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Les Nuits de Fourvière
Les Nuits de Fourvière

Les Nuits de Fourvière 2018 se dérouleront du 11 juin au 30 juillet. Le festival demande une grande préparation, des mois, voire des années à l’avance. Les explications de Dominique Delorme, le directeur de l’institution.

Propos recueillis par Hervé Troccaz

Combien de temps faut-il pour monter un spectacle ?

Il faut distinguer trois types de spectacles : ceux que nous produisons nous-mêmes, ceux qui sont coproduits et ce que nous achetons. Il arrive que nous maîtrisions toute la chaîne de A à Z. Quand nous produisons, l’idée vient de nous et de nos échanges avec les artistes. L’ensemble évolue en fonction de la faisabilité, des coûts et de la possibilité de trouver des partenaires pour financer ces spectacles. Dans ce cas, la décision est prise au moins un an à l’avance, voire trois ans dans certains cas.

Autre catégorie : les coproductions. Là encore, l’idée vient de nos échanges et discussions avec les artistes. En général, une coproduction est décidée un an à l’avance.

Enfin dernière catégorie : les spectacles que nous accueillons, qui tournent déjà dans d’autres villes et que nous achetons. La prise de décision dans ce cas demeure beaucoup plus courte, elle peut se faire même parfois à la dernière minute, trois à quatre jours avant que le programme ne parte en impression, en fonction des opportunités ou des réponses des artistes. En général les tourneurs et producteurs programment une tournée mondiale, avec un parcours, pour optimiser le déplacement. Nous formulons alors une offre et pouvons attendre parfois des semaines, voire des mois avant d’obtenir une réponse. Pour ne pas être pris au dépourvu, nous prévoyons de programmer plusieurs artistes à une même date en cas de désistement.

Comment faites-vous justement pour gérer au mieux le stress ?

Comme d’autres métiers nous devons faire face à des imprévus. À nous de les gérer au mieux. Certaines périodes sont plus propices à la réflexion, nous avons plus de temps. Nous savons nous organiser au mieux en amont pour avoir des « amortisseurs », certaines dates ont jusqu’à trois options différentes. Nous établissons un calendrier. C’est parfois un coup de billard à trois bandes. Nous n’hésitons pas ainsi à nous concerter avec d’autres festivals comme le Paléo à Nyon ou Le Festival de Nîmes pour faire une proposition commune. Ce fût le cas d’un spectacle de cirque, qui après avoir été présenté à Lyon, a été montré ensuite à Montpellier, Perpignan et Barcelone, en fonction des accords avec nos partenaires et nos confrères.

La côte de popularité de certains artistes explose soudainement, parfois. Comment faites-vous pour les convaincre de se produire au Théâtre Antique ?

Nous faisons un grand travail de veille. Si pour le grand public la côte de popularité d’un artiste peut exploser soudainement, nous sommes habitués à repérer les jeunes talents, sur un cycle de deux ans. Notre force est de mélanger les têtes d’affiche et les découvertes. Nous sommes toujours en contact avec les producteurs qui nous parlent des projets de leurs artistes. Nous avons la particularité de produire nous-mêmes le spectacle. Le Festival les Nuits de Fourvière est porteur d’une dynamique, nous sommes de véritables prescripteurs. Nous défendons les artistes que nous choisissons. C’est un lieu singulier dans un bassin de population dense. Le Théâtre antique fait partie intégrante d’une cité d’un million d’habitants et de 6 millions si on compte la région Rhône-Alpes. Nous bénéficions de l’attractivité et de la dynamique économique de la région. Certains artistes qui sont programmé en première partie de tête d’affiche font parfois fuiter l’information avant que la programmation ne soit dévoilée, car pour eux, être programmés aux Nuits de Fourvière constitue une grande fierté.

Combien de personnes travaillent sur les Nuits de Fourvière ?

L’équipe permanente est constituée de 12 salariés. Mais lors du festival, nous sommes prêts de 500, dont 300 techniciens. Ces derniers jouent un rôle primordial avec le montage et démontage quotidien entre minuit et 5h du matin. Dès le mois de mai le Théâtre antique est aménagé pendant un mois par 60 personnes. Il faut prêt de 15 jours de démontage. C’est une véritable ruche qui fonctionne à plein temps sept jours sur sept. Cet ensemble nécessite une grande logistique, avec un planning spécifique pour chaque spectacle. Il s’agit de ne pas être pris au dépourvu et d´anticiper au mieux. Si notre travail est bien fait et réalisé nous sommes sereins le jour J.

Comment repérez-vous les spectacles vous souhaitez programmer ?

Nous parcourons les festivals dans le monde entier, les États-Unis à l’Australie. Le travail de veille commence également au coin de la rue, car nous pouvons programmer des spectacles conçus avec des artistes lyonnais. Nous lisons également beaucoup la presse. Cela peut être le point de départ d’une belle collaboration. Ainsi, après avoir lu une interview du réalisateur Tony Gatlif dans le magazine « Le Monde 2 », j’ai contacté ce cinéaste, car il avait manifesté le désir de monter une pièce de théâtre. Je l’ai donc invité et il a réalisé son rêve en montant une pièce que nous avons coproduit.

Crédit photo : LoLL Willems