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Le deuxième acte de Quentin Dupieux avec Léa Seydoux, Louis Garrel, Vincent Lindon
Ce film fait l’ouverture en hors compétition du 77e Festival de Cannes
Le deuxième acte – Synopsis
Florence veut présenter David, l’homme dont elle est follement amoureuse, à son père Guillaume. Mais David n’est pas attiré par Florence et souhaite s’en débarrasser en la jetant dans les bras de son ami Willy. Les quatre personnages se retrouvent dans un restaurant au milieu de nulle part.
Le deuxième acte – Critique du film
Durant un long plan séquence d’ouverture où David (Louis Garrel) demande à son ami Willy (Raphaël Quenard) de séduire Florence (Léa Seydoux), une femme qui lui court après mais pour qui il n’éprouve aucune attirance, Willy abandonne un instant le rôle qu’il interprète pour tenir des propos peu adéquats sur l’homosexualité, la transidentité, le handicap… C’est à ce moment là précis que le public comprend la mise en abyme, avec laquelle Quentin Dupieux va s’amuser durant les 1h20 que dure son long métrage.
Comme son titre ne semble pas l’indiquer, chacun des personnages tient parallèlement entre fiction et réalité un rôle en tant qu’acteur et citoyen à la fois en donnant son avis sur tout : le métier d’acteur et ses dérives, jugent les autres et eux-mêmes.
Une comédie satirique féroce et très bavarde
Dans cette comédie satirique féroce et très bavarde, à l’image de La Nuit Américaine de Truffaut mais sans la présence des techniciens et réalisateur sur un plateau de tournage, nous assistons à des séquences tirées d’un film dans le film.
Quentin Dupieux pose un regard acerbe sur l’univers du cinéma, l’acte créatif grâce à l’intelligence artificielle et le rapport au public dans ce film d’acteurs sur des acteurs qui n’en peuvent plus d’en être au cinéma et qui entre deux répliques sortent du cadre pour expriment leurs propres idées entre désarroi et espoir.
La réflexion du réalisateur est intéressante sur la vraie vie et sur ce qu’est l’illusion de la vie filmée inventée ou réinventée, sur la comédie, sur le mensonge, sur le stress, le trac, l’oubli, le succès, l’échec, sur le rire, si proche des larmes si proche des drames.
Certaines scènes sont tellement drôles comme celle du restaurant. Après ce film, chaque fois qu’un barman vous versera un verre de vin sans trembler comme dans le film, vous sourirez ou rirez aux éclats en repensant au figurant-acteur parkinsonien. Cinéma ou réalité d’un jugement définitif ?
Quentin Dupieux se moque gentiment de l’industrie du cinéma, enfermée dans sa tour d’ivoire
A travers des histoires et thématiques nombreuses, Quentin Dupieux se moque gentiment de l’industrie du cinéma, enfermée dans sa tour d’ivoire, et de la société en général. Avec une dose d’autodérision et sa fantaisie habituelle, il s’amuse des clichés et met des coups de pieds plutôt jouissifs dans la bien-pensance en générale qui a besoin de gloire et de reconnaissance, de sens dans la vie, avec l’écroulement du monde, l’étrangeté du métier d’acteur et la guerre d’égos, les névroses, l’hypocrisie, les agressions sexuelles, la frontière entre fiction et réalité, et maintenant l’intelligence artificielle….
Si le scénario du film qui se tourne est d’une banalité confondante, c’est parce l’objet premier du film pour Dupieux se situe ailleurs.
Comme il le dit pour se justifier “Ce film que je vous offre, est un bain relaxant, avec un peu d’acide dedans. L’humour est mon petit outil pour faire respirer les gens, dans une époque qui rend tout le monde marteau, Je préfère m’en amuser, sinon je me tire une balle.“
On appréciera au passage l’hommage à Paul Thomas Anderson, dont il faut avoir vu au moins son chef d’œuvre “Magnolia”.
Saluons la belle prouesse cinématographique de ce Deuxième acte avec des plans séquences qui captent l’attention du spectateur grâce aux acteurs et leurs dialogues où se mélangent fiction et réalité dans une mise en abyme savamment tournée. On rit tout en s’interrogeant plus sérieusement sur le futur du cinéma en général et plus particulièrement français.
Pour finir, notons encore l’aptitude remarquable des acteurs et de “l’actrice” à passer d’un rôle à l’autre, dans des plans séquences d’une longueur impressionnante matérialisés par les rails d’un travelling interminable.
Gérard SERIE
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