A DEUX MAINS
Promouvoir les arts de la marionnette, c’est le défi que s’est lancé la ville de Lyon. Elle espère révéler cet art comme une discipline majeure, riche et vivante, en s’appuyant notamment sur une vision contemporaine du langage. De nombreux acteurs participent à cette ambition.
Plusieurs acteurs culturels de la ville de Lyon se mobilisent, alliant savoir-faire et projets artistiques, comme une main tendue vers Guignol, symbole emblématique de la ville : les musées Gadagne, le Théâtre Le Guignol de Lyon ainsi que le Théâtre Nouvelle Génération. Ils sont rejoints par la compagnie M.A., dirigée par Emma Utges, pour une durée de trois ans, à partir de février 2017. La compagnie a pour mission de conserver le patrimoine, de faire évoluer le répertoire de Guignol mais aussi de montrer un aspect poétique de la marionnette. « Nous avons trois ans pour fabriquer une partie du patrimoine de demain » déclare Emma Utges. Elle souhaite, à travers de futures créations, faire découvrir des spectacles de Guignol qui s’inscrivent dans leur époque, en parlant notamment de sujets sérieux comme le capitalisme, la sexualité ou les migrants ; tout en y ajoutant une touche d’humour.
Le nouveau projet construit d’une main de maître
La gestion du Théâtre Le Guignol de Lyon se voit confiée à la compagnie. Ce dernier devient un lieu de diffusion pour des spectacles traditionnels du Guignol mais aussi une résidence artistique. Il permettra ainsi de nombreux échanges et rencontres autour de la marionnette. La capitale des gaules a décidé de soutenir la compagnie M.A, à hauteur de 120 000€ par an, pour ses activités au Théâtre Le Guignol de Lyon. Les artistes bénéficieront du matériel scénique et technique, des locaux du Théâtre, du fonds de marionnettes ainsi que des décors et des costumes. Le contenu artistique de M.A s’articulera autour de trois axes : la création, la valorisation du patrimoine théâtral de Guignol ainsi que la médiation et le développement des publics.
Un musée à portée de main
A terme, les spectateurs découvriront des techniques de jeu et de manipulation à travers des représentations traditionnelles de Guignol. Ils observeront les collections de Guignol, comprenant 240 marionnettes, une centaine de manuscrits de répertoire et de manuscrits musicaux mais aussi des décors et des costumes. Grâce au travail de création de la compagnie, les visiteurs admireront le patrimoine immatériel de Guignol comme la réception et mémoires des publics, le réseau de transmission ou encore les figures historiques et contemporaines… Ils accéderont aux soirées proposées aux adultes sur des sujets d’actualité et avec un Guignol toujours plus critique. D’autres compagnies de Guignol ou de marionnettes seront accueillies dans le but de diversifier l’offre des spectacles, proposée par le Théâtre Le Guignol de Lyon. Une programmation tout public sera aussi mise en place pendant les vacances scolaires. Les arts de la marionnette seront mis en avant dans un ancrage local, notamment grâce à des actions de sensibilisation menées en collaboration avec les musées Gadagne mais aussi avec des partenaires socioculturels du 5ème arrondissement de Lyon. M.A. nouera une relation privilégiée avec certaines écoles du quartier, en assurant une programmation scolaire.
Gadagne : une main tendue aux spectateurs
Avec ses 2000 pièces, le musée des arts de la marionnette proposera une excursion autour des secrets et des fonctions des arts de la marionnette. En avril 2017, les trois premières salles du musée étaient inaugurées. Entre leurs mains, les objets de collection côtoieront des marionnettes contemporaines. Sept nouvelles salles ouvriront à l’automne 2018. Elles seront axées autour de trois thématiques bien distinctes. La première thématique abordée sera l’apparition de la marionnette. Les visiteurs découvriront le passé de ces objets à travers les origines géographiques, les premières figurines, les grandes traditions mais aussi les croyances les plus anciennes. La deuxième thématique sera le rôle de la marionnette. Le rôle social de cet art à travers le monde et les époques sera évoqué grâce à un tour d’horizon des usages de la marionnette. La dernière thématique choisie la compréhension de l’illusion. Le but est de répondre aux questions des spectateurs sur les rapports entre l’acteur et la marionnette, les techniques utilisées pour créer l’illusion, la perception du spectateur face à cet art qui relie la musique, la danse et les arts plastiques.
L’histoire de la marionnette en France
Le mot français « marionnette » date du Moyen Âge et vient d’un des nombreux diminutifs du prénom Marie, à l’instar de Marion, Mariotte ou Mariolle, signifiant « petite Marie chérie ». Ils servaient à désigner la Vierge Marie mais aussi ses représentations plastiques, notamment en 1306. À partir du XVIe siècle, le mot « marionnette » désigne n’importe quelle figurine de bois, qu’elle soit sacrée ou profane. Ce terme s’étend également aux poupées utilisées en sorcellerie. Au XVIIe et dans la première moitié du XVIIIe siècle, à Paris, à l’occasion des foires annuelles de Saint-Laurent et de Saint-Germain, des spectacles de marionnettes préparés par le théâtre de la foire, étaient présentés au public. Célèbre marionnettiste, Pierre Datelin, aussi connu sous le nom de Jean Brioché, est celui qui a importé le personnage de Polichinelle en France. La Révolution française marque l’apparition de nombreuses marionnettes spécifiques comme Guignol, créé à Lyon en 1808 par Laurent Mourguet, ou Lafleur, apparu à Amiens à la même époque. À partir de 2008, la Bibliothèque nationale de France lance un programme de numérisation de marionnettes, en collaboration avec Dominique Houdart, Jeanne Heuclin et Georges Lafaye. Cette numérisation continue en 2015, avec le théâtre Gérard-Philipe de Frouard, « scène conventionnée pour les arts de la marionnette et les formes animées ».
Crédit photos : Compagnie M.A
AU BOUT DU FIL
Trévoux accueillera un festival de marionnettes, le « Festifil ». Première édition prévue le 30 juin 2018 !
Pour faire redécouvrir le charme du centre-ville de Trévoux, le comité des fêtes organise cette première manifestation culturelle entièrement dédié à l’art de la marionnette. Une initiative inédite dans la région ! Les bénévoles comptent bien faire de cette première édition une réussite. Trois spectacles payants sont programmés pour cette journée : l’atelier pour enfants « le montreur » dédié à la fabrication de marionnettes, un spectacle dans l’après-midi pour un jeune public et enfin un dernier, tout public, à 20h30.
Ainsi font font font les petites marionnettes
La commune sera décorée, des compagnies de la région Auvergne-Rhône-Alpes spécialisées seront présentes et les rues seront fermées à la circulation pour des raisons de sécurité. L’accueil des festivaliers, des professionnels et des journalistes sera soigné, de manière à donner une très bonne image du festival. La promotion du « Festifil de Trévoux » se fera à grand ampleur puisque 20 000 flyers seront distribués et 1000 affiches accrochées. Les programmes et banderoles feront la promotion de cet évènement, tout comme la diffusion d’une publicité au cinéma pour une durée d’un mois. De quoi éveiller la curiosité… Les marionnettes sous toutes leurs formes et toutes leurs tailles comptent bien ravir les curieux. Trévoux a pour ambition de réussir cette première édition, afin qu’à terme, le Festifil devienne un véritable rendez-vous annuel.