Miyazaki, Prince du manga
Le jeudi 31 janvier 2019, à partir de 18h, le cinéma Le Zola de Villeurbanne organise une soirée spéciale Miyazaki. Chaque projection sera suivie d’un échange avec Oliver Fallaix, journaliste spécialiste de l’animation japonaise et du manga.
Pour ouvrir la soirée Miyazaki au cinéma le Zola, quoi de mieux que de revenir aux débuts du réalisateur ? Le premier film projeté, Horus, Prince du Soleil, est le fruit de la toute première collaboration entre Isao Takahata et Hayao Miyazaki. Un père et son fils vivent isolés, coupés d’un monde hostile et menaçant. À la mort de son père, Horus promet de le venger. Sur sa route, il croise Hilda et Moog, à qui il retire non pas une épine du pied, mais une épée de l’épaule. Cette épée, s’il apprend à la manier et l’utilise à bon escient, fera de lui le Prince du Soleil. Élaboré au milieu des années soixante, et donc pendant la Guerre du Vietnam, ce film véhicule un message politique, et aborde les thèmes de l’enfance et de la guerre, sujets centraux dans l’œuvre du réalisateur.
Horus, Prince du soleil, premier long métrage de Miyazaki.
Né à Tokyo le 5 janvier 1941, Hayao Miyazaki a grandi pendant la seconde guerre mondiale. Cet évènement inspire ses films, souvent axés sur les rapports ambigus que l’être humain entretient avec la violence, la nature, la modernité et la tradition. Leur message pacifiste, ainsi que le profond travail sur la psychologie des personnages confèrent aux œuvres de Miyazaki plusieurs niveaux de lecture, les rendant ainsi accessibles à toutes les générations. Ses héros, généralement des enfants, sont placés dans des situations responsabilisantes, contraints d’agir en adultes, mais tout en conservant la spontanéité, la naïveté et l’émerveillement de l’enfance. Ces dimensions mettent en avant l’importance de la simplicité, de la tradition et de la nature. On retrouve ces caractéristiques du travail de Miyazaki dans Le Voyage de Chihiro, un des plus grands succès du réalisateur : une fillette voyage dans le monde des esprits, seule après que ses parents se soient transformés en porcs, et doit travailler pour retrouver sa famille et le monde des humains. Sont ici évoqués ici le passage à l’âge adulte, l’importance du travail personnel mais également de la tradition, de la nature et de la famille, menacés par la modernité.
Si Miyazaki est influencé par le contexte de création de ses films, il s’inspire également de sa famille, pour construire certains de ses personnages, et du travail du mangaka Osamu Tezuka. Ce pionnier des anime(long-métrages ou séries d’animation japonais), créateur d’Astro Boy, diffuse dans son œuvre les principes de respect de la nature et de la vie, son rejet pour la science, et une ferme condamnation de la guerre.
Astro Boy, d’Osamu Tezuka.
La passion de Miyazaki pour les mangas et animeremonte à 1958, lors de la sortie de Serpent Blanc, premier long métrage d’animation japonais en couleur. Son réalisateur, Taiji Yabushita est membre du studio Toei, que Miyazaki intègre en 1965. D’abord intervalliste, il conçoit les dessins assurant la liaison et la fluidité entre les scènes principales de l’anime, les « dessins clés ». Cette fonction lui permet de renforcer sa technique, puisqu’elle implique de reproduire de nombreux personnages aux expressions et mouvements différents, et ce en se conformant au style du « dessinateur clé ». Miyazaki s’impose peu à peu au sein du studio et en 1965, il travaille pour la première fois avec Isao Takahata, sur la série télévisée Hustle Punch. En 1968, leur collaboration se poursuit autour d’un long métrage, le premier de Miyazaki : Horus, Prince du Soleil. La même année, il est promu dessinateur clé pour l’anime Le Chat Botté, inspiré du conte de Perrault. Enfin, c’est en 1979 qu’il réalise son premier film, Le Château de Cagliostro.
Sherlock Holmes, série animée dessinée et imaginée par Miyazaki.
Miyazaki multiplie les projets, avec par exemple l’adaptation des célèbres aventures de Sherlock Holmes en série télévisée, ou avec la création de Nausicaä de la vallée du vent. Face à l’engouement du lectorat pour ce manga, publié dans la revue Animage, il est adapté en un long métrage du même nom, qui permet à Miyazaki et Takahata de fonder le studio Ghibli en 1985. Dès lors, les films tels que Le Château dans le cielen 1986 ou Mon voisin Totoroen 1988 rencontrent un vif succès, aussi bien au Japon qu’à l’international. La sortie de Princesse Mononoké,en 1997, assure à Miyazaki sa renommée mondiale.
La soirée au Zola se clôturera avec la diffusion de Never-ending man : Hayao Miyazaki, de Kaku Arakawa, sorti en 2016. Ce documentaire se penche sur le processus de réalisation du dernier court-métrage de Miyazaki, Boro la Chenille, sorti en 2018 au Japon. Pendant deux ans, Arakawa a suivi le travail du dessinateur, qui, cherchant un équilibre entre tradition et nouvelles technologies, invente un nouvel univers, de nouveaux personnages et une nouvelle aventure, encore empreinte des thèmes qui caractérisent son travail.
Océane Félix
Informations pratiques :
Cinéma le Zola
117 cours Émile Zola
69100 VILLEURBANNE.
http://www.lezola.com/index.php