THEÂTRE
04 au 06 octobre
STABAT MATER Pergolèse / Sébastien d’Hérin / David Bobée / Caroline Mutel
Un message universel où danseur et circassien subliment la musique de Pergolèse.
Alors qu’à La Croix-Rousse, la saison s’ouvre avec Songs et l’ensemble Correspondances, le Théâtre de La Renaissance1 propose Stabat Mater avec Les Nouveaux Caractères2. Ces deux ensembles lyonnais, hissés au plus haut niveau de la musique baroque, invitent les metteurs en scène de théâtre à faire vivre ces œuvres dans notre monde contemporain.
Le Stabat Mater de Pergolèse, basé sur un texte liturgique relatant la souffrance de la Vierge Marie, fait partie des joyaux du répertoire baroque. Le compositeur de vingt-six ans remit ce chef-d’œuvre sur son lit de mort en 1736. Le jeune maître renouvelait fondamentalement la musique religieuse de son temps, convaincu que le goût du public pour l’opéra triompherait aussi à l’église.
La mise en scène de David Bobée et Caroline Mutel présente une série de portraits, où se mêlent danse et cirque dans un décor urbain. La figure religieuse de la Mère devient la figure de l’humanité sacrifiée. Circassien et danseur portent un message d’humanisme plein d’espoir. Un Stabat Mater de chair et de sang, de rires et de larmes, parlant d’un roi-migrant élu en son royaume de précarité.
Une comédie extravagante autour d’un anti-héros fou de jalousie au point de mettre la ville à feu et à sang.
Ervart est une grande comédie, une farce peuplée de personnages rares, borderline, tordus, passionnants. Pour les jouer, le metteur en scène Laurent Fréchuret a réuni une bande de comédiens virtuoses du comique, Vincent Dedienne en tête. Il sera Ervart, le fou de jalousie. Ses crises et ses hallucinations le portent vers le massacre de masse.
L’univers d’Ervart confine au fantastique. Sa femme, Philomène, fait appel à un psychanalyste obsédé de citations. Et voilà que surgissent Maurice, agent secret zoophile et Anastasia Zilowski, comédienne bilingue et pourtant sans emploi. Sans oublier Frédéric Nietzsche en personne qui passait par là. Pendant ce temps-là, une petite troupe de comédiens anglais égarés tourne autour de la maison.
Rien d’étonnant donc si Laurent Fréchuret, qui a mis en scène un remarquable En attendant Godot à La Croix-Rousse en 2016, s’est pris de passion pour cette pièce hors norme de l’extravagant auteur Hervé Blutsch. Avec Ervart, on va de surprise en surprise. Les attentats, les bombes, les explosions qu’il nous montre, avec un angélisme à peine cultivé, ne sont pas ceux que l’on attendait. Le burlesque et l’effroi se partagent l’inattendu avec éclat. Quelques moments de mélancolie et de tendresse apportent une note différente. L’espace se peuple de labyrinthes, de portes communicantes, de jeux de miroirs. De quoi passer une soirée folle où le rire deviendra questionnement.
16 au 20 octobre La Petite Fille qui disait non – Carole Thibaut
Sous l’apparence d’un conte, une histoire d’émancipation, de recherche d’identité et d’amour.
C’est un de ces contes dont Carole Thibaut a le secret. Un contequi a l’apparence d’un conte: on y trouve une petite fille, Marie, sa maman, Jeanne et la grand-mère, Louise. Et bien sûr, une forêt où vit un loup. Mais est-ce vraiment un conte?
Marie est une petite fille sage et responsable, une petite fille à qui l’on peut faire confiance. Jeanne est une mère aimante, à l’écoute, une mère moderne, très prise par son métier d’infirmière et par les difficultés de la vie quotidienne. Alors quand chaque semaine Marie va rendre visite à Louise, sa grand-mère, qui habite de l’autre côté de la cité, Jeanne lui recommande de prendre le chemin le plus long, celui qui contourne la Cité-Forêt et d’éviter celui qui la traverse, même s’il est plus court et attrayant. Louise et Marie parlent beaucoup, les grand-mères savent beaucoup de choses et n’hésitent pas à les transmettre.
