CHAMBRE 212
De Christophe Honoré avec C. Mastroianni, Vincent Lacoste, Camille Cottin, Benjamin Biolay
L’HISTOIRE
Après 20 ans de mariage, Maria décide de quitter le domicile conjugal. Une nuit, elle part s’installer dans la chambre 212 de l’hôtel d’en face. De là, Maria a une vue plongeante sur son appartement, son mari, son mariage. Elle se demande si elle a pris la bonne décision. Bien des personnages de sa vie ont une idée sur la question, et ils comptent le lui faire savoir.
MON AVIS
Pour ce huis clos flamboyant porté par un quatuor d’acteurs formidables, le réalisateur à emprunté le le titre de son film à l’article 212 du code civil : les époux se doivent mutuellement : respect, fidélité, secours et assistance .
C’est une analyse fine du couple comme sait la faire Honoré qu’il met en évidence à traversl’usure des sentiments, l’étiolement de la fougue amoureuse, la confession d’un adultère inattendu, le couple qui traverse brusquement une crise morale.
Le temps d’une remise en question, Maria prend une chambre dans l’hôtel juste en face du domicile conjugal. De là-haut, il lui suffit de regarder la pièce allumée de son appartement, de l’autre côté de la rue, pour voir défiler sa vie, ressurgir ses fantômes, comme sur un écran de cinéma.
Ce qui est à premier abord plaisant dans ce film c’est le ton incisif et son rythme qui nous tient captif du début à la fin. Cette fresque théâtrale dans sa présentation où Maria ( Chiara Mastroiani) va “affronter” le souvenir de ses amants, est la version rajeuni de son mari Richard (Benjamin Biolay) .
La mise en scène précise et fluide à la fois , le script très écrit mais qui manque parfois de consistance cinématographique nous fait immédiatement pensé à “Fenêtre sur cour” 1954 d’ Alfred Hitchcock. Les répliques criantes de vérité ( Mais qui couche avec ses cousins 14 ans après ? Tout le monde ! réplique Maria) , l’excellent jeu d’ acteurs, et le tout parfaitement orchestré, donnent à cette histoire de fin de vie du couple une tonalité particulière.
Les protagonistes regrettent le temps passé et sont comme perdus dans leurs quotidiens ( Camille Cottin, la prof de musique dit ironiquement à Maria : “Nous avons la liste de tous vos écarts”, Richard à Maria : “En 25 ans je ne t’ai jamais trompé” et ” Est-ce que tu sais ce que tu veux vraiment ?” )
Heureusement que l’humour sauve le film grâce au ton insufflé par Camille Cottin, brillante et joviale. Plus étonnant, c’est également Chiara Mastroianni qui sera en première ligne avec des situations cocasses. Mention spéciale, l’excellent Vincent Lacoste retient toute notre attention parce que je trouve qu’il se bonifie avec le temps dans son jeu d’acteur d’un film à l’autre.
Gérard Sérié
