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Le point de départ de la première Biennale d’art contemporain de Lyon est consacrée en premier lieu à l’illustre caricaturiste et photographe Etienne Carjat, né en 1828 à Fareins (Ain) à quelques lieues des bord de Saône.
Caricaturiste, puis photographe, il fut l’un des grands portraitistes de son temps. L’exposition présente une très importante collection de son œuvre.
L’art du portrait de 1830 à 2024
C’est une exploration à la fois artistique, patrimoniale et politique de caricatures d’Etienne Farjat mais pas que .
Des artistes contemporains renommés comme Garnell, Poncin, Trémorin, Salmon et Weegee présentent à l’étage leurs portraits en résonnance avec leurs grands prédécesseurs présentés au rez-de-chaussée: Carjat, Daumier, Grandville, Nadar, Philipon et d’autres (et même Victor Hugo ou Claude Monnet).
Le portrait iconique d’Arthur Rimbaud que l’on observe dans le hall, réalisé par Etienne CARJAT masque une oeuvre multiple dans une période d’effervescence intellectuelle et de luttes politiques avec l’apparition et le développement de la presse moderne.
De Fareins à Paris
Après sa naissance à Fareins le 28 mars 1828 , Etienne Farjat fréquente l’école communale jusqu’en 1838. Son mère concierge et son père cocher vivent entre Fareins et Lyon où ils travaillent pour la famille Yemeniz, de riches soyeux cultivés.
Ils déménagent ensuite à Paris où les parents tiennent une loge de concierge Après 3 ans d’école primaire, Etienne est placé comme apprenti dessinateur pour tissu chez Cartier, un fabricant de soieries.
Le dimanche il fréquente assidument les théâtres, voyant jusqu’ à trois pièces dans la journée. Il tente même de jouer la comédie mais renonce vite. Il écrira plus tard en 1860 deux drames révolutionnaires
Pendant les journées révolutionnaires de 1848 il assiste comme délégué de sa corporation.
Familier du monde des acteurs, il commence à les caricaturer et publie en 1854 Le théâtre de la ville. Le succès est immédiat.
Comme le commerce des portraits photographiques de célébrités promet d’être lucratif en 1850, les caricaturistes s’improvisent portraitistes et Etienne Cajart rencontre alors Félix Nadar qui s’est lancé dans la photographie et ce dernier lui fournit des des portraits pour qu’il en fasse des caricatures.
Parallèlement, il fonde un nouveau journal Le Boulevard et enrôle des plumes prestigieuses comme Baudelaire, Jules Vallès, les Goncourt, Flaubert, Daudet et publie des extraits du livre de Victor Hugo Les Misérables
Après cette aventure journalistique, ruiné à cause des autorisations et taxes gouvernementales mais aussi à son soutien à la Commune de Paris il cesse la parution en 1863
Sous le règne de Napoléon III (1848-1852, mort en 1873), nombreux sont les journaux qui se créent Comme L’Assiette au Beurre, L’Emmerdeur pour dénoncer l’action du monarque devenu premier Président de la République qui prend sans attendre des mesures pour limiter la liberté d’expression et les attaques de la presse très vivante
L’exposition au Château
De la caricature à la Photographie : émergence et effervescence
En dialogue avec une série d’autoportraits et d’auto-caricatures de Carjat, l’entrée du château de Fareins est consacrée d’une part à une présentation de sa vie, et d’autre part au contexte historique avec une chronologie des événements politiques, des parutions et disparitions de journaux satiriques à partir de règne de Louis Philippe jusqu’à l’affaire Dreyfus. Carjat verra la proclamation de la 2e République, l’avènement de Napoléon III, la guerre de 1870, la commune dont il sera sympathisant, la crise de Panama et l’affaire Dreyfus.
La salle centrale est exclusivement consacrée à Etienne Carjat, caricaturiste, homme de presse et poète, avec des caricatures issues de la Galerie des célébrités du jour, caricatures de Pierre Petit, de Lamartine, de Dumas et de Rossini (à partir de photographies de Nadar), avec des reproduction du « Diogène » (1er mars 1837) consacré à Gounod et une lettre à Victor Hugo.
