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THEÂTRE

FESTIVAL D’AVIGNON

DU 6 au 29 JUILLET 2018

 

Des spectacles ou des pièces à voir ou à revoir

 

FLAUBERT : Lettres à Louise Colet 

De Gustave Flaubert  Adapté, mise en scène et avec Marie-Stéphanie SUTTER

LE PROPOS

Flaubert - Lettres à Louise Collet
Flaubert – Lettres à Louise Collet

Louise Colet a été la première maîtresse de Flaubert et la destinataire de ses lettres enflammées. Les deux amants s’aiment et se déchirent car Louise a une rivale, Madame Bovary.

En 1846, Gustave Flaubert a 24 ans. Il n’a encore rien publié et n’est pas reconnu dans le monde des lettres. Il devient l’amant de Louise Colet, muse des salons parisiens. Depuis la maison familiale de Croisset en Normandie, il lui écrit chaque jourdes lettres enflammées   Ton image apparaît entre les phrases que je cherche “.

Pendant 8 ans, Louise sera la confidente de Gustave et la destinataire des plus belles pages qu’il ait écrites ” Ne songeons ni à l’avenir, ni à nous, ni à rien. Penser c’est le moyen de souffrir” 

Pourtant l’ idylle entre eux va vite devenir houleuse et lorsqu’elle croit être enceinte, Flaubert la quitte et part en Orient. Deux ans plus tard, il a désormais une nouvelle maîtresse Madame Bovary

AVIS

Seule en scène , dans son boudoir de la rue de Sèvres, Louise découvre les lettres que Flaubert lui adresse. Voilà une pépite d’or. Un spectacle utile, nécessaire  et pédagogique à découvrir sans aucune réserve. Cette pièce d’une élégance folle nous présente pour notre plus grand plaisir avec passion et sensibilité une des plus belles pages de la littérature française.

 

Comédienne surdouée, Marie-Stéphanie Sutter campe magistralement une Louise Colet, tour à tour : amoureuse, drôle, sensible, tourmentée mais aussi fragile. Elle nous emporte littéralement dans les affres de cette passion dévorante avec  justesse et sensibilité.

Dans ce décor qui sied bien à l’écrit et aux confidences, par petites touches trempées dans l’encre des sentiments amoureux , la comédienne réhabilite la mémoire de Louise Colet , poétesse et amante de Flaubert , en arborant la fameuse robe bleue qui fait le lien entre Louise et Emma Bovary. Elle n’interprète pas avec brio cette amoureuse, elle est Louise Colet.

Une magnifique pièce servie par la talentueuse Marie-Stéphanie Sutter qui mérite bien les tonnerres d’applaudissements du public tombé sous le charme.

 

LA VIOLENCE DES RICHES de Stéphane Gornikowski

Mise en scène  Guillaume Bailliart  Cie Vaguement compétitifs, jusqu’au 25 juillet à 11:25 – Théâtre des Carmes, 

LE PROPOS

La violence des riches” est la toute première adaptation à la scène des travaux des sociologues Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot sur les “riches” et l’augmentation des inégalités dans les pays occidentaux.

Il y est question de la violence sociale inouïe, de ces inégalités, des risques pour l’humanité et la planète même, mais aussi de ce qui peut s’inventer face à cette violence des riches.

Une version prochaine jeune public,  sous le titre “Pourquoi les riches” abordera des sujets tels que les inégalités, le service public ou les impôts.

AVIS Ce pamphlet ou cette critique, drôle et mordante,  s’inscrit dans une démarche d’éducation populaire. La version présentée à Avignon cette année sera inédite dans tous les sens du terme. Le propos d’une intelligence rare est très documenté, grave même si les Pinçon-Charlot évoquent leurs travaux avec humour. Ces derniers résonnent très fortement avec les réalités sociales que nous connaissons, celles des classes populaires et moyennes balancées entre déclassement, peur du chômage, perte de perspectives positives, frustrations, colère et tentation de la radicalisation. La mise en espace est très intéressante et les comédiens sont très convaincants au point où l’on a l’impression que c’est la première fois que l’on découvre une réalité qui nous touche pourtant chacun à des degrés différents dans notre quotidien.

20 ANS APRES

De Julien Sigalas . Mise en scène de Audrey Stahl Truffier

LE SUJET

20 ans après d'Audrey Stahl Truffier
20 ans après d’Audrey Stahl Truffier

ils s’étaient oubliés après nous avoir régalés dans le 1er volet de “L’amant virtuel”. Du moins c’est ce qu’ils croyaient…

Isabelle et Romain ont une vie rangée. Tout va bien pour eux jusqu’au jour où ils se retrouvent par le plus grand des hasards. Bien sûr ils ont changé… en apparence. Cette rencontre fortuite va bouleverser toutes leurs certitudes et les faire replonger dans leur passé.

Et si on pouvait tout recommencer ? Comment revenir en arrière sans faire exploser tout ce qui nous entoure ?

