Un film de David Oelhoffen avec Laurent Lafitte, Simon Abkarian, Manal Issa

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Le Quatrième mur – Synopsis

Liban, 1982. Pour honorer la promesse faite Ă  un ami disparu, Georges, un metteur en scène idĂ©aliste, se rend Ă  Beyrouth avec un projet insensĂ© : monter Antigone dans une ville dĂ©chirĂ©e par la guerre. Son ambition ? Offrir un instant de rĂ©pit et d’humanitĂ© en rĂ©unissant sur scène des acteurs issus des diffĂ©rents camps politiques et religieux qui s’affrontent.

PlongĂ© dans un conflit dont il ignore les règles et les dangers, il est guidĂ© par Marwan, un Libanais aguerri qui lui sert de protecteur et de guide dans ce labyrinthe de ruines et de tensions. Mais alors que les combats redoublent d’intensitĂ©, mettant en pĂ©ril la pièce et ses idĂ©aux, Georges se trouve confrontĂ© Ă  une autre bataille intĂ©rieure : son amour naissant pour Imane, la comĂ©dienne incarnant Antigone, qui l’attire irrĂ©sistiblement malgrĂ© la prĂ©caritĂ© de leur existence.

Tiraillé entre son rêve de paix, les violences du quotidien et les tragédies qui s’accumulent, Georges va peu à peu se heurter à la réalité brute de la guerre et découvrir que l’art, aussi puissant soit-il, ne suffit pas toujours à conjurer l’horreur.

Le Quatrième mur – Critique du film

GUERRE ET PAIX

Adapté du roman éponyme de Sorj Chalandon – inspiré de son expérience de reporter de guerre au Liban entre 1981 et 1987, Le Quatrième Mur est une œuvre poignante qui mêle habilement la force d’un contexte historique à l’intensité d’une romance naissante, tout en interrogeant la place de l’art au cœur du chaos.

Le titre fait référence à ce mur invisible qui sépare traditionnellement la scène des spectateurs dans le théâtre, une barrière qui, dans le film, symbolise l’incompréhension occidentale face à la complexité du conflit libanais. À travers le regard d’un homme convaincu que la culture peut servir de refuge face à la barbarie, le long-métrage nous plonge dans l’illusion fragile d’une parenthèse poétique, avant que la violence du réel ne vienne tout balayer.

La réalisation de David Oelhoffen est d’une justesse remarquable.

La réalisation de David Oelhoffen est d’une justesse remarquable. Chaque plan est empreint d’une tension sourde, chaque silence est aussi évocateur qu’un coup de feu. La mise en scène, immersive et sans concession, nous entraîne dans un Beyrouth à vif, où chaque rue semble pouvoir s’effondrer à tout moment. L’authenticité du film est renforcée par la présence de figurants libanais, souvent issus des quartiers les plus touchés par la crise, qui apportent à l’ensemble une vérité troublante.

Au-delà de la fresque historique, le film est également un hommage à la puissance du théâtre. Laurent Lafitte, exceptionnel dans le rôle de Georges, incarne cet artiste dépassé par l’ampleur de son ambition, contraint de réécrire les dialogues pour ne froisser aucune sensibilité religieuse, de jongler avec la censure implicite et de composer avec l’impossible. Face à lui, Simon Abkarian (Marwan) impressionne dans son rôle d’ami protecteur, tour à tour chauffeur, guide et figure paternelle. Manal Issa, quant à elle, insuffle à Imane une grâce bouleversante, faisant d’Antigone une héroïne doublement tragique, sur scène comme dans la réalité.

Certaines longueurs ralentissent le rythme du film

Seule ombre au tableau, certaines longueurs ralentissent le rythme du film, notamment dans sa seconde partie. De plus, les massacres de Sabra et Chatila, qui tenaient une place essentielle dans le roman, sont ici relégués à l’arrière-plan, atténuant l’impact politique de l’histoire.

Pourtant, Le Quatrième Mur demeure une Ĺ“uvre intense et nĂ©cessaire. En mettant en lumière la prĂ©caritĂ© des rĂŞves de paix face Ă  la brutalitĂ© du monde, il rappelle avec force que l’art peut ĂŞtre une arme contre l’obscuritĂ©, mais qu’il en porte aussi la fragilitĂ©.

Un film bouleversant, d’une actualité brûlante.

Gérard SÉRIE

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