Mais un événement va pousser Marie à entrer dans la cité sous l’emprise de la colère comme on entre dans le vaste monde et Jeanne, au fond d’elle-même, savait que cela devait arriver. Un jour les petites elles désobéissent, un jour les petites lles vont se confronter aux loups et aux hommes, un jour les petites filles ne sont plus si petites, un jour les petites filles sont mises à l’épreuve parce qu’il faut bien grandir.
6 /au 9 octobre DEVASTEZ-MOI
Johanny Bert / Emmanuelle Laborit / The Delano Orchestra
Emmanuelle Laborit, sourde de naissance, chante et danse en langue des signes.
C’est un spectacle miraculeux: on y voit une formidable comédienne, Emmanuelle Laborit, militante de la langue des signes, chanter. Oui chanter. Mais en chansigne.
Fan de Michael Jackson, de Nina Hagen, d’Alain Bashung, de Léo Ferré ou encore de la Callas, elle ne les entend pas mais elle aime leurs attitudes, leurs énergies et imagine le grain de leur voix.
Avec le metteur en scène Johanny Bert, elle fait de cette passion un nouveau spectacle. On passe d’un récital lyrique à un bal populaire, un concert de rock ou un monologue musical au son du groupe folk-rock The Delano Orchestra. Les codes du concert rock – lumières, costumes à paillettes et tenues sexy – sont mêlés à une écriture théâtrale qui brouille les pistes.
Emmanuelle Laborit se dévoile derrière les chansons et «chansigne» ses désirs, ses libérations, ses blessures. Elle dit les maux des corps féminins: corps sensuels, corps malmenés, corps masquant des sentiments enfouis, corps libérés. Les musiciens sont les vibrations de son corps, de son visage, de ses mains et les notes, ses pensées. Elle signe du bout des cheveux jusqu’au bout des doigts de pieds.
Le spectateur n’a plus qu’à se laisser emporter par les sons et les signes pour un moment inoubliable d’intelligence, de beauté, de musique et de partage avec le public.
16 au 21 novembre L’OPERA DE QUAT’ SOUSKurt Weill / Bertolt Brecht / Jean-Robert Lay / Jean Lacornerie
Bal chez les maudits
Un bal des affreux qui swingue entre critique sociale et cabaret berlinois.
Bienvenue dans les bas-fonds de Londres! Ici règnent voleurs, assassins, flics corrompus, faux mendiants, exploiteurs de tout poil, méchantes femmes d’argent et prostituées malhonnêtes. «De quoi vit l’homme? De sans cesse torturer, dépouiller, déchirer, égorger, dévorer l’homme.
L’Opéra de quat’sous, écrit en 1928 par Bertolt Brecht à partir de L’Opéra des gueux de John Gay, est un portrait brutal de l’humanité moderne. Pour Jean Lacornerie qui reprend son spectacle créé en 2016, ce chef-d’œuvre est la source du théâtre musical du XXe siècle. Comédiens, musiciens, chanteurs se mêlent aux marionnettes d’Émilie Valantin et suscitent un parfum unique d’ironie et de nostalgie, de désespoir et de légèreté que seul le mélange de la musique et du théâtre peut provoquer.
23 novembre EVELYNE GALLET et JEAN GUIDONI une soirée, deux concerts
Elle irrévérencieuse lui passionnel. Une soirée en chansons, solaire et nocturne.
À quelques encablures du Théâtre de la Croix-Rousse, la salle de spectacle A Thou Bout d’Chant soutient la chanson française à Lyon. Deux jeunes passionnés, Lucas Roullet-Marchand et Matthias Bouffay en ont repris la direction. Ils revendiquent une chanson française moderne, vivante, plurielle, différente et indispensable. C’est avec leur complicité et leurs regards d’experts que cette soirée s’est organisée autour de deux artistes, Evelyne Gallet et Jean Guidoni.
La première est croix-roussienne! Elle séduit par sa verve et son charisme, elle est son propre univers, une personnalité hybride qui se plaît à faire rire et pleurer. Dès qu’on la range dans une case, elle court ailleurs et c’est ce qui fait son talent. Elle offre sa vision du monde, tout en panache et en légèreté: des émotions à la pelle, du culot, de la chair, de la vie dans toute sa splendeur.
Le second, l’un des représentants les plus éminents de la chanson française, creuse sa verve théâtrale et subversive depuis quarante ans. Il revient sur scène avec Légendes urbaines dont il signe les textes. Dans des ambiances latines de cabaret, Jean Guidoni raconte les errances nocturnes, les rencontres fugaces, les matins blêmes et la vie qui passe. Grand interprète, sa voix est tout aussi flamboyante que sa présence scénique.
