De Myriam Touzani avec Ayoub Missioui, Saleh Bakri, Lubna Azabal
Le Bleu du Caftan – Synopsis
Halim est marié depuis longtemps à Mina, avec qui il tient un magasin traditionnel de caftans dans la médina de Salé, au Maroc. Le couple vit depuis toujours avec le secret d’Halim qu’il a appris à taire. La maladie de Mina et l’arrivée d’un jeune apprenti vont bouleverser cet équilibre. Unis dans leur amour, chacun va aider l’autre à affronter ses peurs.
Le Bleu du Caftan – Critique du film
Avec une sensibilité fine, une douceur et une délicatesse rare sur un sujet tabou dans la société marocaine, la réalisatrice aborde le sujet de l’homosexualité masculine de manière subtile révélant autant un amour naissant que l’interdit qui l’habite.
Dès le début du film, nous ressentons intuitivement dans le personnage d’Hamin quelque chose qui est de l’ordre du non-dit dans sa vie, d’enfoui dans son for intérieur, et qui il essaie de cacher face au monde qui l’entoure , dans un milieu très conservateur.
Dans une ambiance en permanence feutrée, imprégnée de secrets, la vie de ce couple de vendeuse et de couturier dans un magasin de la médina de Salé, se déroule au rythme de la volupté des tissus, des clientes exigeantes, des silences et des regards
Avec l’arrivée de ce jeune apprenti brodeur, tout est fait pour que nous assistions à la naissance d’ un triangle amoureux aux désirs contrariés, réuni autour de la fabrication d’un caftan traditionnel.
Entre la vie publique affichée avec son épouse et ses séances au bain maure où Hamin se libère sexuellement au contact d’autres hommes dans le secret des cabines, nous découvrons ses tendances contre nature.
L’autre point de bascule dans le film s’opère quand nous assistons à la visite du docteur expliquant à Hamin que sa femme est en fin de vie et qu’il doit accepter de la laisser mourir.
Entre ces deux aspects qui touchent à l’intimité d’Hamin et les aveux à sa femme mourante à laquelle il dévoile enfin son homosexualité refoulée, vient se glisser un nouvel amour avec son apprenti .
Dans un élan de générosité splendide, Mina l’incite à donner enfin libre cours à ses désirs pour son bonheur et accepte de former ce trio amoureux et joyeux avec l’apprenti.
Un grand film d’amour sur l’humanité de ses personnages, leurs peurs, leurs déterminations, leurs renaissances avec tact et poésie.
Beau et sensuel comme le tissu et les broderies précieuses utilisés pour ce caftan qui va au final servir de linceul à Mina, cette romance magnifique se déroule au rythme des sentiments exprimés dans le silence des alcôves.
La réalisation bien que classique et lente, prend le temps de s’attarder sur les détails et laisser éclore les sentiments parfois les plus troublants, sans oublier au passage avec la scène d’un policier qui les contrôle , de rappeler au spectateurs que la population est surveillée et sous contrôle dans le royaume marocain.
Le trio d’interprètes talentueux joue à la perfection la partition qui lui est demandée sans jamais s’offrir d’improvisation incongrues
Voilà un grand film d’amour sur l’humanité de ses personnages, leurs peurs, leurs déterminations, leurs renaissances avec tact et poésie.
Gérard SERIE