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Avec sa silhouette filiforme de danseur étoile ou de toréador, il débarque sur scène occupée en son centre par un piano à queue dont il justifie la présence avec une blague. Un technicien lui avait demandé : « Avez-vous besoin de quelque chose ?« , et il avait répondu : « Un piano« , tout en sachant qu’il ne sait pas en jouer.

Moins autobiographique que son précédent spectacle et plus classique dans sa facture, on est d’abord un peu dérouté par son attitude légèrement statique. Mais il finit par trouver son rythme de croisière à travers une succession de sketches, tantôt brefs, tantôt plus longs.

En cherchant un angle d’attaque, l’humoriste propose à son public un étalage de névroses, incarnant des personnages réels ou imaginaires, pour notre plus grand plaisir.

Lorsqu’il évoque, par exemple, au début du spectacle, la névrose du vieux Paul, il mêle la peopolisation de notre société à celle du spectacle. Paul assiste aux enterrements de célébrités comme une façon de les voir en vrai, en morts. Car il adore ça : le morbide et le clinquant sont sa passion.

Pour l’acteur Amaury, qu’il interprète dans un second sketch, la pathologie est la mégalomanie et l’autopromotion, à mi-chemin entre art contemporain et obsession de l’argent. Certains traits rappellent des figures du cinéma français. Ce spectacle, en explorant les névroses des autres et les siennes, devient pour lui un moyen de se surveiller, comme il le dit.

Ces personnages qu’il incarne — du redresseur de paroles de chansons pour tacler les pseudo-chanteurs à celui qui cherche un séjour de vacances pour un Dupont de Ligonnès en se moquant des enquêteurs —, par un effet de miroir, disent que nous sommes tous des caricatures : de nos milieux sociaux, de nos genres, de nos identités, et parfois de nos sexualités.

Les passages plus personnels, empreints de nostalgie, sont particulièrement réussis

Avec une diction rapide et parfaite, un rythme virevoltant autour de son piano — seul accessoire du spectacle —, il finit par embarquer son public avec un talent fou dans des récits qui touchent toujours leur cible. Les mots d’esprit de l’humoriste l’emportent sur la morosité ambiante, provoquant des éclats de rire irrésistibles.

En convoquant au début et à la fin du spectacle la voix très reconnaissable d’André Dussollier ou le rire gai et contagieux de Marguerite Duras, Vincent Dedienne montre sa grande sensibilité aux voix, porteuses d’émotions intenses qui finissent par le bouleverser.

Certains sketches sont inégaux et quelques facilités se glissent ici ou là, mais les passages plus personnels, empreints de nostalgie, sont particulièrement réussis.

Reconnaissons-le : peu d’humoristes actuels égalent son talent, son humour, sa sincérité et sa poésie. C’est ce que retiendra le public venu le voir ce soir, lui qui a « mouillé la chemise » pendant près de deux heures.

Gérard SÉRIE

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