PUPILLE
De Jeanne Herry
Avec Sandrine Kiberlain, Gilles Lellouche, Élodie Bouchez
Théo est remis à l’adoption par sa mère biologique le jour de sa naissance. C’est un accouchement sous X. La mère à deux mois pour revenir sur sa décision…ou pas. Les services de l’aide sociale à l’enfance et le service adoption se mettent en mouvement.
Cette fiction très proche de la réalité se veut à la fois démonstrative et délicate.
La réussite de cette œuvre captivante repose d’une part sur une mise en scène tout juste suggestive et d’autre part sur un habile équilibre entre émotion jamais forcée et souci du détail. Car bien loin de nous plonger dans les méandres de services sociaux kafkaïens, la réalisatrice choisit de nous décrire avec bienveillance et naturel mais sans jamais rien omettre des combats, des doutes et des difficultés de chacun les coulisses d’une administration incroyablement humanisée incarnée pour la circonstance par une généreuse brochette de comédiens à l’efficacité imparable.
Au cœur de cette ruche bourdonnante évolue Jean, l’assistant familial, un personnage doux et délicat, pétri de failles et doutes quant à un métier qu’il juge de plus en plus ingrat.
Gilles Lellouche nous offre une version totalement inédite de son talent à travers l’un de ses rôles les plus marquants. Le lien qui se noue entre ce tout-petit et ce grand gaillard attendrira même les plus réfractaires à l’émotion. Autour de lui, évolue tout un aréopage de femmes à la personnalité affirmée. Karin, sorte de double féminin de Jean, s’investit avec autant de conscience que lui dans sa tâche . Leur complicité professionnelle se teinte d’une histoire amoureuse que Sandrine Kiberlain, à la fois enfantine et déterminée, entoure de tact et d’authenticité
Face à elle, Alice, la candidate à l’adoption, glisse imperceptiblement de la vulnérabilité à une inébranlable certitude et remet sur le devant de la scène ce discret petit soldat qu’est Elodie Bouchez dont on avait oublié l’éclat, pendant qu’Olivia Côte fait merveille dans la peau de cette femme énergique, sans cesse entre fermeté et empathie. Enfin, à qui d’autre qu’à la douce Miou-Miou, Jeanne Herry, pouvait-elle confier le rôle de la coordonnatrice posée et compréhensive ?
Dans un monde régi par la méfiance et le cynisme, cette réhabilitation enthousiaste du collectif au service de l’humain ouvre une rare parenthèse enchantée qu’il serait dommage de rater.
Gérard Sérié
Pupille – Bande-annonce