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Les Gratitudes d’après le roman de Delphine de Vigan, mise en scène de Fabien Gorgeat avec Laure Blattter, Catherine Hiegel, Pascal Sangla
Les Gratitudes – Le sujet
Que doit-t-on réparer avant de disparaître ? A qui doit-on dire merci avant de mourir ? Et surtout, comment exprimer sa reconnaissance quand on n’a plus « les mots pour le dire » ? Dans Les Gratitudes, l’écrivaine Delphine de Vigan donne vie à Michka, une vieille dame autrefois parolière, qui perd aujourd’hui ses mots. A ses côtés, une jeune femme dont elle est très proche et un orthophoniste sont des veilleurs attentifs qui vont l’accompagner au quotidien pour cette traversée cruelle qu’est l’aphasie.
Les Gratitudes – Synopsis
Formidablement adapté par le metteur en scène Fabien Gorgeart et la dramaturge Agathe Peyrard, « Les Gratitudes » le roman de Delphine de Vigan rend hommage à ceux qui perdent l’usage des mots.
Tout commence auprès du public par un quizz musical interprété sur un petit clavecin par Pascal Sangla et accompagné par la comédienne-chanteuses Laure Blatter qui est là aussi, pour chauffer la salle et créer une ambiance conviviale avant que Michka (Catherine Hiegel) tapie dans l’ombre rejoigne sur le plateau le musicien et la chanteuse pour participer elle aussi à ce jeu avant que sa mémoire lui joue de mauvais tours.
Personnage central de ce spectacle Michka, qui incarne à la fois la fragilité et la force féminine s’écroule dans son fauteuil à la recherche de ses mots, qu’elle ne trouve plus et qu’elle n’arrive plus à prononcer correctement.
Placée dans un Ehpad et entourée par sa fille Marie, une jeune femme qui prend soin d’elle et Jérôme l’orthophoniste chargé de l’aider à retrouver les mots correctement, elle se souvient petite fille juive de ce couple dont elle a perdu la trace, qui l’a caché et sauvé pendant la seconde guerre mondiale.
Tout est dit là, de sa vie et de ses souvenirs passés sur lesquels elle n’arrive plus à prononcer et trouver la trace de son histoire à cause de sa maladie qu’est l’aphasie.
Aidée par son thérapeute Jérôme ( Pascal Sangla) qui essaie de rééduquer sa parole et Marie sa visiteuse (Laure Balatter) qui vient la rassurer et la consoler , c’est par cette sorte de musicothérapie, que cette ancienne parolière peut espérer ralentir le processus d’oubli et de détérioration de la parole.
Comme il est question de musique, de paroles et de rééducation puisque Michka est une ancienne parolière, le metteur en scène a eu la bonne idée de s’inspirer de comédie musicale comme « Les parapluies de Cherbourg » de Jacques Demy, pour douer au spectacle une note joyeuse et éviter de le plomber avec la perte de mémoire.
Une pièce dense et extrêmement forte
C’est une pièce dense et extrêmement forte qui entre chanson, maladie, Epadh, souvenirs, nous prend aux tripes et nous émeut profondément, parce que cette histoire qui mélange des mots et l’oubli nous renvoie à chacun d’entre nous, où nous sommes tous prêts à sombrer un de ces jours et le moment venu au seuil de la vieillesse dans l’oubli total de notre mémoire.
La mise en scène pertinente et touchante de Fabien Georgeart retranscrit, sans excès, l’inévitable vieillissement du corps et surtout de l’esprit et à qui l’on doit le précédent et brillant « Stallone« .
La pièce (si l’on fait abstraction un instant du coté mélo de la proposition) est portée, dans un décor épuré, qui sied bien à cette histoire de mémoire et d’oubli, par un formidable trio d’interprètes à commencer par l’incroyable Catherine Hegel au sommet de son art et les deux talentueux comédien-nes qui l’accompagnent : Laure Balatter et Pascal Sanglar au synthétiseur, en thérapeute formidable.
Superbement adapté c’est un spectacle vivant qui ne laissera personne indifférente où l’on navigue délicatement entre musique et théâtre, réalité et rêve, intimité et grande Histoire avec en toile de fond, la vieillesse et la maladie, les souvenirs de guerre et les retrouvailles familiales.
Gérard SERIE
29 novembre au 9 décembre
Les Célestins – Théâtre de Lyon
📍4 rue Charles Dullin
69002 Lyon
04 72 77 40 00
Crédit photos : © Jean-Louis Fernandez
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