NUITS DE FOURVIERE
MALIN LE BERNARD !
GAËL FAURE en concert
En première partie, pendant une demi-heure, Gaël FAURE d’abord seul en scène : mèche rebelle qui dégringole sur son visage, avec un joli grain de voix et deux trois accords sur sa guitare, entonne une chanson douce.
Rejoint sur scène par ses trois fidèles complices, le rythme musical change en sonorités plus rock et folk et les décibels crachés par les amplis s’amplifient au maxi.
Il joue de sa voix et de sa gestuelle pour donner corps à la succession de chansons qu’il nous livre par la suite de Ereinté (en hommage à Balavoine) à Caractère (pop enjouée), de Le goût des choses à un titre plus personnel qui lui rappelle les saisons ardéchoises :Traverser l’hiver…. Ce charmeur hyperactif s’arrête une fraction de minute pour nous dire « on croit que je fais du rock mais c’est seulement de la chanson française » et pour nous le prouver choisit un titre anglais Only Wolves. Le public applaudit son trait d’humour et Gaël poursuit avec un titre résolument vert pour ne pas dire « engagé » : Colibris.
S’il ne renie pas ses origines campagnardes avec son dernier album plus structuré où il co-signe pour la première fois toutes les paroles de REGAIN , le jeune chanteur trentenaire prouve à son public qu’il a su tirer de ses galères passées les enseignements utiles pour mieux rebondir et entamer une carrière de chanteur à succès.
BERNARD LAVILLIERS
Malin et prudent comme pas deux, l’artiste a demandé à la direction que l’on ne distribue pas aux spectateurs, comme le veut la tradition à Fourvière, les indispensables coussins qui volent sur la scène à la fin de chaque spectacle .
Après une pause indispensable entre les deux parties du concert pour se désaltérer à cause de la chaleur tenace et d’une éclipse de lune invisible parce que le ciel est nuageux , les musiciens de Bernard Lavilliers prennent possession de la scène et commencent à jouer un air entrainant .
Impérial comme toujours, Bernard Lavilliers qui n’a rien perdu de sa superbe, arrive : veste noire agrémentée de bandes dorées sur un coté, avec son éternel pantalon et des bottines en cuir noir. Guitare en bandoulière il entonne immédiatement au milieu de scène, un titre extrait de son 21e album studio CINQ MINUTES AU PARADIS.
Rythmes chaloupés, il chante de sa voix chaude bien timbrée, joue de son corps et adopte une gestuelle élégante. Cette « bête de scène » après une si longue carrière reste égal à lui même. Simplicité et respect sont ses deux maîtres mots dans la vie . En pleine forme et proche de son public, il nous transporte de l’ Amérique du sud aux hauts fourneaux de Florange. Chose rare chez les chanteurs actuels, Monsieur Lavilliers n’oublie pas au début de cette soirée pleine de promesses de présenter un à un ses musiciens et n’hésite pas à les mettre en valeur. Passés ces détails d’ordre personnel, un concert de Lavilliers demeure une expérience unique parce que l’artiste-voyageur ne vient pas seulement interpréter une série de titres de chansons connues , mais nous invite à un voyage musical aux quatre coins du monde.
Son concert est une histoire au long cours, tantôt poétique, tantôt engagée où un titre comme « Croisières Méditerranées » nous rappelle avec des mots forts et percutants, le drame actuel des migrants . Plus loin il évoque l’enfermement avec « Stand The Ghetto« , ou le voyage avec « On The Road Again » (refrain repris à capella par les 4000 spectateurs), avec « La Salsa » il fit danser les centaines de spectateurs massés devant la scène.
Pour notre plus grand plaisir, il mélange les rythmes et les styles de son répertoire. De « La gloire » poème de Pierre Seghers écrit en 1957en pleine guerre d’Algérie, il innove en conviant Benjamin Biolay pour les arrangements de « Paris la grise » un boléro langoureux, ou les musiciens de Feu! Chatterton pour « Bon pour la casse« .
A le voir enchainer pendant plus de deux heures non stop, tout esquissant quelques pas du boxeur qu’il était autrefois, nous pouvons affirmer plus que jamais, que cet immense artiste est toujours en prise directe avec notre époque. Une soirée magique et magnifique.
Gérard SERIE
Crédits photos : Gérard Sérié