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Louise Violet d’Eric Bernard avec Alexandra Lamy, Grégory Gadebois, Jérôme Kircher, Jéremy Lopez, Patrick Pineau, Annie Mercier, Julie Moulier, Géraldine Martineau

Louise Violet – Synopsis

En 1889, alors que la France se forge une nouvelle identité républicaine, Louise Violet, une jeune institutrice déterminée, est envoyée dans un petit village reculé de la campagne française. Sa mission : instaurer l’école de la République, avec ses principes révolutionnaires de gratuité, d’obligation et de laïcité. Mais pour cette femme résolue à porter haut les valeurs d’égalité et de progrès, l’intégration dans cette communauté rurale s’avère ardue.

Louise se heurte rapidement à une population méfiante, attachée aux traditions et au clergé, pour qui l’idée d’une éducation laïque et obligatoire semble presque une provocation. Les enfants, réfractaires à cette nouvelle autorité, la défient ouvertement, tandis que les parents, déconcertés voire hostiles, voient d’un mauvais œil l’influence de cette enseignante qui menace de bouleverser leur mode de vie.

Malgré les obstacles, Louise s’attache à sa mission avec ferveur, s’efforçant de convaincre les habitants des bienfaits de l’instruction pour leurs enfants. Elle découvre alors un monde rude, où les croyances anciennes et la méfiance envers l’État moderne persistent avec force, et où chaque leçon devient une lutte, chaque jour une épreuve de patience et de résilience.

À travers ce parcours semé d’embûches, Louise Violet nous raconte l’épopée d’une femme qui incarne la transition vers une société plus éclairée et plus libre, mais qui doit pour cela affronter les résistances d’un monde rural figé dans ses coutumes.

Louise Violet – Critique du film

Après Délicieuse, ce nouveau film historique du réalisateur belge Eric Bernard, intitulé Louise Violet, est à la fois le portrait d’une femme et celui d’une époque.

Le film nous transporte dans la France des années 1880, alors que la IIIe République vient d’instaurer l’école laïque, gratuite et obligatoire. Désireuse de changer de décor pour oublier un passé douloureux, Louise Violet, prenant sa mission très au sérieux, s’imagine qu’elle va ouvrir aux enfants des paysans du village les portes de la connaissance et de la réussite.

Ce film ne cherche pas à faire l’éloge de l’école républicaine laïque, instituée par les lois de Jules Ferry en 1882 et 1883. Il met plutôt en lumière le choc culturel entre une institutrice venue de la ville et des paysans méfiants, soucieux avant tout de transmettre leur terre à leurs enfants.

Personnage fictif, Louise Violet pourrait être comparée à la véritable Louise Michel, institutrice et révolutionnaire, partageant avec elle le fait d’avoir participé à la Commune et d’avoir été envoyée au bagne.

Les paysages, filmés tels des tableaux de Brueghel, sont magnifiques, et les paysans sont représentés avec une authenticité saisissante. Leur caractère rude et leur ignorance scolaire sont compensés par un profond bon sens moral et humain.

Parmi les scènes marquantes, on trouve l’accueil glacial réservé à Louise et l’attachement platonique de Joseph (interprété par Grégory Gadebois), le maire illettré du village, à son égard. Mais la scène pivot de cette chronique d’une autre époque est sans doute la confession réciproque entre Louise et le curé dans l’intimité de l’église du village, avec cette réplique mémorable : « Et Dieu, à qui se confesse-t-il ?« .

Ce film nous réconcilie avec l’humanité et célèbre un vivre-ensemble salutaire

Ce film nous réconcilie avec l’humanité et célèbre un vivre-ensemble salutaire, malgré les défauts et les comportements parfois répréhensibles de ses personnages.

La force du film réside avant tout dans l’interprétation magistrale d’Alexandra Lamy, convaincante dans le rôle de cette institutrice « hussarde noire de la République« . Femme solitaire, belle et presque intemporelle, elle cherche à se racheter après un passé douloureux. D’une résilience remarquable face à l’hostilité des paysans, elle s’obstine à sortir les enfants de l’ignorance et à s’intégrer dans cette communauté fermée aux étrangers. Son personnage, équilibré entre assurance et humilité, est crédible dans le contexte historique du film et résonne avec une modernité étonnante.

Grégory Gadebois, autre personnage principal, brille également dans son rôle de maire taiseux mais puissant, dont le cœur romantique aborde l’amour avec une simplicité presque contractuelle envers l’intellectuelle qu’est Louise.

Marquée par son passé, et photographe avant-gardiste, Louise immortalise en noir et blanc les événements marquants de ce village perdu, comme pour ne jamais les oublier.

Ce film d’une beauté saisissante, mis en scène magistralement par Eric Bernard, échappe aux écueils des personnages caricaturaux, même pour les rôles secondaires. Il s’achève sous un immense chêne par la distribution symbolique de dictionnaires aux enfants, contenant toutes les lettres de l’alphabet et leurs définitions.

Gérard Serie

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