LIVRES   

Les coups de coeur de la rédaction avec ces trois romans de femmes.

CHANGER L’EAU DES FLEURS de Valérie Perrin

CHANGER L'EAU DES FLEURS de Valérie Perrin
CHANGER L’EAU DES FLEURS de Valérie Perrin

Violette Toussaint est garde-cimetière dans une petite ville de Bourgogne. Les gens de passage et les habitués viennent se réchauffer dans sa loge où rires et larmes se mélangent au café qu’elle leur offre. Son quotidien est rythmé par leurs confidences. Un jour, parce qu’un homme et une femme ont décidé de reposer ensemble dans son carré de terre, tout bascule. Des liens qui unissent vivants et morts sont exhumés, et certaines âmes que l’on croyait noires, se révèlent lumineuses.

Voilà Une histoire sur la résilience qui se déroule dans un lieu insolite  Valérie Perrin sait raconter des histoires, c’est indéniable. On reconnaît bien là la scénariste.  Surtout, ne vous pas fiez pas au titre  àl’eau de rose, car ce n’est absolument pas un roman « feel good « . En le lisant , dans un style fluide,  lelecteur passera  par toutes  les émotions tout au long de ces 555 pages. C’est une plume sensible, réaliste, sensuelle et intimiste, qui plaira  beaucoup plu . L’auteur  nous embarque  dans  une histoire faite de drames, de violence affective, de rencontres et de résilience, écrite avec une extrême justesse, sans pathos ni morbidité. Après « Les oubliés du dimanche », Valérie Perrin nous livre un roman magnifique avec Violette, une femme très courageuse, tournée vers la vie et avec laquelle on voudrait  être ami. Un vrai coup de coeur pour ce roman émouvant qui fait à la fois rire et réfléchir sur le sens de la vie.

L’ART DE PERDRE  d’Alice Zeniter

L’ART DE PERDRE  d’Alice Zeniter
L’ART DE PERDRE  d’Alice Zeniter

Tout commence avec le grand-père Ali, un paysan kabyle qui s’est enrichi en découvrant un pressoir à olives dans les années trente. Devenu patriarche et chef de son village, il mène une vie confortable. Sa vie bascule avec la guerre d’Algérie. Accusé par les indépendantistes de collaboration avec l’ennemi français, il est contraint de quitter précipitamment son pays à l’été 1962. Ballottés de camp en camp dans le sud de la France, ils atterrissent dans une cité ouvrière en Normandie. Déchu et déraciné, Ali finit sa vie comme ouvrier, levant tant bien que mal ses dix enfants dans un  appartement HLM exigu.

Dans ce  roman sur le déracinement, l’auteur  explore avec empathie les problèmes d’identité des descendants de harkis durant la guerre d’indépendance (1954-1962). Dans L’Art de perdre, elle raconte à travers la fiction,l’histoire sur trois générations d’une  famille algérienne. Le lecteur aimera sans aucun doute ce roman pour deux raisons : La première est qu’il raconte l’Histoire à travers le récit intime et personnel d’une famille . La seconde, la plus intéressante à mon sens, est  la réflexion sur le thème de l’identité. Dans le roman, la perte de l’Algérie est ressentie de manière différente selonles générations. Hamidl e fils aîné,est sur le mode de la révolte, rejetant un pays qu’il n’a jamais véritablement connu . Naïma la soeur,  est plusdans la réconciliation et l’apaisement. En renouant avec ce pays fantasmé et lointain, elle accepte les contradictions de sa double identité, celle d’une jeune femme aux origines algériennes, mais dont la vie appartient désormais à la France.

L’ENFANT PERDUE d’Elena Ferrante

L'ENFANT PERDUE d'Elena Ferrante
L’ENFANT PERDUE d’Elena Ferrante

À la fin de « Celle qui fuit et celle qui reste », Lila montait son entreprise d’informatique avec Enzo, et Elena réalisait enfin son rêve : aimer Nino et être aimée de lui, quitte à abandonner son mari et à mettre en danger sa carrière d’écrivain. Car elle s’affirme comme une auteure importante et l’écriture l’occupe de plus en plus, au détriment de l’éducation de ses deux filles, Dede et Elsa. L’histoire d’Elena et de Nino est passionnelle, et bientôt Elena vit au gré de ses escapades pour retrouver son amant. Lors d’une visite à Naples, elle apprend que Lila cherche à la voir à tout prix.

Ce quatrième et dernier roman de la saga italienne d’Elena Ferrante est absolument captivant ,maintenant que le lecteur a la solution de l’énigme concernant l’auteur.  Certains trouveront la narratrice un peu folle pour ne pas dire complètement  paranoïaque, parce que le personnage de Lila ne mérite vraiment pas autant de suspicion. Là on est pas dans l’analyse d’un best-seller mais vraiment dans un phénomène incroyable de littérature . Il y a des pages magnifiques, comme  quand Elena Ferante nous raconte le déchirement de la narratrice Elena, entre son amant et ses enfants ou quand Lila qui ne se livre jamais, finit par craquer et se confie à son amie  » Même quand je déborde d’amour, même quand ma vie est belle, même quand je suis heureuse, je ne peux pas m’empêcher de voir l’effroi du monde« .  En le lisant , nous pouvons nous demander si au final  c’est vraiment un livre d’amitié ou plutôt un récit de haine entre deux femmes ? Et puis il y a Naples, la vie politique, la vie sociale et il y a le thème du roman qui est la lutte des classes. Comment est-ce qu’on peut sortir de son milieu ? Est-ce qu’il faut partir ou est-ce qu’il faut rester ?… Après avoir embrassé soixante ans d’histoire des deux femmes, de Naples et de toute l’Italie, la saga se conclut en apothéose. Plus que jamais, dans L’enfant perdue, Elena Ferrante nous livre un monde complet, riche et bouillonnant, à la façon des grands romanciers du XIXe siècle, un monde qu’on n’oublie pas.