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ONO, UNIK (QUE), ICONIQUE

Jusqu’au 10 juillet 2016, le Musée d’Art Contemporain de Lyon rend hommage à Yoko Ono. Une première rétrospective en France, fidèle à l’œuvre de l’artiste. Sur 3000 m2 et 3 étages, ses œuvres, de 1952 à 2016, à pratiquer, à voir, à entendre.

YOKO ONO - Lumière de L'aube - Musée d'art contemporain de Lyon
YOKO ONO – Lumière de L’aube – Musée d’art contemporain de Lyon

Il est rare qu’une artiste présente dès ses débuts une œuvre accomplie. C’est le cas de Yoko Ono qui, dès l’origine, expose de nouvelles idées et concepts, et conçoit de nouvelles manières d’écouter et de produire du son. Elle parfait son éducation entre la philosophie et la vie en temps de guerre, privations et déplacements. Ce qui rend son approche artistique tour à tour cohérente et universelle.

Yoko Ono est née à Tokyo en 1933 et se rend aux États-Unis à l’âge de 3-4 ans, mais doit regagner le Japon avec sa famille quand la guerre éclate. Pendant le bombardement de Tokyo, elle et son frère sont contraints de fuir à la campagne pour échapper à la destruction de la ville. C’est là qu’elle découvre le ciel et le pouvoir de l’imaginaire : elle crée pour son frère affamé des « menus pour le ciel ». Le ciel devient à ses yeux une oasis de paix, lui permettant d’échapper aux difficultés qui l’entourent. En 1952, elle écrit une œuvre intitulée « The Soundless Music », et une autre dont elle crée les images, qui porte le titre « An Invisible Flower ».

Les deux sont avant tout des “concepts”. En 1953, Yoko Ono retourne à New York afin de poursuivre ses études et c’est là qu’elle écrit A Grapefruit in the World of Park, qui sera le canevas de quelques-unes de ses toutes premières performances. Au cours de l’hiver 1960/1961, Yoko Ono soutient l’idée qu’une représentation visuelle d’un concept ou d’une idée n’est pas nécessaire, et elle présente des instructions pour peintures, qui consistent en de simples mots écrits sur des feuilles exposées. L’étape finale de ce processus sera la publication en 1964 de Grapefruit.

Yoko Ono crée des œuvres pour différentes formes : son, film, participation, instruction, architecture, installation, environnement… Toutes ces formes sont présentées dans la
rétrospective du Musée d’Art Contemporain de Lyon, qui couvre la période 1952 / 2016, soit 64 ans de création.

 

Dès la fin des années 50, Yoko Ono écrit ses premières Instruction Pieces. C’est en 1961 que Yoko Ono expose chez George Maciunas, initiateur de Fluxus, qui lui offre sa première exposition personnelle à la galerie qu’il vient d’ouvrir. Il n’y aura que cinq personnes au vernissage… parmi lesquelles John Cage. Pour l’exposition, Yoko Ono donne à ses instructions la forme de peintures : Peinture pour le vent, Peinture ombre, Peinture à piétiner…

L’instruction est en quelque sorte une partition écrite. Grâce à elle l’œuvre peut emprunter de multiples formes : il y a le texte d’une part, écrit par l’artiste, et sa réalisation d’autre part qui peut être exécutée par chacun d’entre nous, avec de nombreuses interprétations différentes. Pour Yoko Ono, “l’instruction introduit le temps dans l’œuvre et rompt avec l’emphase de l’original.” L’œuvre ne requiert pas l’espace du musée ou de la galerie pour exister, elle peut se faire n’importe où.

Musicienne, plasticienne, à l’origine de la performance, vidéaste, et activiste pour la Paix.

YOKO ONO - Lumière de L'aube - Musée d'art contemporain de Lyon
YOKO ONO – Lumière de L’aube – Musée d’art contemporain de Lyon

Dès cette date, et avec quelques autres artistes, musiciens, cinéastes, chorégraphes…, Yoko Ono contribue à redéfinir et élargir considérablement l’art de notre temps. Elle est musicienne, plasticienne, à l’origine de la performance, vidéaste, et activiste pour la Paix.

Son œuvre est relativement peu exposée en France, malgré sa réputation internationale. C’est pourquoi la phrase de son célèbre mari, John Lennon, reste encore vraie aujourd’hui : “Yoko Ono est l’artiste inconnue la plus célèbre au monde. Tout le monde la connaît mais personne ne sait ce qu’elle fait.”

Aujourd’hui, l’œuvre est incontournable, d’une extrême actualité, mais encore trop peu connue dans ses formes et sa congruence à l’époque. C’est une des raisons de cette rétrospective, qui se veut fidèle en tous points à l’œuvre, notamment à la leçon de Yoko Ono : celle de l’expérimentation et du partage. Elle a choisi pour Lyon le titre Lumière de L’aube. Il est générique, car « Lumière » est l’un des mots clés de son œuvre, il est en même temps ancré dans l’histoire de la ville car il ne peut pas ne pas rappeler l’étrange invention à laquelle les frères Lumière, ses géniteurs, ne prêtaient aucun avenir : le cinéma.

Dérangeantes parfois, iconoclaste assurément, ces œuvres font la part belle à l’interaction et invite le public à s’interroger. Si on restera de marbre, voir bousculés par des partis-pris et des œuvres qui mettront mal à l’aise, le grand public sera charmé par idées brillantes à l’instar de ces portes assemblées dans une même pièce.

Hervé Troccaz

YOKO ONO – LUMIERE DE L’AUBE

Jusqu’au 10 juillet, Musée d’Art Contemporain

81 Quai Charles de Gaulle Cité internationale
69006 Lyon

Plein tarif : 9 €
Tarif réduit : 6 €
Gratuit : – 15 ans, détenteurs de la carte M’RA, étudiants en formation diplômante de la Région Rhône-Alpes, élèves des écoles d’arts, étudiants en histoire de l’art et arts plastiques suivant des cursus diplômants, bénéficiaires du RSA, carte MAPRA et maison des artistes, carte ICOM, LYON CITY CARD, personnes en situation de handicap.

Site officiel de l’exposition

Crédit photos : Blaise Adilon / MAC Lyon