27 au 30 novembre – SURVIVRE EN MILIEU HOSTILE Sarah Bahr / Thierry Bordereau
Une histoire de notre monde quand il faut s’en échapper.
Survivre en milieu hostile, nous y pensons tous, que nous soyons alpiniste, marin, trekker, web-surfeur ou aventurier de canapé.
Alors voici l’histoire d’un homme qui perd pied sur les sables mouvants d’une réalité qui lui échappe. Cerné par les injonctions, pas toujours hostiles d’ailleurs, de son collègue de bureau d’une agence de voyage spécialisée dans l’extrême, il trouve refuge par téléphone auprès d’une aventurière qui ne tarde pas à devenir sa seule planche de salut. Burn-out, dépression voire décompression, crise spirituelle, passion amoureuse, révélation…
Le texte de Sarah Bahr et la mise en scène de Thierry Bordereau reposent sur l’extraordinaire capacité humaine à s’adapter à toutes les agressions physiques, psychiques et sociales. Mais ce n’est pas forcément un drame et cette pièce se veut être une forme de conjuration légère, décalée et joyeuse à l’usage de tous les survivants potentiels que nous sommes. Une manière de mettre en jeu notre peur impuissante face à ce qui ne va pas manquer de très mal tourner et auquel nous ne manquerons pas de survivre!
Informations relayées par Gérard SERIE
SAISON 2018 – 2019
THEÂTRE DE LA CROIX-ROUSSE
ECLAIRAGE
Avec son allure de gamin rêveur et rieur, à 26 ans Jean Lacornerie occupe déjà le poste de secrétaire général du Français.En octobre 2002, il est nommé avec Étienne Paoli à la direction du Théâtre la Renaissance à Oullins . Depuis2010, il dirige le théâtre.de la Croix-Rousseen qualité de Metteur en scène et directeur. Il s’est spécialisé dans le théâtre musical (opéra et comédie musicale) .
UN BOUQUET DE FLEURS FOLLES pour illustrer cette nouvelle saison 18/19, tel est le choix visuel et le projet de jean Lacornnerie et Anne Meillon (Directrice déléguée) responsables de cette institution lyonnaise.
Mais au-delà du symbole et d’un jardin utopique propice à la création , il y a un contenu et des thèmes qui feront la part belle au théâtre de répertoire ou aux textes actuels et en grande partie à la musique, pour éveiller notre curiosité et satisfaire nos envies de spectateur.
POUR COMPOSER LE MENU, son directeur et metteur en scène Jean Laconnerie fidèle à son intérêt profond pour la musique, au théâtre et aux arts de la scène, a fait appel à des artistes et metteurs en scène jeunes ou confirmés, invité l’opéra, la danse, le chant, le music-hall , le cirque …..pour être vu ou entendu avec derrière les apparences et l’exigence artistique, des engagements forts: sociaux, politiques, poétique.
Devant cette multitude de propositions toutes plus alléchantes les unes que les autres, où les créations sont nombreuses , il faut retenir la variété des spectacles multicolores qui teinteront cette saison et composeront ce bouquet que nous offre en préambule le Théâtre de la Croix-Rousse.
AU PROGRAMME
24 spectacles,avec l’accueil en septembre de la Biennale de la Danse .Suivront en partenariat avec le Festival de musique baroque d’ Ambronay et le théâtre de la Renaissance,
De la rentrée à la fin d’année18: un opéraà la sauce anglaise, une pièce baroqueen mouvement pour un danseur et circassiens, une comédie extravagante,une histoire d’émancipationsous forme de conte entre Blanche-Neige et le Petit Chaperon rouge , puis un spectacle de chant et danseen langue des signes, un bal des affreuxentre critique sociale et cabaret berlinois, une soirée irrévérencieuseet passionnelle en chansons avec la voix d’une lyonnaise et d’unraconteur d’errances nocturnes, l’ histoire de notre mondequand il faut s’en échapper , un opéra contemporainqui nous révèle une immense figure de l’histoire de l’Amérique noire, Un concert conté, sur l’engagement féminin et enfin un music-hall de pochepour renverser la morale, le temps d’une soirée jubilatoire . Voilà pour la mise en bouche .
Gérard SERIE