. Pour apaiser ses peurs ses chagrins et ses colères le bébé a besoin des adultes. Il a la capacité des la naissance de chercher la proximité pour se rassurer. C’est un besoin vital d’adulte, qui répond à cette demande et devient sa figure d’attachement. S’il le fait de façon prévisible, efficace, l’attachement est dit “secure”. Si la réponse aux besoins du bébé irrégulière est trop rare, inadapté ou inefficace, l’attachement est qualifié d’”insecure”. Spontanément, l’enfant adapte son comportement pour obtenir la proximité dont il a besoin.

Je poursuis mon exploration avec la mise en avant de peluches qui traduisent de manière concrète ce thème de l’amour parental.

Les nouveaux codes amoureux



Par la suite, je découvre un grand écran qui explore les nouveaux codes amoureux. Il met en avant le travail de Morgane Ortin, directrice éditoriale dans une maison édition numérique nommée Des lettres. Depuis 2017, elle a créé le compte Instagram @amours_solitaires sur lequel elle publie quotidiennement des SMS amoureux anonymes. En octobre 2018, le livre “Amours solitaires” est publié aux éditions Albin Michel, un roman épistolaire composé uniquement des rassembler pour une forme qu’une seule et même histoire d’amour, à la manière d’un cadavre exquis. Au moment de l’ouverture de l’exposition plus de 550 000 abonnés lisaient à chaque jour amour solitaire. Le projet qui était à la base littéraire avait pour but une nouvelle valorisation de la langue française par le prisme du langage amoureux. L’usage d’Internet devient militant.

Sous la bannière de la révolution de l’amour, Morgane Ortin veut donner une nouvelle légitimité aux sentiments amoureux et à la sensibilité, libérer la parole dans la sphère de l’intime, et pousser tout un, chacun et femmes à exprimer ce qu’il ressent faisant fi des barrières, de la honte et de la pudeur. J’appuie alors sur différents boutons pour explorer sur le grand écran. Ces nouveaux codes amoureux : l’amour familial, l’amitié, les chagrin d’amour, la rupture encore la séduction. C’est très ludique et réussi.

Voilà, ce sera toi

Je constate que l’amour est aujourd’hui à l’origine de la formation du couple en Occident. Mais cette forme conjugale semble bien fragile face à la montée en puissance de l’individualisme et à la difficile. En effet, dans certains couples actuels, le modèle fusionnel n’est pas un objectif à atteindre : chacun n’est plus la moitié de l’autre. Il est devenu essentiel de préserver l’autonomie de chaque partenaire, afin de garantir son épanouissement. Base de la famille occidentale contemporaine, le couple est une norme qui se transmet via les récits, les jouets ou même les longs métrages. Pourtant, cette injonction à vivre à deux peut-être vécue pour certaines personnes comme une contrainte. Elle est d’autant plus difficile à vivre pour celle et ceux qui font l’objet de stigmatisation en raison de leur orientation sexuelle.

Les rencontres en ligne

Je lève les yeux et découvre alors des parapluies, mais aussi un panneau explicatif abordant, un autre sujet délicat des rencontres en ligne. Je prends conscience que les pratiques numériques influencent les échanges amoureux et sexuels actuelles. En 2021 en estimait que 30 % des personnes de 18 à 69 ans vivant en France, s’étaient déjà inscrites sur un site de rencontre. Je trouve ce chiffre significatif est très important. Ces applications peuvent a priori, mettre en contact des individus éloigné spécialement et socialement. Sans être une révolution, le recours aux outils numériques modifie partiellement certains aspects de la rencontre : l’importance de l’image, les rencontres, à l’abri des regards, mon corps, l’importance des échanges textuels. Je suis pleinement d’accord avec cette analyse. Cette approche statistique est accompagnée d’illustration sur le palmarès des lieux de rencontre, l’évolution de l’usage des sites de rencontre en France. Cela donne parfois le vertige, mais permet aussi une mise en perspective pour une analyse plus poussée et objective.

Juke-box géant

Plus ludique, je pénètre ensuite dans une salle avec un karaoké géant où je peux choisir sur un clip sur un juke-box. L’occasion d’écouter des chansons sur le thème de l’amour, comme “Amour toujours” de Clara Luciani, “Until I found you” de Stephen Sanchez, “I Need you” de Jon Baptiste, “Le temps de l’amour” de Françoise Hardy et Bon Entendeur, “If you Do” de Got7, “Tu si saved quererme” de Natalia Lafourcade et Los Macorinos, de la variété mexicaine.

Je prends conscience que le thème de l’amour est une source d’inspiration universelle dans cette animation ludique est très réussi. L’amour est un sujet qui ne s’épuise jamais. Chaque génération d’artiste de la chanson. Trouve une nouvelle manière d’évoquer les émotions, les passions et le désespoir engendrés par l’amour, touchant ainsi le cœur du public. Le plus ancien exemple de composition musicale avec sa notation et l’épitaphe de Seikilos gravé sur une colonne de marbre en Anatolie daté du deuxième siècle de notre ère. Cette chanson évoque déjà ce thème universel.

Un membre de la famille

Changement de sujet : je découvre des explications sur le terme domestication qui vient du latin domus, qui signifie maison. Nous partageons régulièrement mon lieu de vie avec d’autres espèces. Certaines elles ayant des contacts quotidiens avec leur propriétaire ont même un statut particulier. Ces animaux de compagnie interagissent avec nous dans une relation dite « pseudo sociale «  apportant souvent un bénéfice réciproque et engendrant un lien si fort qu’il en vienne parfois en faire partie de nos familles Je découvre alors des photos de perroquets, mon corps, de léopard portés par des enfants. C’est touchant et en effet une autre manière d’aborder ce sujet.

