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À l’heure du repli sur soi et de la montée des extrêmes, le Musée des Beaux-Arts de Lyon nous invite à ouvrir nos esprits avec sa nouvelle exposition intitulée « Connecter les Mondes« . L’occasion de comprendre comment la notion d’université peut être déclinée dans le domaine de l’art, loin des chapelles et cloisonnements. L’exposition présente les liens artistiques existants entre les différentes parties du globe. Voici le compte rendu de ma visite.

Les collections de l’institution culturelle permettent de comprendre comment la notion d’universalité peut être déclinée dans l’art. Conçu dès l’origine sous la Révolution comme le premier Musée de Région, hors de Paris, le Musée des Beaux-Arts de Lyon a toujours présenté un panorama de l’art allant de l’Antiquité jusqu’au temps présent. Dans les différentes phases de son histoire, ce modèle très français a pu être modulé : univers universel et démocratique sous Henri Fillon, puis cosmopolite et sous son successeur, Léon Rosenthal. Depuis une trentaine d’années de nouveaux contenus ont été donné au terme complexe d’université : c’est une certaine idée de la globalisation qui, progressivement substitue, sans que soit perdu le vieux rêve d’une accessibilité universelle.

Par ailleurs, le Musée d’art contemporain de Lyon depuis sa création en 1984, dans sa politique d’acquisition et dans sa programmation d’exposition, a témoigné de cette ouverture à la scène, globalisé à l’exemple des biens d’art contemporain. L’exposition Connecter les mondes présente un ensemble de formes artistiques d’hier et d’aujourd’hui, qui ne connaissent pas réellement de frontières ou de limite géographique. Si les artistes, les techniques, les objets n’ont jamais cessé de circuler, l’histoire de ces échanges se mêle celle plus douloureuse des conquêtes et les domination. Dans un même temps, la fascination et l’appropriation d’autres cultures ont construit les regards et les sensibilités des artistes et des spectateurs. A l’Aune d’une plus dans la globalisation, l’exposition eSt l’occasion d’apporter un nouvel éclairage sur ce dialogue artistique, à partir d’un ensemble d’œuvres, du Musée des Beaux-Arts et du Musée d’art contemporain de Lyon.

Une exposition en quatre parties

L’exposition est scindée en quatre parties. La première est dédiée au réseau d’objets. La création artistique est habituellement conçue de manière locale. Nombre de musées pensent l’histoire par écoles. Par exemple l’école française ou encore l’école italienne. Mais, malgré son utilité sur le plan de la pédagogie, il faut reconnaître que ce cloisonnement minimise des échanges artistiques et sous-estime leur ampleur. Comme le souligne le sociologue, Arjun Appadurai, « les groupes vierges de tout contact avec le monde extérieur n’ont sans doute jamais existé« . Il est nécessaire de sortir d’une pensée insulaire et de considérer les archipels connectés plutôt que des îles artistiques, couper les uns des autres. Je trouve cette approche aussi salvatrice que pertinente. Dans cette section, je découvre des réseaux artistiques, qui peuvent exister entre les territoires, et m’invite ainsi à décentrer mon regard sur les objets. Je découvre que cet exercice aboutir un résultat vertigineux : l’ouverture sur le Monde vaut pour des périodes étonnamment ancienne car en effet les échanges commerciaux artistiques, ce sont des employés bien avant la mondialisation, tel que nous nous l’entendons aujourd’hui, sur très longues distances.

Des explications pour les enfants

J’apprécie également au-delà de la variété des peintures et des objets présentés que des explications soient réservées également aux jeunes publics, rendant ainsi l’exposition Connecter les mondes abordable au plus grand nombre.

Mario Mercier

Parmi les œuvres les plus intéressantes, celle de Mario Mercier, intitulée « Le retour des journaux. Le jour d’après quand personne n’est plus intéressé à lire« . Cet artiste, figure majeure de l’Arte Povera, a choisi un vocabulaire simple et facilement identifiable de volumes élémentaires, telles que la sphère, la spirale et le ce qu’il réalise à partir de matériaux simple et usuel du néon, du papier ou du journal et du béton. Cette installation rassemble de nombreuses caractéristiques propres aux recherches de l’artiste. Par la constitution de blocs géométriques de journaux périmés augmentés d’une série de nombres en ayant composants de la suite de Fibonacci, qui se reflète dans des vitres en équilibre, cet œuvre incarne une extension continue de l’espace du temps sublimer par la puissance du savoir et de la lumière. C’est très fort et pertinent.

L’expansion portugaise en Asie


Puis, au sein du parcours, je découvre une section conçue autour de deux broderies portugaises du XVIIe siècle. Il s’agit de chef-d’œuvre du département des objets d’art du musée des Beaux-Arts, complété par le prêt exceptionnel du Métropolitain Museum of art de New York. Une autre broderie de la même série évoquant la guerre de Troie. Elles sont le reflet de la rencontre des traditions occidentale et extrême orientale.

