THEÂTRE
CAP SUR LE OFF D’ AVIGNON
Beaucoup plus intéressant que le In et surtout moins élitiste par la diversité et la profusion des 1592 propositions de cet été 2019 , ie Off nous permet d’arriver parfois à la découverte de quelques pépites théâtrales. Voici mes toutes premières émotions.
LE CAPITOLE 3 rue Pourquery Boisserin AVIGNON 04 90 02 23 46
LA VIE EST UNE FÊTE De et avec Jacques Chambon. Mise en scène Dominique Palandri
LE SUJET
Seul en scène, il a choisi de nous parler de la vie? Enfin de notre vie …. Du premier cri à notre dernier souffle
AVIS
Après « Bilan provisoire » il effectue son second solo en scène en racontant les différents âges de la vie. Ce spectacle très dépouillé sur le plan visuel : un plateau vide avec une seule chaise et un comédien, est très acide sur ce qu’il nous narre. Dans cette galerie de personnages de Marie-France à l’ado à problèmes en passant par l’accouchement ou les profs de SVT … passés à la moulinette de l’humour volontairement caustique et assez sombre il décrit un monde absurde. Pour lui le « bonheur ne doit pas être un objectif , il est une conséquence »
Il n’a rien perdu de son mordant et grâce à son écriture ciselée et sa présence scénique inimitable, il passe en revue les grandes étapes de l’existence de manière féroce mais jubilatoire.
C’est fin, intelligent, drôle , truculent, pertinentet magnifiquement interprété par Jacques Chambon.On ne s’ennuie pas une seconde, on rit beaucoup et on a parfois du mal à reprendre son souffle. Le public passe un moment unique et privilégié avec un grand auteur-comédien , proche et disponible. C’est du grand art dans le genre.
Gérard SERIE
Théâtre des BELIERS 53 rue du portail Magnanen 04 90 82 21 07
EN ATTENDANT BOJANGLES d’Après Olivier Bourdeau Mise en scène Victoire Berger-Perrin avec Julie Delarme, Didier Brice et Victor boulanger.
LE SUJET
Sous le regard émerveillé de leur fils, les parents dansent sur 3 Mr Bojangles » de Nina Simone. Chez eux , il n’y a de place que pour le plaisir, la fantaisie et les amis. Celle qui mène le bal, c’est la mère, feu follet imprévisible et extravagatnt, qui n’a de cesse de les entraîner dans un tourbillon dfe poésie et de chimères…..
MON AVIS
Il faut dire que le risque était grand surtout quand le lecteur a adoré le livre. Cette fois, il n’en est rien. Formidablement adapté du best-seller d’Oilivier Bourdeau par Victoire Berger-Perrin , cette pièce nous permet , pour une fois n’est pas coutume, de retrouver en tant que spectateur l’esprit et l’ambiance de ce bijou de fantaisie, de fête et de poésie. C’est une bulle de fraîcheur et un spectacle enlevé, qui nous emporte et nous interroge à la fois sur le sens de la vie, nos choix et le bonheur.
Au final un spectacle poétique, gai, drôle, déjanté et souvent très bouleversant.
La mise en scène parfaitement réglée comme une valse, entraine le public dans un tourbillon gracieux et plaisant qui n’en finit pas. de faire jaillir nos émotions les plus profondes.
Le trio d’e comédiens est formidable de justesse dans l’interprétation des personnages hauts en couleurs.Notons au passage la magnifique perfomance de Julie Delarme
La folie douce de la mère est communicative à l’époux et au fils qui finit par calquer sa vie sur celle des parents. C’est aussi un huis clos familial où la tendresse et l’amour dominent. L’histoire de Bojangles a beau être sombre, nous nous laissons volontairement porter au son de la musique envoutante par ces personnages hors normes, leur rêve et leur hystérie parfois, leur excentricité toujours, et cette beauté tragique que recèle la force du lien qui les unit.On ressort bouleversé par cette fable familiale avec l’envie de la partager avec d’autres spectateurs. Bravo !
Gérard SERIE
LES EMOTIFS ANONYMES De J-Pierre Ameris et Philippe Blasband Mise en scène Arthur Jugnot avec Tania Garbarski, Charles Dupont, Nicole Buysse, Aylin Yay
LE SUJET
Angélique, chocolatière de génie, se retrouve par erreur représentante commerciale de la « Fabrique de Chocolat ».
Un cauchemar pour une émotive !
Jean-René est le patron de cette chocolaterie au bord de la faillite.
Ils sont charmants, célibataires, seulement ils sont émotifs, beaucoup trop émotifs…
MON AVIS
Adaptée du film éponyme de Jean Pierre Ameris, c’est une fable drôle et tendre sur les failles de chacun d’entre nous et une belle histoire d’amour.
C’est surtout l’histoire toute simple de deux personnes pour lesquelles chaque sortie est une épreuve, chaque rencontre un examen, chaque conflit engendre des sueurs froides. Nos émotifs cherchent le réconfort dans des séances de thérapie de groupe. Ils sont entourés d’une flopée de personnages, tous bien dans leurs pompes, qui ne comprennent pas qu’on puisse avoir tant de mal à habiter ce « monde de brutes ». La mise en scène efficace, fluide et originale d’Arthur Jugnot alliée à un dispositif scénique astucieux permet des changement de décors par simple déplacements d’accessoires qui créaient à chaque fois des changements de lieux : un bureau, une salle de restaurant, un atelier de création d’une nouvelle gamme de chocolat …. Pour interpréter tout ce petit monde qui se croise et se rencontre, quatre comédiens épatants, complices et joyeux ajoutant de la proximité à ce sujet vibrant d’une sincérité charmante qui dans ce tourbillon de la vie permet à ce couple de trouver son équilibre et s’acheminer vers un mariage . Dans cette pièce où l’émotion domine c’est aussi la promesse d’un spectacle chaleureux et subtil, comme le meilleur des chocolats.
Gérard SERIE