Garder le lien

Nous sommes des êtres sociaux et les interactions avec nos semblables sont essentielles. L’éventail des liens affectif structure. Notre vie constitue le socle de notre bien-être. Mais rester en contact avec nos proches n’est pas toujours facile. Parfois il arrive qu’un éloignement ou même une rupture vienne bouleverser nos habitudes. Je découvre ainsi la nécessité de garder le lien y compris entre les morts et les vivants qui est maintenu comme un devoir de mémoire. Ainsi conserver un objet ayant appartenu au défunt, une mèche de cheveux, comme une relique ou sa représentation au travers d’une statue ou d’une scène de vie, permet d’atténuer la douleur de son absence, honorer sa mémoire, tout en maintenant son souvenir vivace. Je découvre dans des vitrines des reliques parfois très anciennes.

Nos téléphones


À nos amours ne fait pas l’impasse également sur des sujets essentiels, comme les téléphones qui relient des populations du monde entier, quelque soit les cultures. Le portable est un précieux par exemple pour les migrants. Ils sont nombreux à écouter des musiques familières sur les plateformes de musique, rassurer leur entourage, rester dans le pays d’origine, par le biais de photos, de messages, poster sur les réseaux sociaux. J’apprécie cette approche qui nous fait prendre conscience d’une réalité, bien éloignée de la nôtre.

Souvenirs d’amitié

Puis je poursuis ma visite par la découverte des souvenirs d’amitié. Cette notion unit les individus. Comme l’amour est se manifeste par un sentiment de compréhension mutuelle et par une certaine intimité, exprimée, à travers des mots, des silence, des chuchotements, des états de rire, des sourires, des regards… Mais aussi, dans les moments partagés, et des objets symboliques, des cadeaux, des messages qui sont autant de témoignage de ce lien. En amitié aussi on doit montrer son affection à l’autre. Je découvre notamment l’album d’amitié de Magdalena Scharf, née en 1823 et décédée en 1849, un ouvrage prêté par la bibliothèque universitaire de Strasbourg. L’album d’amitié est un carnet personnel dans lequel son rassemblé des dessins, des photographies et des mots d’amis. Son usage est apparu au septième siècle : les personnes lettrés parcouraient l’Europe avec ses ouvrages et recueil des textes ou des dessins d’amis éduqués comme elles. L’usage de ses albums s’est développé au XXe siècle, et s’est répandu dans  toutes les classes sociales. Je ne connaissais pas cette tradition qui hélasse s’est perdu à leur Internet et des réseaux sociaux. Une fois de plus, l’exposition À nos amours aborde tous les prismes de ce sujet très vaste.

Amour virtuel


Dans la droite lignée de l’évocation des téléphones portables, l’exposition À nos amours ne fait pas la impasse sur les intelligences artificielles et autres robots. Je redécouvre qu’en 1996, les enfants prenaient soin d’animaux virtuel, les Tamagotchis et développaient un signe un sentiment d’attachement et de responsabilité. J’avais presque oublié leur existence, tant cet objet passé de mode.

Plus proche de nous en 2014 et 2016, Xioice et Replika voyaient le jour ces deux ChatBot (respectivement 600 millions et 10 millions d’utilisateurs permettent de conserver avec un avatar virtuel personnalisé. Maîtrisant, les codes linguistiques et comportementaux ils conduisent à un attachement et donnent l’illusion d’un intérêt réciproque qui simulent un lien. Je trouve cela très triste que nous contemporains laissent le pouvoir à la machine. En deux 2018 au Japon, de une nouvelle manière a été franchi : un homme époux de manière symbolique, une chanteuse virtuelle. Je suis pris de vertige. Déconcertante, ces intelligences artificielles et robots font donc désormais partie de notre quotidien et un attachement plus ou moins fort peut se créer avec elles. C’est nouveau lien en un isolement social ou au contraire, les interactions entre les individus en agissant comme des médiateurs. C’est le cas de PARO le robot émotionnel ou encore Lena.

Calligramme surprise


La visite se termine par un atelier ludique où je rentre le prénom de mon épouse et un logiciel crée un calligramme surprise. Ce dernier peut même être imprimé. C’est un joli cadeau pour conclure cette excellente exposition !

Hervé Troccaz

Notre avis

L’amour est étudié depuis longtemps, par les philosophes, les biologistes, les psychologues et les sociologues. Aujourd’hui, une nouvelle démarche interdisciplinaire, celle des sciences affectives, pour consacrer à l’étude des émotions et de leurs effets sur le comportement humain. Ces recherches semblent essentielles  à la compréhension de la société. Elles permettent d’approcher le phénomène amoureux à travers ses multiples dimensions.

J’ai vraiment apprécié cette exposition À nos amours qui aborde de le phénomène amoureux, à travers ses multiples dimensions : l’amitié, mais les nouvelles technologies etc. La scénographie est très réussie et permet grâce à de multiples portes d’entrée d’apporter des sources de réflexion. L’amour cessera-t-il un jour de nous étonner ?

Exposition À nos amours au Musée des Confluences à Lyon – Bande-annonce

Bande-annonce

Exposition À nos amours au Musée des Confluences à Lyon – Informations pratiques

Musée des Confluences

📍 86 quai Perrache

69002 Lyon

04 28 38 12 12

Horaires

⏰ Du mardi au dimanche de 10h30 à 18h30
Nocturne jusqu’à 22h le 1er jeudi du mois

Tarifs

💰 Gratuité : jeunes, solidarité, handicap, professionnels et Lyon City Card
Tarif plein : 12 €
Tarif réduit : 7 €

Accès

🚇 Arrêt Musée des Confluences
Parking Tony Garnier

http://www.museedesconfluences.fr

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