Ces broderies sont également accompagnées d’une carte qui nous permet de prendre conscience de l’extinction de l’empire portugais et des nombreux comptoirs. Une vidéo très passionnante accompagne également ces œuvres et nous font comprendre en quoi elles sont exceptionnelles. Certaines toiles brodées sont inspirées de vignettes gravées à Lyon au XVIe siècle d’après des dessins de Bernard Salomon.

Face à face

La troisième partie intitulée « Face à face » me permet de comprendre que la mise en réseau du monde ne se réduit pas à la circulation d’objets de techniques ou de motifs artistiques. Au total trois oeuvres sont exposées dans cette section avec le portrait, mise en valeur et au centre. C’est par le visage en effet que une potentielle relation avec autrui. Le Musée des beaux-arts de Lyon conserve de nombreux œuvres portraits, scènes de genre ou portraits qui résultent d’un échange de regard. Du fait même de l’histoire des collections musicales cet échange est dû principalement à l’initiative d’un « Nous » occidental. Quant au Musée d’art contemporain de Lyon, il nous permet de conjuguer ce face-à-face au pluriel en l’ouvrant à des artistes extra-européens. La création artistique n’est pas neutre. Si la plupart des œuvres exposées, témoin d’un regrettable regard, par en haut, asymétrique, qui sépare le nom des autres, d’autres sont au contraire sont le fruit d’un échange beaucoup plus horizontal au fondement d’une identité ouverte sur le dialogue et la récit réciprocité.

Des attributions physiques caricaturales

Je prends conscience également que d’autres œillères limite l’entrée aux relations, celle des classes racistes et des types qui divisent le nom et les autres. Selon les attributions physiques caricaturales que l’on retrouve dans nombre d’œuvres d’art. Ainsi l’Afrique a pu être réduite à un nez épaté, des lèvres charnues et des cheveux crépus. Tandis que l’Asie généralement été associée aux yeux bridés et l’Europe à la moustache. Heureusement, ces catégories fermées sur elles-mêmse ont été brisées par des échanges horizontaux de regard vécu sur le mode d’ouverture à l’autre. De nombreux œuvres, reconnaissent l’étranger comme un égal. Les œuvres d’art permettent de connecter les mondes, un dialogue ouvert et fertile.

C’est ainsi que l’artiste contemporain Hans Nelman, vivant au Pays-Bas et vivant à New York a été le premier étranger à obtenir de la communauté maorie l’autorisation de photographier des mots des tatouages traditionnels sacrés. Le visuel qui instaure s’accompagne du prénom et du témoignage par la personne portrait réalisé. Il ne suffit pas de penser le monde : il faut selon l’idéal de mondialité, penser avec le monde. On ne peut qu’à approuver cette démarche.

Dialogues globalisés

Je visite ensuite la dernière section intitulée « Dialogues globalisés » qui réunit des artistes qui se sont ouverts à d’autres cultures à d’autres scènes et révèle la manière dont ils ont regardé l’autre et se sont enrichis de sa diversité. Ils se sont inspirés de techniques, de motifs non pour les reproduire, mais pour forger des éléments de leur propre langage. D’ailleurs, tous ne partage pas les mêmes aspirations. Certains comme Julius Bissier se tournent vers l’extrême pour exprimer leur rejet du monde. D’autres que Camille Virot et le groupe de céramistes réunis autour de lui dans le projet Afrique se rapprochent de pratiques ancestrales de potiers d’Afrique pour retrouver une forme d’expression. D’autres, comme le peintre Wifredo Lam, opèrent une synthèse plusieurs sources d’inspiration pour créer une œuvre métissée. Ces artistes sont porteurs au sein des collections, du musée des Beaux-Arts, de Lyon et du Musée d’art contemporain de Lyon, savant mieux s’adapter à la complexité de nos sociétés plurielles.

Connecter les mondes offre discours nuancé qui permet de donner de précieuses clés de lecture au grand public, nous invite à croiser les regards et enfoncer les portes-ouvertes.

Hervé Troccaz

Notre avis

Après Formes de la ruine, la nouvelle exposition du Musée des Beaux-Arts intitulée « Connecter les Mondes » est l’occasion d’apporter un nouvel éclairage sur le dialogue artistique, bien au-delà des frontières ou des limites géographiques. Les quatre sections permettent d’aborder de nombreux thèmes comme les réseaux d’objets, l’expansion portugaise ou encore le portrait. De nombreux œuvres précieuses sont mises en avant comme les broderies grâce aux prêts exceptionnels du Metropolitan Museum of Art de New York. J’ai également apprécié les nombreuses explications dédiées aux enfants.

Exposition Connecter les mondes au Musée des Beaux-Arts de Lyon – Informations pratiques

Adresse

📍20 place des Terreaux

69001 Lyon

🚇 Hôtel-de-Ville / Louis Pradel

Tarifs

Plein tarif : 12 €
Tarif réduit : 7 € (sur présentation du billet d’entrée du macLYON datant de moins de 6 mois)
Inclus dans la Lyon City Card et la Lyon City Card 365

Dates

Du 21 juin au 1er septembre 2024 de 10h à 18h (fermé le mardi et le 15 août).

www.mba-lyon.fr

Bande-annonce

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