PARANOÏA
De Steven Soderbergh avec Claire Foy, Joshua Leonard, Amy Irving
Il faut dire que la sortie d’un film de Steven Soderbergh est toujours un évènement. De son premier film où à 26 ans il rafle une Palme d’or à Cannes et après trente ans de carrière, le réalisateur est encore capable de signer un thriller audacieux , captivant, schizophrène, mais surtout malsain jusqu’au bout. Le sujet est très actuel puisqu’il soulève un tôlé d’indignations et de protestations dans le monde entier , de la part des mouvements féministes
L’histoire
Celle de Sawyer, une jeune femme fraichement installée à Boston, qui a du mal à s’adapter à sa nouvelle vie et à contrôler ses angoisses parce qu’elle a été harcelée avant par un homme. En consultant un psy pour trouver enfin la paix, elle ne s’aperçoit pas qu’elle vient de signer un document pour son internement en hôpital psychiatrique. C’est à cet instant précis que le calvaire commence …
Critique
UN SOBERBERGH SINON RIEN
En utilisant les codes du film de genre, Soberbergh pose la question du peu de crédibilité accordée à la parole d’une femme par rapport à celle de son agresseur. Malin comme un singe, le réalisateur ouvre son film « Paranoïa » sur le point de vue du harceleur que l’on ne voit pas mais entend seulement, et non celui de la victime. C’est très futé d’un point de vue scénaristique parce qu’avec une telle entrée en matière l’histoire bascule déjà en faveur de l’homme et non de la femme.
Du coté technique, ce film tourné en à peine dix jours avec un iPhone plus, permet d’être au plus près des visages des personnages, de capter mieux visuellement la progression de la peur grâce aux mouvements de « caméra » plus fluides . Le procédé de prises de vues utilisé offre aux spectateurs une position ambigüe de voyeur passif et impuissant au fur et à mesure que l’horreur grandit.
La grande réussite de ce film tient d’une part dans le combat naturel entre ce fantasme masculin d’une femme-objet sage, obéissante et la réalité, d’autre part à la critique sévère et féroce du réalisateur contre le système médical américain actuel. N’oublions surtout pas l’interprétation magistrale de Claire Foy qui endosse avec brio toutes les variations d’humeurs et d’états du personnage dans ce film glaçant et perturbant.
Gérard SERIE
Bande-annonce du film Paranoïa