Dans la salle suivante, une large table sera consacrée aux connivences entre les photographes et les caricaturistes, se servant les uns chez les autres par des constants aller-retours, s’attaquant aux mêmes célébrités Hugo, Daumier, Courbet…par Carjat, Roubaud, Mailly, Nadar et ses autoportraits.
Dans une autre salle, très ludique, rassemblera les caricatures animalières et végétales : Philopon, puis Daumier, avec les variations de « la Poire » durant tout le règne de Louis-Philippe.
Et sur 480 cm, seront présentées La grande croisade contre la liberté et Les métamorphoses du jour de Grandville, avec en face l’œuvre de Hadol : La ménagerie impériale, composée des ruminants, amphibies, carnivores et autres budgétivores qui ont dévoré la France pendant 20 ans.
Dans une niche, sera présenté Le musée des horreurs, journal anti-dreyfusard de Lenepveu.
Une autre salle est dédiée à la presse, avec une trentaine de reproductions de couvertures de divers journaux satiriques, avec des dessins de Carjat, Gill, Bertall, Alfred Le Petit, Durandeau… et un ensemble consacré à la guerre de 70.
Un espace est réservé pour les parutions satiriques relatives à la liberté de la presse de Daumier, Delacroix, Grandville et Gill. Un autre pour la série des portraits de Daumier parue dans le journal La caricature morale et politique de Philipon.
Enfin dans un petit cabinet de dessin, on verra un choix des gouaches de Nadar, Gustave Doré , Charles Baudelaire, Balzac… Et aussi « Les juges », caricatures au lavis de Victor Hugo, les dessins caricaturaux de Monet et une série de personnages de Roubaud issus de son panthéon charivarique.
On sortira des salles avec en face une sélection de couvertures de Charlie-Hebdo.
Une salle présentera une vidéo, évocation des photographies caricaturées du célèbre WeeGee, artiste américain récemment exposé à la Fondation Cartier-Bresson. Né en 1899 à Złoczów en Galicie et mort en 1968 à New York, c’est un photographe et photojournaliste américain connu pour ses photographies en noir et blanc de la vie nocturne, tout particulièrement dans sa ville de prédilection, New York.
Portraits contemporains 2024
Dès la Biennale 2024 et en regard de l’exposition mémorielle, sera organisée une présentation de portraits réalisés par des artistes contemporains de premier plan. L’exposition est ouverte dans les mêmes conditions au 1er étage du château.
En 2024, les quatre artistes suivants participeront à cette exposition collective . Ce sont des représentants importants de la scène photographique française actuelle. Tous trois ont exposé et publié d’importantes séries sur le thème du portrait.
Jean Louis Garnell avec ses Portraits 1988-1989
« Faire du proche, de l’ici, le support d’un questionnement sur notre existence dans ce monde et sur sa représentation en général, photographique mais pas seulement, les objets, les dessins et les mots peuvent aussi devenir nécessaires pour faire œuvre. »
Catherine Poncin avec l’installation Corps de classe 1999
« La mémoire et l’archive sont les sujets de recherches que l’artiste explore par-delà des frontières. Elle répond à des cartes blanches et mène des travaux personnels au cours desquels elle explore le champ de patrimoines historiques, architecturaux, industriels, littéraires, scientifiques, sociologiques et politiques. »
Yves Trémorin avec Visages froissés 1986
« (…) il s’attache avant tout à des figures qui se présentent comme des symboles. Pour autant, de la dimension descriptive de la photo, il se sert non pour témoigner d’un monde réel, partagé, vécu, mais surtout pour éprouver la figure bien au-delà de l’apparence de l’objet, du corps pris en détail, du fragment de quotidien » (Réseau documents d’artistes)
Jacqueline Salmon avec Le fonds Walter Bondy 2015
« Faire des images, proposer un regard humaniste sur le monde, tenter d’allier politique, poétique et philosophie. » (J.S.)
Gérard SERIE
Etienne Carjat – De la caricature a la photographie – Informations pratiques
Horaires et dates
📅Tous les samedis, dimanches jusqu’au 13 octobre 2024
Adresse
Château Bouchet
📍Place de la Bascule
01480 Fareins
Tarif
🎫 Entrée libre
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