Marine Baousson succède à Océan (ex Océanerosemarie) dans le rôle principal de La Lesbienne invisible. Rencontre avant la représentation du 11 octobre au Radiant-Bellevue.
Propos recueillis par Hervé Troccaz
Pouvez-vous nous présenter La Lesbienne Invisible ?
C’est un spectacle qui a remporté un très grand succès entre 2009 et 2014. 550 dates, un film à la Cigale, une BD, un livre de recettes… Le tout écrit et joué par Océane Rose Marie, une jeune femme qui est maintenant un jeune homme, Océan.
Il demeure rare de reprendre un rôle créé par un autre comédien…
C’est plus en plus courant. C’est le cas par exemple d’Audrey Vernon qui transmet Qui veut épouser un milliardaire ? à Giorgia Sinicorni. Même chose pour les Chatouilles, Andréa Bescond le transmet à une autre danceuse/comédienne, après l’avoir joué des années. C’est un moyen très personnel de faire continuer un personnage. Océan a toujours été en accord avec lui-même. Ce qu’il exprimait à l’époque est toujours valable, car il se dévoile avec beaucoup de sincérité. C’est donc une belle continuité.
Comment l’avez-vous rencontré ?
Nous nous sommes croisés en 2009 puis revu en 2012. Nous avions des amis en commun et nous avions échangé de temps à autre des messages via Instagram. J’avais même vu la pièce à l’époque, et j’avais été touchée par cette belle énergie douce ! Pour autant quand Océan m’a contacté, j’ai décliné sa proposition dans un premier temps. J’avais en effet assuré pendant cinq ans la première partie de Bérengère Krief. Et je ne voulais pas devenir le double d’Océan. Par ailleurs je souhaitais vraiment me lancer vraiment en solo. Puis j’ai très vite compris tout l’intérêt de la démarche, tout ce que ce rôle pouvait m’apporter. C’était aussi une façon de faire mon coming-out. J’ai donc accepté ce rôle, non sans une certaine appréhension. Il demeurait très difficile d’effectuer des lectures en sa présence. J’ai compris la chance que représentait ce rôle pour moi. Nous avons effectué ensemble des modifications pour que cela corresponde à mon âge. Certaines parties ont été supprimées car elles ne me correspondaient pas, comme par exemple la séquence du strip-tease. Nous avons même effectué un petit clin d’œil, puisque sa voix est présente dans une chanson.
Qu’avez-vous apporté à votre personnage ?
Je viens du monde du stand up, et cela se ressent clairement dans le spectacle. J’ai ainsi voulu lui apporter une certaine modernité même si la majorité des scènes sont jouées. Mais je m’autorise de temps à autres quelques improvisations.
Il s’agit pourtant bel et bien un travail de comédien. Je veille à apporter beaucoup de nuances afin de ne pas trahir la volonté initiale.
La pièce a été créé voilà 10 ans, comment intègre-t-elle l’actualité ?
5 ans se sont écoulés depuis la fin de la dernière représentation. Il existe une nouvelle dimension très actuelle, le personnage est très ancré dans la chose politique. On n’y parle par exemple de la PMA. Nous avons tout fait pour faire évoluer le spectacle en fonction d’actualité.
En parallèle, vous jouez également Fearless, votre one-woman-show !
Nous sommes en fin de rodage. Je joue donc les deux en parallèle. Ce sont des rôles très éloignés et complémentaires. Dans Fearless je me livre davantage avec beaucoup d’énergie. L’improvisation est également de mise. C’est encore tout frais, fragile. Je me donne la liberté d’improviser. Au départ, j’évoque mes peurs, mais ça me permet d’aborder d’autres sujets comme la famille, le deuil, la sexualité, le couple, l’amour, etc. Au final, cesdeux rôles aux antipodes m’ont permis élargir ma palette de jeu et j’en suis très heureuse. Au festival d’Avignon j’enchaînerai d’ailleurs les rôles à moins de deux heures d’intervalle. C’est une gymnastique très difficil, mais passionnante. Je pourrai ainsi plein de manières d’exercer mon métier et cela me fait grandir. Océan réussi à m’emmener ailleurs et je n’aurais jamais pensé aller aussi loin sans lui.