JEAN-CLAUDE LAVOREL : LE SECOND SOUFFLE

Jean-Claude Lavorel a construit sa fortune au sein du groupe lyonnais LVL Médical Group lors de l’ouverture au privé du marché de l’assistance respiratoire à domicile. Depuis, il s’est diversifié en faisant l’acquisition d’hôtels et châteaux de luxe. Portrait.

Atypique, le parcours de Jean-Claude Lavorel est celui d’un homme de terrain. Visionnaire, il a su anticiper sur l’avenir d’une profession en prenant le risque de développer une activité, qui jusqu’en 1987, était exclusivement exploitée par le secteur public.

Jean-Claude Lavorel se lance très tôt dans la vie professionnelle et crée une entreprise de prêt-à-porter à l’âge de 23 ans. De 1976 à 1983, il entre dans un groupe français, spécialisé dans le matériel médical (Synthelabo).

De 1983 à 1989, il est directeur d’agence d’un groupe allemand (Hellige) spécialisé en électronique médicale. C’est à ce poste qu’il découvre le potentiel et les faiblesses de l’assistance médicale à domicile. Visionnaire, Jean-Claude  Lavorel  décide  de  créer sa propre entreprise. Il suit un programme d’accompagnement à la création d’entreprise à l’EM Lyon et fonde le Groupe LVL Médical. Dans le secteur de l’assistance médicale à domicile, Jean-Claude Lavorel n’a eu de cesse, pendant 25 ans, d’aller de l’avant, mû par un esprit pionnier et visionnaire qui a assuré le succès du groupe.

Parallèlement, Jean-Claude LAVOREL crée en 2005 la société LES CLES DU LUXE, devenue en 2015 LAVOREL HOTELS, qui a pour vocation la valorisation de sites d’exception destinés à l’hôtellerie et à la restauration.

A l’heure où certains pourraient profiter d’une retraite bien méritée, l’entrepreneur (431e fortune française selon le magazine Challenges) bâtit désormais un groupe hôtelier grâce à de nombreuses acquisitions : le château de Bagnols ou encore  l’ancien Hilton de la Cité Internationale. Loin d’être une lubie, ces achats ressemblent davantage à un nouveau challenge.

A 66 ans. ce fils d’un VRP et d’une mère au foyer a racheté l’hôtel de luxe Les Suites de la Potinière, aux pieds des pistes de Courchevel. Fort de ce succès, il constitue une nouvelle société baptisée Les clés du luxe, une filiale de son holding personnel Lavorel Développe- ment. Faisant preuve d’un véritable flair, Jean-Claude Lavorel a ensuite acquis le Château de Bagnols dans le Beaujolais, où il a notamment installé un spa et une verrière. Jamais deux sans trois : il rachète en juillet 2015 l’hôtel Hilton de la Cité Internationale, passé depuis quelques semaines sous pavillon Marriott. Il confie alors la rénovation des lieux à l’architecte Albert Constantin, par ailleurs en charge du projet du nouvel Hôtel-Dieu. Toujours à l’affût, notre homme recherche des petits hôtels de très grande qualité. Bagnols possède 21 chambres, Les Suites de la Potinière, à Courchevel, ont 15 suites. Son crédo : les hôtels intimistes, proches du client. 

Toujours très tenace et déterminé, Jean-Claude Lavorel a transmis sa fibre entrepreneuriale à ses enfants. Stanislas, président du directoire du groupe Lavorel, s’occupe d’un réseau de crèches au Luxembourg. Après avoir été propriétaire du très à la mode Bus Café (Lyon 6e) il y a quelques années, Benjamin a récemment pris la tête du restaurant de la Maison Borie à Gerland. 

Vendredi 24 mars 2016. Nous avons rendez-vous avec Jean-Claude Lavorel, entrepreneur lyonnais,  qui a  construit sa fortune au sein du groupe lyonnais LVL Médical Group lors de l’ouverture au privé du marché de l’assistance respiratoire à domicile. Désormais à la tête de prestigieux établissements comme l’hôtel Mariott à la Cité internationale ou le château de Bagnols. l’homme reconverti désormais dans le domaine de l’hôtellerie a le sens des détails et l’œil sur tout.  Entretien avec un homme perfectionniste.

Pourquoi avez-vous décidé de vous diversifier dans l’hôtellerie ?

Quand on a travaillé toute sa vie, on a du mal à se voir arrêter, ne rien faire. La retraite est une petite mort. Je n’ai pas de passion particulière, pour un sport ou une activité. J’ai également une fille de 6 ans, et je me vois mal lui donner une mauvaise image d’un père peu dynamique et pantouflard.

Certains de mes amis sont également devenus hypocondriaques,  tristes après avoir revendu leur société. Nos choix de vie sont dictés par les circonstances. La passion est un moteur pour avancer. Ce n’est pas un hasard si Johnny Hallyday ou encore Eddy Mitchell ne raccrochent pas alors qu’ils ont plus de 70 ans.

Dans quelle mesure vos nouvelles activités ont changé vos habitudes ?

Travailleur acharné, je ne fréquentais pas auparavant les manifestations publiques. J’y suis désormais obligé, afin de faire connaître mes établissements. On me voit désormais davantage dans des soirées d’associations caritatives. Gérard Collomb ou encore Jean-Michel Aulas fréquentent également mon restaurant Zucca. Nous vivons dans un monde où la notoriété est éphémère, mais où elle est nécessaire et faire venir les lyonnais dans mes hôtels et restaurants.

Comment déterminez-vous les choix de vos acquisitions ?

Je fonctionne au coup de cœur. Je suis ainsi tombé sous le charme de l’hôtel de luxe Les Suites de la Potinière, aux pieds des pistes de Courchevel. Quand au château de Bagnols, c’est mon fils qui m’a mis au courant de cette opportunité après avoir lu un article dans un journal. Ces acquisitions n’ont rien de stratégique ni de programmé.

Certaines acquisitions représentent également un défi…

Je ne pensais pas que racheter le Mariott à la Cité Internationale représenterait de si grandes difficultés. Les volumes intéressants, mais mal exploités et entretenus depuis plus de 15 ans. Il a fallu tout revoir et investir près de 12 millions d’euros.

Vous semblez accorder une grande importance aux détails…

Le diable se niche dans les détails. Tous les hôtels dans le monde offrent les mêmes services. Dès lors, pour faire la différence, il faut s’atteler à des ajustements : la propreté, la décoration soignée…La priorité est la satisfaction du client. Pour mes équipes, c’est gratifiant de recevoir des compliments. J’ai beaucoup de respect et considération pour mes collaborateurs. Certes, je suis exigeant, mais aussi avec moi-même. Je mets tout en œuvre pour que cela marche.  Sur le plan intellectuel, c’est très valorisant d’avoir de bons retours. 

Quels sont vos projets ?

Nous allons continuer à remonter l’image du château de Bagnols. Nous sommes très heureux du prix trophée de la gastronomie, catégorie chef espoir, obtenu par notre Alexandre Ouaratta. L’idée à terme serait de stabiliser le groupe autour de 5 à 6 hôtels.

Propos recueillis par Hervé Troccaz

Le site officiel de Lavorel Hotels 

Crédit photos : Lavorel Group.