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TRES CONNU A CETTE ADRESSE

Rupert Turner, jeune américain de 11 ans, vit avec sa mère en Angleterre. Il entretient une correspondance régulière avec son idole, l’acteur John F. Donovan, alors âgé d’une trentaine d’années. Dix ans après la mort de la star Hollywoodienne, Rupert publie ces lettres.

 

MON IDOLE

Ma vie avec John F. Donovan de Xavier Dolan
Ma vie avec John F. Donovan de Xavier Dolan

Ma vie avec John F. Donovanse focalise sur la construction de l’identité. Cette réflexion est soulignée par l’esthétique du film. Les plans très serrés sur les visages, la centralité des expressions et des émotions des personnages font ressortir leur individualité. La foule et l’effervescence de la ville semblent graviter autour des protagonistes, tandis que la caméra s’attarde sur leurs particularités, sur les détails.

Les choix de réalisation de Xavier Dolan servent son propos, puisque le film est fondé sur une introspection. À l’écran, c’est le regard que Rupert Turner, adulte, porte sur l’enfant qu’il était qui est présenté. La distance temporelle entre la correspondance et la publication des lettres rajoute une dimension réflexive au sujet. En effet, les bribes du quotidien de John F. Donovan, exposées dans ses écrits ou véhiculées par les médias, sont complétées et interprétées par un enfant. Devenu adulte, il constate l’influence que ces échanges ont eu sur son évolution en tant qu’homme.

Par ces différentes prises de recul, la réalité de l’acteur est transformée, et les expériences des deux protagonistes deviennent interdépendantes : si Rupert est influencé par John F. Donovan, la vie de ce dernier est fantasmée par l’enfant. Le personnage principal devient secondaire, celui qui occupe le devant de l’affiche passe au second plan.

À tous ces filtres se superpose le regard du spectateur, ajoutant une « nouvelle réalité ». Effectivement, le film questionne explicitement notre société actuelle sur le rapport entre l’identité propre, et l’image que l’on se donne. À tout âge, ne tente-on pas de plaire aux autres, se conformer à leurs attentes, que « les autres » nous soient familiers ou étrangers ? En même temps, n’essayons-nous pas de nous plaire à nous-mêmes ? Et, surtout, d’accorder ces deux facettes : qui nous sommes, et qui nous voudrions être ?

Finalement, ce film de Xavier Dolan laisse pensif. Le sujet de la construction de l’identité est fréquemment interrogé. Dans Ma vie avec John F. Donovan, ce thème est abordé d’une manière très complexe, mêlant fiction et réalité à plusieurs échelles. Mais étant donné la complexité réelle de ce sujet, n’est-ce pas une façon parfaite de l’illustrer ?

Océane Félix

Ma vie avec John F. Donovan de Xavier Dolan