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Interview d’Yves Beaunesne, metteur en scène de La Maison de Bernarda Alba.
Après une agrégation de droit et de lettres, cet artiste formé au théâtre à L’INSAS de Bruxelles et au CNSAD de Paris a déjà mis en scène une quarantaine de pièces de 1995 à aujourd’hui, d’auteurs illustres allant de Tourgueniev à Racine en passant par Musset, Marivaux, Tchekov, John Ford, Claudel, Ibsen, Hugo, Shakespeare …
Il a aussi mis en scène plusieurs opéras : Verther de Massenet, Rigoletto de Verdi, ,Cosi fan tutte de Mozart…
Prix du syndicat de la critique en 95, il est le Directeur fondateur de la Manufacture à Lausanne (Suisse) avant de diriger la Comédie Poitou-Charente.
Quelle est la genèse de votre collaboration avec la Cie de la Première seconde à Machy ?
Yvan Beaunesne : « Juste avant la pandémie j’avais mis en scène La Maison de Bernarda Alba et compte-tenu de la situation sanitaire tout fut stoppé sans possibilité de jouer la pièce. Après cette mésaventure j’ai cherché à remonter celle-ci et rencontrer de nouveaux collaborateurs.
C’est ainsi que ma rencontre avec Iris Aguettant s’est faite, au croisement de nos chemins artistiques, moi venant du théâtre institutionnelle et elle pratiquant cette discipline de manière plus sobre, plus libre, j’allais dire presque plus artisanale au bon sens du terme, sans les contraintes des grosses productions
Dans la longue liste des mises en scène qui jalonne votre carrière il y a très souvent des tragédies, pourquoi ?
YB – J’adore la tragédie et pour cette fois il n’y avait que des femmes dans cette pièce. L’occasion était trop belle pour que je la laisse passer.
C’est vous qui avez certainement eu la bonne idée d’inverser le dispositif scènique gradins-scène pour profiter du décor naturel composé d’une tourelle, de la grange et du porche avec son portail ?
YB – Effectivement, parce que cela me permettait de souligner le coté rural le l’histoire dans la pièce de Garcia Lorca.
Comment avez vous choisi les comédiennes pour interpréter les différents rôles ?
YB – En dehors d’Iris Aguettant, Cécile Maudet et la musicienne, j’ai recruté trois comédiennes avec lesquelles j’avais déjà travaillé. Pour le reste de la distribution, j’ai auditionnais des comédiennes formées aussi au chant lyrique et à la danse. Elles viennent de Paris, Cannes ou de l’ENSATT Lyon.
Une fois la distribution bouclée, comment se sont déroulées les répétitions au plateau ?
YB – Nous avons répété pendant un mois , souvent le soir jusqu’à 22 / 23 h et avons eu la chance de bénéficier du beau temps en permanence.
Dans la pièce il est beaucoup question de la condition des femmes en Espagne dans les année 36, pouvez-vous m’en dire deux mots ?
YB – Bien que faisant la part belle aux femmes, victimes de leur propre enfermement physique et moral, cette oeuvre n’en dénonce pas moins le rôle secondaire que la femme occupe dans l’Espagne rurale du début du XXe siècle étrangement proche de nous.
A travers ces trois générations de femmes emmurées, ce texte interroge l’essence de la tyrannie, intime et politique. Toute la pièce se concentre sur la façon dont le désir s’impose et conduit à la transgression et au sacrifice. Il fallait que ces jeunes face au bord du précipice sautent et confèrent à l’enfer une beauté salvatrice .
C’est aussi en référence à Lorca qui rêvait d’être musicien que la musique et les chants populaires sont très présents dans votre mise en scène ?
YB – Il y a eu un gros travail de création pour la musique et les chants avec Camille Rocailleux , qui est sans le rappeler metteur en scène, musicien-et compositeur de musiques originales pour des spectacles et des BO de films (Un autre monde). C’est Eveline Causse musicienne et professeur de chant qui a dirigé tous les chants populaires interprétés par les femmes dans cette pièce.
Pouvez-vous me dire deux mots des costumes qui sont très beaux ?
YB – J’attache beaucoup d’importance aux choix des costumes créés pour l’occasion par le costumier Jean Daniel Vuillermoz (césarisé pour les costumes du film Saint-Cyr 2001 et Molière de la création pour ceux d’ Henri IV, le bien aimé 2011)
Vous n’avez jamais tenté d’aller au Festival d’Avignon pour l’une de vos mises en scène dans la cour d’honneur du Palais des Papes ?
YB – J’ai refusé trois fois d’aller à Avignon à cause la jauge trop importante de la cour d’honneur et de la pression médiatique trop forte. J’ai besoin de travailler sereinement et préfère toujours un lieu plus intime avec une jauge réduite de 400 à 500 spectateurs.
Pensez-vous qu’une de vos pièces donnée aux Nuits de Fourvière vous conviendrait mieux ?
YB – Vous voulez parler à L’Odéon ?
Pas forcément puisque j’ai assisté récemment à une représentation de Lorenzaccio de Musset donnée en plein air, par la compagnie belge Marius , dans la cour du Lycée ST Just, où la jauge correspondrait mieux à votre manière de travailler ?
YB – Pourquoi pas, puisqu’il y a une codirection à la tête du Festival avec l’arrivée d’Emmanuelle Anglade et Vincent Durand.
Quels sont vos projets immédiats ?
YB – Je prépare en collaboration avec la Philarmonie de Paris, un projet autour du « Procés de Jeanne d’Arc » avec Judith Chemla pour 2005.
Gérard SERIE
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