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Stella, une vie allemande de Kilian Riedhof avec Paula Beer, Katja Riemann, Lukas Miko
Stella, une vie allemande – Synopsis
Stella, grandit à Berlin sous le régime nazi. Elle rêve d’une carrière de chanteuse de jazz, malgré toutes les mesures répressives. Finalement contrainte de se cacher avec ses parents en 1944, sa vie se transforme en une tragédie coupable. Inspiré de la véritable histoire de Stella Goldschlag.
Stella, une vie allemande – Critique du film
Même si ce drame historique s’inspire en partie du roman Stella de Takis Würger (2019), qui a transformé en roman d’amour fictif l’histoire vraie de Stella Goldschlag, c’est à un voyage au bout de l’enfer que nous propose ce film choc.
Pour ceux qui ne connaitraient pas l’histoire de cette femme, rappelons simplement que cette allemande est juive et qu’elle collabora d’abord pour sauver sa peau et celles des siens avec le régime nazi pour la traque des Juifs cachés à Berlin pendant la seconde guerre mondiale de 39-45.
Surnommée « le Grappin », on estime qu’elle a provoqué par ses dénonciations la mort d’entre 600 et 3000 Juifs qui périrent dans les camps de la mort.
Arrêtée en 1945, elle est condamnée à dix ans de détention dans les camps soviétiques avant son retour à Berlin où elle est de nouveau condamnée à dix ans d’emprisonnement, peine qui ne sera pas appliquée au titre des années de détention déjà effectuées. Stella Goldschlag se suicidera à l’âge de 72 ans.
Si cette histoire fascine encore certains allemands qui ont eu connaissance du comportement démoniaque de Stella, c’est parce qu’elle fut à la fois coupable et victime pour sauver sa peau et qu’il est difficile de juger dans ce cas quand on doit choisir entre la mort et la vie ?
C’est un film trouble et dérangeant parce qu’il nous pousse à nous positionner en tant que citoyen et ‘individu face à un tel dilemme et de la situation dans un tel contexte.
Ce film éclaire d’un jour inédit un pan de l’histoire mondiale
Au delà de ce drame historique, ce film éclaire d’un jour inédit un pan de l’histoire mondiale, tout en déclenchant l’émotion quand on suit son héroïne à Berlin sur deux dates clés :
En 1943, où Stella, chanteuse de jazz juive en devenir, travaille à l’usine et boucle les fins de mois en fabriquant des faux papiers et en faisant quelques passes. Jusqu’au jour où elle est arrêtée et torturée par la Gestapo pour dénoncer des Juifs autour d’elle. Menacée d’être envoyée à Auschwitz avec ses parents, elle commence à dénoncer des Juifs de son entourage, puis des groupes entiers cachés dans Berlin. Arrêtée par les Soviétiques, elle sera condamnée à dix ans de prison en URSS.
En 1957 à son retour, où elle est à nouveau condamnée par le tribunal à la même peine
Stella, une vie allemande traite malgré des films comme Le mariage de Maria Braun de Rainer Fassbinder, d’un sujet assez rare à l’écran et sans doute inédit, à travers le destin de Stella Goldschlag une « malgré elle », en relatant l’histoire d’une vie qui ne lui appartient plus.
La mise en scène convient parfaitement au sujet traité
La mise en scène bien que classique et soignée convient parfaitement au sujet traité, sans toutefois jamais faire l’impasse sur les faits historiques douloureux, la torture, les rafles, les camps de la mort.et les sentiments éprouvés par les protagonistes à chaque étapes du déroulé de la narration.
L’exceptionnelle et magnifique actrice de 28 ans Paula Beer (Stella), habite un rôle très physique, tantôt flamboyante, tantôt bouleversante et terrifiante, elle passe du glamour à la prison, et inversement, en jouant d’une palette de jeux exprimant toutes les émotions, de l’amour à la peur, de la contrainte à l’assumation de sa fonction de traite.
Le reste du casting dans un bel équilibre de jeu accompagne avec maestria l’actrice principale .
La moralité de cette histoire de trahison est que même si l’on dit que l’histoire ne se reproduit jamais deux fois, méfions nous néanmoins aujourd’hui qu’elle ne se répète pas avec la monté des extrêmes et du fascisme en Europe
Gérard SERIE
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