Pape de l’orthographe, Bernard Pivot entretient un rapport affectif avec la région Beaujolaise. Journaliste, animateur d’émissions culturelles, président de l’Académie Goncourt, ce fils d’épiciers lyonnais vient de publier un livre de souvenirs, « La mémoire n’en fait qu’à sa tête ». Rencontre.
Propos recueillis par Hervé Troccaz
Vous venez de publier un livre intitulé « La mémoire n’en fait qu’à sa tête ». Pouvez-vous nous expliquer la genèse de cet ouvrage ?
Comme l’indique le titre, ma mémoire m’inspire parfois de nombreuses réflexions. J’ai écrit ce livre par ricochets, en rebondissant sur mes souvenirs. Certains sont très inspirants. Le livre est composé de 65 chapitres, soit autant de souvenirs, aussi joyeux que mélancoliques.
Parmi ces multiples souvenirs, certains vous tiennent-ils à cœur ?
Le livre s’ouvre sur une anecdote qui m’a beaucoup marqué et relate comment j’ai reçu une des rares gifles de la part de mon père, alors que je passais mon enfance dans le Beaujolais. J’avais pour interdiction de jouer au foot, et j’ai outrepassé cette proscription, ce qui m’a valu une sévère correction. Cet épisode n’est pas sans faire écho à un souvenir similaire qu’a vécu Jean d’Ormesson, qui avait lui aussi reçu une gifle de son père, ce qui l’avait beaucoup marqué, bien que cette tape ait été donnée dans d’autres circonstances.
Quels rapports entretenez-vous avec la région Beaujolaise ?
Je n’y habite pas, mais ce sont mes racines. J’y revient de temps à autre car j’y possède une maison familiale. Mes parents sont enterrés à Quincié-en-Beaujolais et y reposent. Il y a de fortes chances pour que j’y sois enterré également. C’est surtout la région où j’ai passé mon enfance !
Vous êtes très présent sur les réseaux sociaux et notamment Twitter. Pourquoi ?
Je trouve qu’à mon âge c’est un exercice mental exaltant. Il demeure difficile de traiter un sujet ou une maxime en 140 signes seulement. C’est un exercice salutaire et fort agréable. C’est également un moyen très commode de toucher un grand nombre de personnes. Cela fait désormais quatre ans que je suis présent sur Twitter.
Certaines études font état d’une dégradation de l’orthographe et de la grammaire chez les Français. Cela vous chagrine-t-il ?
Ce phénomène n’est pas nouveau. Il est constaté depuis 30 à 40 ans. À mon sens, la multiplication des moyens de communication n’est pas étrangère à cette situation. Les Français mènent des vies trépidantes, ils ne prennent plus le temps de vérifier leurs erreurs d’orthographe et de grammaire. Bien entendu que cela me chagrine, d’autant que j’étais à l’origine d’une dictée qui était censée redonner goût à la grammaire et à l’orthographe. J’aimerais que mes compatriotes reprennent plaisir à se replonger dans un dictionnaire, que pour ma part, j’ai toujours à portée de main !
Crédit photos : Lionel Guericolas