LUMI LIERRES
Rencontre avec Erik Barray. Cet artiste présentera son installation éphémère située au sein de la cour de l’Hôtel de ville dans le cadre de la Fête des Lumières.
Propos recueillis par Hervé Troccaz
Comment êtes-vous venu devenu artiste ?
Je suis fils d’éclusier en Haute-Marne et j’ai eu la chance de côtoyer des « manouches ». Ces derniers étaient nos voisins et ils recyclaient de nombreux produits comme des peaux de lapins, d’anciennes ferrailles…Ils métamorphosaient ces matières premières de récupération en de véritables objets, j’étais absolument fasciné, cela a été une révélation pour moi !
Vous êtes spécialiste de l’arte povera. Pouvez-vous nous présenter ce mouvement ?
L’Arte povera (de l’italien « art pauvre ») est né en Italie puis s’est étendu à l’international dans les années 60. Comme son nom l’indique, cette discipline utilise des produits simples, du papier, de l’osier, des bouts de ficelle…. Ces matériaux permettent de réaliser entre autres des projets dans de grandes dimensions. Je suis également spécialiste du « Land Art » une tendance de l’art contemporain utilisant comme cadre la Nature et les matériaux qu’elle prodigue (bois, terre, pierres, sable, eau, rocher, etc.). Cette approche touche beaucoup les gens car elle permet d’avoir une autre vision de la Nature même en milieu urbain. En tant qu’artiste, je fais très attention à l’environnement, à la beauté du monde. Mon regard spécifique me permet de m’émerveiller devant des éléments du quotidien : un chant d’oiseau, les jolies couleurs d’un arbre etc.
Vous utilisez de nombreuses techniques de vannerie dans votre travail. Pourquoi ?
La technique de la vannerie remonte au Paléolithique, elle fait partie de notre bien commun et de l’histoire de l’humanité. On ne prête plus attention à ces objets, mais chacun a chez soi un objet en osier comme une panière à pain. Ce sont des choses fabuleuses, qui permettent de contenir légumes ou des fruits. Ils font tellement partie de notre quotidien que notre regard ne s’y attarde plus. Depuis trois décennies, j’ai réinterprété la vannerie avec des formes originales, des brins qui partent dans tous les sens ou en réalisant des sculptures. Je me sers de ce qui nous entoure, avec ma sensibilité. Chaque être humain a en lui ce pouvoir magique. Il faut l’utiliser de manière humble. C’est un travail passionnant ! Nous sommes les héritiers d’un savoir-faire millénaire. Il faut ne pas oublier ce patrimoine !
Pour l’édition 2017 de la Fête des Lumières, vous allez investir l’Hôtel de ville de Lyon. Pouvez-vous nous présenter votre création ?
Je travaille avec Richard le Guezennec, plasticien graphiste et Manu Théry, concepteur lumière. Ensemble, nous avons trouvé des idées nouvelles et nous avons fait preuve de créativité et d’ingéniosité, afin que notre œuvre soit réalisable. Cette dernière, dans des tons bleutés et dorés, s’appelle « Ephémère » et fait référence aux papillons qui ne vivent qu’une seule nuit. La végétation recouvrira les murs et la fontaine. L’ensemble, très poétique, sera envahi d’osiers grimpants, de glycines et de broussailles tressées. Dans le décor très minéral de l’édifice, les lierres et liserons géants vibreront en lumière le long des façades et donneront au visiteur une perspective d’élévation et de verticalité.