AVIS

Dans cette comédie où de situations improbables en rebondissements inattendus, Isabelle et Romain traversent les époques entre drôleries et doutes, entre bonheurs et fêlures pour comprendre comment ils en sont arrivés là. C’est drôle pour une fois, plein d’humour, de poésie et d’émotion qui nous pousse à réfléchir sur le sens de la vie et des relations homme-femme. Une mise en scène alerte, précise, bien rythmée avec d’excellents comédiens qui jouent sur tous les registres des personnages. Un spectacle tonique qui met du baume au coeur.

 

DUEL A GRANDE VITESSE

Duel à grande vitesse
Duel à grande vitesse

De  Noëlle V. avec Noëlle V. Chris Versace et Aurélien Charle

Rosa est de mauvaise humeur, agressive, sur la défensive.  Alfredo est dragueur, joyeux, optimiste.  Ils sont bloqués dans un train. Assis l’un à côté de l’autre, ils vont se détester, se découvrir, se dévoiler..

 

AVIS

Si vous n’avez jamais osé danser le tango dans un train, que vous avez envie de gifler le gosse qui crie à côté de vous et le voisin qui vous empêche de dormir, prenez le train avec Rosa et Alfredo pour un voyage inoubliable. Dans cette comédie menée à un train d’enfer nous allons très vite partager la vie réelle des personnages : la belle et l’intrus de service. Très vite les spectateurs plongent dans la réalité d’un “service public” souvent critiqué mais pas toujours à juste titre.

Est-ce une satire de la SNCF qui est montrée sur scène ? Par certains cotés, sans aucun doute parce que toutes les situations, même si elles sont grossies avec humour et dérision par les propos de l’auteur, elles  ont pourtant toutes  été vécues à un moment ou à un autre par les voyageurs. Les répliques cocasses ou grinçantes explorent avec justesse nos petits travers personnels.

Dans un décor minimaliste mais bien adapté  nous assistons dans l’intimité d’un wagon, d’abord  à une étude de caractères en guise d’introduction : Rosa, froide, agressive, fermée contraste avec Alfredo, sociable, exubérant, joyeux, qui va peu à peu l’obliger à s’ouvrir aux autres.

Par la suite , le spectateur passe à plusieurs reprises de la réalité  aux rêves des personnages pour découvrir leurs fêlures, leurs jardins secrets , leurs traits de caractères, leurs travers…. enfin tels qu’ils sont quand les masques tombent.

Une belle écriture, des personnages attachants, de faux messages SNCF hilarants, un soupçon d’humour noir, une pointe d’émotion et de gros éclats de rire !

ALBERT CAMUS ET MARIA CASARÈS
CORRESPONDANCE 1944 – 1959

 

Mise en voix Jérémie LIPPMANN avec Isabelle ADJANI et Lambert WILSON

accompagnés par le violoncelliste Raphaël Perraud, lisent avec une belle intensité la correspondance amoureuse entre l’auteur nobélisé Albert Camus et la grande tragédienne Maria Casarès.

Après un triomphe au Festival de la correspondance à Grignan, Isabelle Adjani etLambert Wilson récidivent en incarnant la correspondance amoureuse, artistique et intellectuelle qui relia l’auteur et la comédienne jusqu’à la veille de la mort de l’écrivain.

LE PROPOS

Albert Camus  et Maria Casarès se sont rencontrés en 1944 et presqu’aussitôt séparés pour se retrouver de nouveau et pour toujours, en 1948. Jusqu’à la dernière lettre d’Albert Camus, le 30 décembre 1959 (il est mort  dans un accident de voiture le 3 janvier 1960 avec Michel Gallimard).

AVIS

La cour du musée Calvet est prise d’assaut ce vendredi 13 juillet. Lambert Wilson, chemise blanche, s’assoit sur le bord de la scène, Isabelle Adjani, robe longue  hippie chic, dos au public, lisent avec une belle intensité la correspondance amoureuse entre l’auteur nobélisé Albert Camus et la grande tragédienne Maria Casarès.

Elle lit la première lettre de cette correspondance romantique, artistique et surtout intellectuelle qui durera 15 ans (1944 à 1959) . De son coté il lit de sa belle voix ce qui se rapporte à l’Algérie avec une telle intensité que le public est suspendu à ses modulations vocales

ll est des livres dont l’écoute est encore plus passionnante que la lecture parce que : ces deux immenses comédiens , par leur seule  présence font naître en nous des émotions vives..

Cette envie de se plonger, face au public, dans des textes magnifiques se poursuit pendant toute leur prestation à Avignon. Texte en main Lambert Wilson,  fasciné par la relation entre eux donne corps et voix magnifiquement à Camus et aux écrits de l’homme de lettres. En retour Isabelle Adjani, plus en retrait, laisse entendre à son tour la voix de l’amante dissimulé derrière son texte. Voix grave pour Lambert, plus douce et plus enjôleuse  pour Adjani ils se déclarent à distance leur passion sous le feu qui les anime.  De par leurs jeux et les mots prononcés qui décrivent une passion érotique forte, Wilson et Adjani en totale osmose  se livrent à un exercice de style pour notre plus grand plaisir . Ils ragent contre le temps assassin qui les sépare et décrivent le monde culturel dans lequel il se trouvent.

Lorsque à la fin Wilson-Camus se lève et commence quelques pas de danse avec Adjani-Casarès, le public exulte et  applaudit à tout rompre.

Gérard SERIE