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Les feuilles mortes d’Aki Kaurismäki avec Alma Pöysti, Jussi Vatanen, Janne Hyytiäinen

Les feuilles mortes – Synopsis

Deux personnes solitaires se rencontrent par hasard une nuit à Helsinki et chacun tente de trouver en l’autre son premier, unique et dernier amour. Mais la vie a tendance à mettre des obstacles sur la route de ceux qui cherchent le bonheur.

Les feuilles mortes – Critique du film

Comme le chantait Yves Montand “Les feuilles mortes se ramassent à la pelle …”. Ce film parle avec nostalgie et mélancolie d’un amour désormais  perdu, en parallèle  l’histoire de cette chanson et de ces deux êtres en perdition  colle parfaitement  aux thématiques du film  avec l’exploration de la solitude, du désir d’amour, de la solidarité, d’espoir en l’autre et  sur tout ce qui pourrait offrir un avenir à l’humanité.

Le scénario tient sur un timbre poste avec cette histoire où un jour, Hollapa (Jussi Vatanen) et Ansa(Alma Poysti)  se rencontrent, se perdent de vue et se retrouvent  ensuite pour essayer de former un semblant de couple pour fuir leur solitude… 

Notons que cette tragi-comédie pourrait être le dernier volet d’une trilogie d’ Aki Kaurismäki après Ombres au paradis et  Ariel et La Fille aux allumettes.

L’image que nous renvoie Kaurismaki de ce pays dans son film est terrifiante :  les bars sont lugubres, les karaokés sinistres, personne ne bouge, ou rit et ne se risque même pas à sourire

C”est un film sombre,  d’une lenteur volontairement infinie, pour bien marquer le vide et le désarroi de la vie de cette femme de condition modeste, qui tue le temps en écoutant à la radio les informations sur le guerre russo-ukrainienne et d’un ouvrier qui boit trop pour noyer sa solitude et sa dépression qui comblent  sa misérable  existence, même si chacun d’eux a une ou un ami qui les soutient.

Ce qui est remarquable et très important chez ces deux pauvres, c’est qu’ils sont toujours bien babillés pour rester toujours digne .

C’est aussi un film qui réussit, tout au long du déroulé de la narration, par touches successives, à tout dire les maux de notre société et des personnes qui subissent sans jamais courber l’échine les humiliations des plus riches.

Jamais larmoyant ou misérabiliste, ce très beau film arrive à nous faire rire souvent

Jamais larmoyant ou misérabiliste, ce très beau film arrive à nous faire rire souvent et cela malgré la noirceur des situations décrites grâce à des répliques d’une drôlerie parfois surprenante .

Face à la fureur du monde qui entoure Ansa et Hollapa,  ce sont des petites choses ou attitudes du quotidien comme,  prendre un café ensemble,  échanger des regards timides, des silences qui en disent plus longs que des discours, parfois un échange de sourires entendus ou encore un diner partagés, entre cette femme et de cet homme qui finissent par nos toucher et surtout nous émouvoir au plus haut point. 

Le réalisateur finit par ré-enchanter les amours tardives 

En mêlant tragi-comédie romantique, échos de guerre en Ukraine  et réflexions sociales, le réalisateur finit par ré-enchanter les amours tardives, dans un récit  percutant et hilarant parfois avec un optimisme presque contagieux.

Entre pudeur et  tendresse, poésie et pureté des sentiments Kaurismaki déploie sa palette de couleurs pour nous distraire avec ses références  de cinéphile, son humour pince-sans-rire, sa concision et son humanisme.

La réalisation sans artifices où les musiques entrainantes contrastent avec l’atmosphère lourde de la vie ouvrière contribuent à la réussite de ce film mélancolique et pourtant plein d’espoir dans l’avenir.

Le formidable couple d’ interprètes, tout en réserves, finesse, regards  et silences, réussit par leur seul jeu subtil, par nous entrainer dans leur propre solitude comme dans une comédie à l’italienne où l’on rit, ou l’on pleure

Gérard SERIE

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