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Après A nos amours, Le musée des Confluences proposera une nouvelle exposition intitulée Le temps d’un rêve, du 18 octobre 2024 au 24 août 2025. Une série d’escales dans les lieux où le rêve s’exprime, dans différentes cultures, depuis l’Antiquité.
Pour tenter de cerner le phénomène onirique, cette exposition propose une série d’escales dans les lieux où le rêve s’exprime à travers diverses cultures, depuis l’Antiquité.
Un être humain consacre un tiers de sa vie au sommeil, et une grande partie de ce temps est dédiée au rêve. Malgré son rôle central dans la création artistique et la psychanalyse, le rêve demeure souvent absent des préoccupations de nos sociétés occidentales contemporaines, sans doute en raison de sa nature insaisissable. Des temples d’incubation grecs aux laboratoires de neurosciences, du divan du psychanalyste à l’imaginaire de l’artiste, d’un continent à l’autre, Le temps d’un rêve offre autant d’étapes pour approcher ce « voyage aventureux de tous les soirs », selon les mots de Charles Baudelaire.
Inspirée par ces différents lieux et l’univers du théâtre, la scénographie estompe les frontières entre réalité et décor, entre éveil et visions oniriques. Près de 200 objets et de nombreuses œuvres audiovisuelles tissent des liens parfois inattendus entre histoire, psychologie, ethnologie, art et recherche en neurosciences. Ces multiples perspectives réveilleront peut-être le rêveur en chaque visiteur.
Rêver sous contrôle
Le sommeil se divise en plusieurs phases, chacune caractérisée par des variations de l’activité cérébrale. Chez Homo sapiens, le cycle comprend le sommeil lent (NREM) et le sommeil paradoxal (REM). La phase NREM favorise la récupération physique et la consolidation de la mémoire, tandis que le sommeil REM, dynamique, est le moment où se produisent les rêves les plus vifs et immersifs. Contrairement à une idée reçue, il est possible de rêver durant toutes les phases de sommeil. En 1959, en étudiant à Lyon le comportement onirique des chats, le neurobiologiste français Michel Jouvet (1925-2017) établit un lien privilégié entre le rêve et le « sommeil paradoxal ».
Les temples à rêver
Au cours de l’Antiquité, le rituel d’incubation (du latin incubare, « coucher ») émerge aux quatre coins du monde, tel un pont entre le sacré et le profane, reliant l’humanité aux divinités à travers le fil ténu des songes. Déjà présent dans l’Ancien Testament, à l’époque sumérienne (entre 4100 et 1750 avant notre ère) ou en Égypte avec le culte de Bès, l’incubation trouve son expression la plus éloquente dans la Grèce antique, sous le portique du sanctuaire d’Asclépios, divinité liée à la médecine, à Épidaure. Pendant des siècles, les pèlerins malades affluent dans l’espoir d’une guérison nocturne, par l’intermédiaire d’une vision divine offerte en rêve.
Un portail entre deux mondes
Des « époux de nuit » en Côte d’Ivoire aux luttes nocturnes des Benandanti dans le Frioul italien, nombreux sont les témoignages culturels interprétant le rêve comme un espace de rencontre et de communication entre les êtres, humains ou non, vivants ou défunts, et comme un accès à une autre forme de réalité. Le rêve est ainsi perçu comme un portail vers d’autres mondes. Dans les Grandes Maisons kanak, par exemple, les devins et les prêtres de clans s’allongeaient sur des planches à rêves pour entrer en communication avec les ancêtres. Dans la pensée inuite, les âmes circulent d’une enveloppe corporelle à l’autre lors de réincarnations, de rêves ou de rituels chamaniques. Le thème de la métamorphose animale du chaman rejoignant les esprits est très présent dans l’art inuit.
Visions d’artistes
Le rêve accompagne l’histoire artistique de l’Occident, sa représentation évoluant au gré des redéfinitions successives du phénomène onirique. Longtemps présenté comme prophétique, il était une passerelle permettant la transmission de messages divins aux mortels. Ce n’est que tardivement que le rêve « personnel » trouve une légitimité artistique, à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. Deux conceptions s’opposent alors : le courant réaliste assimile le rêve personnel à une fiction trompeuse, tandis que l’esthétique symboliste en fait la voie d’accès privilégiée aux mystères du monde. Avec les surréalistes, le rêve devient une modalité créative, au même titre que l’écriture automatique ou la sollicitation du hasard, donnant accès à une « surréalité ». La bande-dessinée, la photographie et le cinéma se nourrissent à leur tour des puissantes fantasmagories du rêve.
À l’épreuve du rêve
Selon la théorie des neuroscientifiques Levin et Nielsen (2007), les cauchemars – rêves angoissants ou effrayants qui réveillent – naîtraient de l’échec du processus de régulation émotionnelle agissant au cours du rêve. Ainsi, le rêve testerait le rêveur en proposant des scénarios à forte charge émotionnelle, inspirés d’événements vécus ou d’épreuves à venir. Les études récentes montrent que, quelle que soit l’issue du rêve – paisible ou cauchemardesque – ce test fait office d’entraînement, préparant le rêveur ou la rêveuse à affronter des situations similaires dans la réalité.
Hervé Troccaz
Exposition Le temps d’un rêve au Musée des Confluences – Informations pratiques
Du 18 octobre 2024 au 24 août 2025
Musée des Confluences
📍 86 quai Perrache
69002 Lyon
04 28 38 12 12
Horaires
⏰ Du mardi au dimanche de 10h30 à 18h30
Nocturne jusqu’à 22h le 1er jeudi du mois
Tarifs
💰 Gratuité : jeunes, solidarité, handicap, professionnels et Lyon City Card
Tarif plein : 12 €
Tarif réduit : 7 €
En raison de la jauge limitée de la salle, un temps d’attente est à prévoir pour la visite de l’exposition. Privilégiez une visite le matin pour un meilleur confort.
Accès
Étage 1, salle 14
🚇 Arrêt Musée des Confluences
Parking Tony Garnier
http://www.museedesconfluences.fr
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