MAI / JUIN 2018
La sélection – Par Gérard Sérié
AMOUREUX DE MA FEMME de et avec Daniel Auteuil, Gérard Depardieu, Sandrine Kiberlain, Adriana Ugarte
Daniel est très amoureux de sa femme et a un ami encombrant. Lorsque celui-ci insiste pour un diner « entre couples » afin de lui présenter sa toute nouvelle, et très belle, amie, Daniel se retrouve coincé entre son épouse qui le connaît par coeur et des rêves qui le surprennent lui-même….
Après le succès de la pièce « L’envers du décor » de Florian Zeller Auteuil réalise une comédie romantique légère où il explore avec brio, entre rêve et réalité les fantasmes d’un homme mûr que sa femme ramène sans cesse à la réalité . C’est drôle, plein d’humour bien réalisé, avec un casting formidable. dont le seul petit bémol est le manque de crédibilité du couple formé par Depardieu avec sa ravissante conquête.
COMME DES ROIS de Xabi Molia Avec Kad Merad, Kacey Mottet Klein, Sylvie Testud
Joseph ne parvient pas à joindre les deux bouts. Sa petite entreprise d’escroquerie dans laquelle il a embarqué son fils Micka, est sous pression à cause des loyers en retard. Joseph a plus que jamais besoin de son fils qui rêve en secret d’une autre vie …..
Film social grave et drôle à la fois, qui porte un vrai regard sur la précarité sans misérabilisme . Leduo père-fils est très juste quand les moments de flamboyance alternent avec les désillusions. C’est aussi une histoire qui parle de la famille et des liens qui unissent ses membres. Le scénario est d’une belle écriture et la réalisation efficace. Kad Merad et Kacey Mottet sont formidables, à la fois tragiques et tendres, pathétiques mais souvent drôles et émouvant dans leur « jeu » d’entraide réciproque.. A voir.
THE CAPTAIN – L’USURPATEUR de Robert Schwenke avec Max Hubacher, Milan Pestle
- Le chaos se répand en Allemagne et les armées du IIIème Reich commencent à se déliter. Des escadrons de soldats ivres multiplient les exécutions sommaires, sans diffé- rencier déserteurs et fantassins ayant perdu leur unité. Pour survivre, un jeune déserteur allemand, Willi Herold, va usurper l’identité d’un capitaine…
Film allemand magnifique, en noir et blanc. The captain aborde non seulement un sujet historique réel sensible, mais il interroge sur la façon dont ces mêmes mécanismes sont encore à l’ oeuvre aujourd’hui. Cela commence par la chasse d’un déserteur par des soldats dans une forêt. En se replongeant dans les heures sombres de son pays natal, le réalisateur nous livre une réflexion glaçante et réaliste sur la condition humaine en temps de guerre. Schwenke pousse l’absurde de la situation jusqu’aux limites de la décadence morale. Les acteurs sont plus vrais que de nature. La réalisation volontairement réaliste provoque en nous un électrochoc. Âmes sensibles s’abstenir parce que la violence des images risque de heurté votre sensibilité.
LARGUEES d’ Eloïse Lang avec Miou-Miou, Camille Cottin, Camille Chamoux, Olivia Côte
Rose et Alice sont 2 sœurs très différentes. Elles ne sont d’accord sur rien, à part sur l’urgence de remonter le moral de Françoise, leur mère, fraîchement larguée par leur père pour une plus jeune. Leur mission : « sauver maman » en se rendant dans un club de vacances sur l’Ile de la Réunion…
Enfin une pépite d’or qui tranche avec les « comédies » du moment sur les écrans. Le scénario très écrit et d’une intelligence rare, remplit toutes ses promesses. Les dialogues savoureux et très explicites ne sont jamais vulgaires, drôles et hilarants. La force de ce film réside dans le fait que tous les personnages principaux ou secondaires sont bien campés et bien exploités . Le casting est formidable . On pourrait dire que c’est un film de et pour les femmes mais destiné aux hommes.. La réalisation alerte, exigeante, précise d’ Eloîse Lang est bien rythmée avec des temps de pauses et des revirements de situations inattendus. C’est aussi et surtout un film d’amour filial entre mère et filles. les spectateurs ressortiront de projections avec une pêche d’enfer.
KINGS de Deniz GAMZE Ergüven avec Halle Berry, Daniel Craig
1992, dans un quartier populaire de Los Angeles. Millie s’occupe de sa famille et d’enfants qu’elle accueille en attendant leur adoption. Avec amour, elle s’efforce de leur apporter des valeurs et un minimum de confort dans un quotidien parfois difficile. Pendant ce temps, à la télévision, le procès Rodney King bat son plein. Lorsque les émeutes éclatent, Millie va tout faire pour protéger les siens et le fragile équilibre de sa famille…
Un film bouleversant et attachant lors des émeutes terribles de 1992 à Los Angeles. Les personnages du film sont tous inspirés de personnes réelles, à commencer par Millie que la cinéaste a rencontrée Drame Assez original dans la réalisation. En effet, il en ressort quelque chose d’étrangement authentique et vrai contrairement aux films grand public qu’on a l’habitude de voir. Plus que l’histoire, ce sont vraiment les acteurs qui se démarquent, jouant à perfection leur rôle.
L’ORDRE DES CHOSES D’Andréa Segre EGRE avec Paolo Pierobon, Giuseppe Battiston
Rinaldi, policier italien de grande expérience, est envoyé par son gouvernement en Libye afin de négocier le maintien des migrants sur le sol africain. Au cours de son enquête, il rencontre dans un centre de rétention, Swada, une jeune somalienne qui le supplie de l’aider…
Avec une lucidité perturbante, le cinéaste italien Andrea Segre pointe du doigt les dysfonctionnements de la politique migratoire européenne. Le film s’inscrit dans la tradition des grands films politiques italiens. Un implacable scénario qui jusqu’au bout nous porteraLe film est assez lent, plutôt froid mais reflète bien une certaine réalité et le dilemme qui se joue quotidiennement dans les sphères des autorités de régulation des flux migratoires. Tourné avec la rigueur d’une enquête journalistique et la conscience humaniste d’un documentaire. Un cadre glacial pour un drame brûlant.
LA ROUTE SAUVAGE d’Andrew Haigh avec Charlie Plummer, Steve Buscemi, Chloë Sevigny
Thompson a quinze ans et a appris à vivre seul avec un père inconstant. Le jour où Charley se retrouve totalement livré à lui-même, il décide de s’enfuir avec Lean on Peteun pur-sang en fin de carrière , pour retrouver sa tante ….
En investissant les grands espaces américains, le cinéaste britannique filme avec délicatesse l’errance ultrasensible d’un jeune homme et son cheval. La structure du film se rapproche d’un conte d’initiation. Le jeune Charlie Plummer est excellent dans le rôle de Charley, rendant le personnage authentique et touchant, sans tomber dans l’angélisme ou la victimisation. On regrettera peut-être quelques longueurs, mais LA ROUTE SAUVAGE « Lean on Pete » est un très beau film qui a d’ailleurs a su séduire lors de festivals dans le monde entier.